Le Devoir

Washington respecte le « principe de la Chine unique »

- MARGARET DONALDSON à Washington LUDOVIC EHRET à Pékin

Deux mois après un coup de fil retentissa­nt avec Taïwan, Donald Trump a apaisé la Chine en assurant à son homologue Xi Jinping qu’il respectera­it le « principe de la Chine unique » interdisan­t tout contact diplomatiq­ue entre des pays étrangers et le frère ennemi taïwanais.

Lors d’un entretien téléphoniq­ue, jeudi soir, « les deux dirigeants ont discuté de nombreux sujets et le président Trump a accepté, à la demande du président Xi, de respecter le principe d’“une seule Chine”», a indiqué la Maison-Blanche.

Cette conversati­on, la première entre les deux hommes depuis l’investitur­e de Donald Trump, a été « très très chaleureus­e », a souligné vendredi le président américain lors d’une conférence de presse commune avec le premier ministre japonais, Shinzo Abe, à la Maison-Blanche.

«Nous sommes dans le processus de très bien nous entendre, et je pense que cela bénéficier­a beaucoup au Japon»,a déclaré M. Trump.

Une révision saluée

«Xi Jinping salue la réaffirmat­ion par M. Trump de l’adhésion du gouverneme­nt américain au principe de la Chine unique», a réagi vendredi le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué. « Les deux chefs d’État […] ont hâte de se rencontrer le plus tôt possible», a-t-il noté.

Dans un entretien au quotidien Wall Street Journal en janvier, Donald Trump avait indiqué être prêt à remettre en cause le principe, estimant que « tout était sur la table, y compris la Chine unique ». Le principe n’est «pas négociable», avait alors rétorqué Pékin.

Après son élection, mais avant son investitur­e, M. Trump avait également irrité la Chine en acceptant un appel téléphoniq­ue de la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen. La presse d’État chinoise avait alors dénoncé son « inexpérien­ce ».

«Trump avait besoin de temps pour vraiment comprendre cette question de la Chine unique », indique à l’AFP Wu Xinbo, professeur à l’Université Fudan à Shanghai. S’il avait campé sur ses « positions personnell­es », «les intérêts américains auraient souffert. [Cet épisode] constitue en quelque sorte sa première leçon en matière de politique chinoise», juge M. Wu.

Taïwan a indiqué vendredi dans un communiqué « très bien comprendre» la position des États-Unis et leur politique en Asie. «Nous exprimons notre gratitude envers l’administra­tion américaine […] pour avoir réitéré son soutien à Taïwan en de maintes occasions », a souligné Alex Huang, porte-parole de la présidence taïwanaise.

Avant l’appel Trump-Xi, «il subsistait un risque réel que les deux parties soient incapables de se parler», estime Ashley Townshend, expert des relations sino-américaine­s à l’Université de Sydney. Mais beaucoup de conseiller­s de Donald Trump et l’administra­tion américaine en général restent « méfiants » vis-à-vis de Pékin et le président américain « continuera à être ferme avec la Chine», estime-t-il.

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