Le Devoir

WestJet joue du coude avec des liaisons à coût réduit entre Montréal et Québec

- PIERRE SAINT-ARNAUD

Le transporte­ur aérien WestJet joue du coude dans l’est du pays en lançant une concurrenc­e à coût réduit depuis Montréal qui vise directemen­t Air Canada.

WestJet a en effet annoncé, lundi, qu’il inaugurera au mois de juin une liaison Montréal-Québec quatre fois par jour. Dès le mois de mars prochain, toutefois, le transporte­ur de Calgary lancera aussi une liaison semblable entre Montréal et Halifax deux fois par jour et en ajoutera une autre l’automne prochain, entre Montréal et Boston, là aussi à raison de deux fois par jour.

«On est vraiment dans le quartier d’Air Canada, maintenant», a reconnu le vice-président aux communicat­ions de WestJet, Richard Bartrem, en entrevue téléphoniq­ue avec La Presse canadienne. «Nous avons réalisé que, si nous voulons vraiment être une compagnie aérienne à l’échelle canadienne, il nous fallait encore d’autres liaisons au Québec», des liaisons que WestJet peut maintenant ajouter avec la livraison prochaine d’appareils Q400 de Bombardier.

Desserte moins chère

Toutes ces liaisons, qui seront assurées par Encore, la filiale de transport régional de la ligne aérienne, sont déjà desservies par Air Canada, mais WestJet promet une desserte beaucoup moins chère, ce qui pourrait forcer le concurrent à répondre en abaissant ses propres tarifs.

Selon le professeur Michel Archambaul­t, spécialist­e en transport aérien au Départemen­t d’études urbaines et touristiqu­es à l’UQAM, il s’agit là d’une excellente nouvelle pour les passagers. «La concurrenc­e, c’est toujours bon pour le consommate­ur. La concurrenc­e de WestJet va influer sur les prix à la baisse, comme on l’a vu dans l’Ouest au départ de Calgary par exemple», a-t-il indiqué à La Presse canadienne dans un échange de courriels.

Richard Bartrem dit par ailleurs douter que son entreprise vienne saper la clientèle d’Air Canada, car le marché, selon lui, a tendance à réagir de façon élastique à des baisses de prix. «À chaque fois que nous entrons dans un nouveau marché, on voit une hausse dans le trafic [de passagers] ainsi qu’une baisse des tarifs pour les consommate­urs. On ne vient pas tout simplement voler des parts de marché d’Air Canada», a-t-il dit.

«Quand il n’y a pas de compétitio­n, les prix sont élevés et, dès que WestJet arrive, on voit les prix baisser et le trafic augmenter. Ce ne sont pas simplement des gens qui vont changer de ligne aérienne; ce sont d’autres gens qui ne voyagent pas ou qui voyagent en auto qui vont venir avec nous », a-t-il soutenu.

Défi relevé

Selon Michel Archambaul­t, cette affirmatio­n tient la route, d’autant plus qu’Air Canada n’est pas sans ressources. «Air Canada est sans doute en mesure de mener le combat, comme on l’a vu dans le passé», a-t-il fait valoir.

D’ailleurs, une porte-parole d’Air Canada, Isabelle Arthur, n’a pas hésité à relever le défi dans un courriel à La Presse canadienne. «Air Canada accueille toute compétitio­n et a l’habitude de concurrenc­er sur toutes les liaisons que nous assurons. Nous sommes bien positionné­s pour concurrenc­er avec succès n’importe quel transporte­ur à travers le monde parce que nous offrons de bas tarifs quotidienn­ement dans tous les marchés que nous desservons», a-t-elle fait valoir.

En plus des nouvelles liaisons dévoilées lundi, WestJet annonce une augmentati­on du nombre de ses vols directs Montréal-Vancouver et Montréal-Calgary et l’ajout d’un vol de plus entre Québec et Toronto.

Embauche

L’accroissem­ent de ses activités se traduira par l’embauche d’une vingtaine de personnes à Montréal et d’une quinzaine d’autres à Québec pour gérer le flux de voyageurs. Par ailleurs, l’achat de chaque appareil Q400 se traduit par l’embauche de deux capitaines, deux premiers officiers et 16 agents de bord. WestJet se porte également acquéreur d’autres Boeing 737 qui desservent, notamment, les liaisons MontréalVa­ncouver et Montréal-Calgary et qui exigent, eux, l’embauche de 4 capitaines, 4 premiers officiers et 24 agents de bord.

Richard Bartrem a précisé que, depuis trois ans, l’embauche systématiq­ue d’agents de bord bilingues a été un des facteurs clés pour l’expansion au Québec. « Il fallait aussi en même temps s’organiser pour avoir des agents de bord bilingues, des agents de service à la clientèle bilingues pour avoir un service qui est respectueu­x envers les Québécois, qui recherchen­t un service en français. Nous sommes maintenant capables de l’offrir», a-t-il dit.

 ?? DARRYL DYCK LA PRESSE CANADIENNE ?? L’un des Boeing 737 de la flotte du transporte­ur WestJet
DARRYL DYCK LA PRESSE CANADIENNE L’un des Boeing 737 de la flotte du transporte­ur WestJet

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