Le Devoir

Attente aux urgences

La situation s’améliore au Québec, mais pas de façon uniforme

- AMÉLIE DAOUST-BOISVERT

La situation dans les urgences du Québec s’est améliorée depuis 5 ans, mais dans la dernière année, certaines régions ont connu des difficulté­s.

Globalemen­t, entre 20122013 et 2016-2017, la durée de séjour sur civière dans les urgences est passée d’une moyenne de près de 17 heures à 15h21, une améliorati­on de 9,4 %. Pendant ce temps, les urgences recevaient plus de 142 000 patients de plus, dont plus de 50 000 qui ont séjourné sur civière.

Sur 5 ans, la tendance est à l’améliorati­on dans 14 régions sur 16. Par contre, dans la dernière année, la durée de séjour sur civière s’est accrue dans cinq régions.

La Coalition avenir Québec (CAQ) et le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, ont fait valoir une interpréta­tion divergente des dernières statistiqu­es disponible­s pendant la fin de semaine.

La CAQ a obtenu ces chiffres par une demande d’accès à l’informatio­n. Pour le député François Paradis, cela traduit l’échec du ministre Barrette à obtenir de meilleurs résultats malgré ses réformes, a-t-il fait valoir en entrevue avec TVA.

Le ministre a rapidement répliqué, par voix de communiqué. Bien qu’il soit conscient des efforts qu’il reste à faire, «il n’est pas exact d’affirmer que la situation se détériore».

Avant son abolition, c’est le commissair­e à la Santé et au Bien-être qui examinait chaque année les données sur les urgences. Lors du dépôt de son dernier rapport, en juin 2016, il avait affirmé que le temps d’attente dans les urgences du Québec était l’un des « pires en Occident ».

Inégalités entre régions

Certaines régions se démarquent positiveme­nt. C’est le cas du Bas-Saint-Laurent, où la durée moyenne de séjour sur civière a diminué de près de 22 % en 5 ans, passant à 7h13 minutes dans la dernière année.

Pour y arriver, la région a mobilisé ses troupes partout dans le réseau de la santé, indique le directeur des services profession­nels de la région, le Dr Jean-Christophe Carvalho.

« Quand l’hôpital déborde de cas qui ne devraient pas s’y trouver, ça engorge l’urgence », rappelle-t-il. C’est pourquoi, dès l’arrivée d’un patient à l’urgence, on commence à planifier sa sortie. Aura-t-il besoin de soins à domicile, d’hébergemen­t, de réadaptati­on ? «Il faut commencer à planifier dès le départ, sinon, on perd un temps précieux», explique-t-il.

Aussi, les patients arrivent ainsi à quitter plus rapidement l’hôpital une fois leur épisode de soin aigu terminé.

On prend garde également à réserver les places en CHSLD aux patients qui en ont réellement besoin. «Il ne faut pas baisser les bras et se demander si c’est possible de renvoyer le patient à domicile avec des services. Sinon, on se tourne toujours vers la prochaine ressource appropriée en évitant le CHSLD si possible», précise le Dr Carvalho.

Il se félicite aussi des efforts consentis par les médecins de famille de la région, alors que 86% des patients sont suivis et que le taux d’assiduité frôle la cible de 80 %.

Dans d’autres régions, le portrait est moins reluisant. La durée moyenne de séjour sur civière s’est légèrement détériorée sur 5 ans en Montérégie et en Estrie.

Certains hôpitaux affichent une durée moyenne de séjour très élevée. Elle dépasse 20 heures notamment à l’hôpital Saint-François d’Assise, au Centre hospitalie­r de Granby, aux hôpitaux de LaSalle, de Saint-Jérôme, Pierre-Boucher, Anna-Laberge, du Suroît, du Lakeshore, du SacréCoeur, Maisonneuv­e-Rosemont, et au CHUM.

En santé mentale, la situation est particuliè­rement difficile. Par exemple, la durée moyenne de séjour sur civière est passée de 7h50 en 2012-2013 à l’Institut universita­ire en santé mentale Douglas à plus de 22 heures cette année. Il est toujours de plus de 35 heures au pavillon Albert-Prévost et de plus de 33 heures à l’Institut universita­ire en santé mentale de Montréal.

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ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR «Quand l’hôpital déborde de cas qui ne devraient pas s’y trouver, ça engorge l’urgence», rappelle le Dr Jean-Christophe Carvalho.

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