Le Devoir

The Disappeara­nce : un tragique thriller familial

- MANON DUMAIS

On l’a vu chez Spielberg (E.T. l’extraterre­stre), chez Polanski (Lunes de fiel), chez Almodovar (Kika). Il a aussi flirté avec la télé (Commander in Chief, Brothers and Sisters, Perception). Écrivain, moine bouddhiste et fermier, Peter Coyote, 75 ans, affirme que la série The Disappeara­nce marque la fin de sa carrière.

«Ceci est mon dernier film, vraiment. Il n’y a pas de différence entre le cinéma et la télévision, sauf pour le temps. Au cinéma, on tourne trois pages de scénario par jour ; à la télé, sept ou huit pages. À mon âge, c’est un vrai cauchemar. Je n’espère pas continuer, pas à cause des équipes et des acteurs, mais à cause de la pression. Quatorze heures de tournage par jour, c’est fou, alors je prends ma retraite», confiait-il dans un français délicieux lors d’une visite de plateau à l’ancien hôpital Royal Victoria.

Écrite par Normand Daneau et Geneviève Simard, réalisée par Peter Stebbings, The Disappeara­nce a mis bien du temps à voir le jour. Ayant essuyé un refus à Radio-Canada, ayant raté leur chance à Série Plus lorsque la chaîne a changé de propriétai­re, ils étaient plus qu’heureux lorsque Bell Média, grâce aux bons soins de Joanne Forgues des production­s Casablanca, leur a donné le feu vert.

C’est ainsi qu’après sept ans d’attente, la série de six épisodes de soixante minutes sera enfin diffusée cet automne sur CTV et sur Super Écran: «Les deux versions seront diffusées en même temps. Ce qui est drôle, c’est qu’on l’a écrite en québécois, on l’a traduite en anglais pour la tourner, et elle sera doublée en français internatio­nal pour passer ici… ça en dit sur qui on est», lance Daneau.

Jamais sans mon petit-fils

Dans The Disappeara­nce, Peter Coyote incarne Henry Sullivan, juge à la retraite, qui vit une relation compliquée avec son fils Luke (Aden Young de la série Rectify), un musicien, mais qui adore son petit-fils Anthony (Michel Riendeau): «Henry est un homme d’une autre époque. Il est rigide dans sa mentalité, d’une intelligen­ce supérieure; il voudrait que les choses aillent à la vitesse où elles se passent dans sa tête», explique Geneviève Simard.

«Mon personnage a fait une grande faute, dont il a honte, il y a plus de 35 ans, poursuit Peter Coyote. Il est rattrapé par le destin, puisque c’est ce qui cause l’enlèvement de son petit-fils. Son attachemen­t à son petit-fils est relié à cet événement du passé; c’est plus que de l’amour, c’est de la folie. Il n’a pas fait le deuil de sa femme; il est triste et fâché. C’est comme s’il était mort en dedans. Son petit-fils, c’est sa seule joie. Quand il disparaît, sa vie est bouleversé­e.»

Enquêteron­t sur la disparitio­n du petit-fils la lieutenant­e-détective Susan Bowden et le sergentdét­ective Charles Cooper, incarnés par Micheline Lanctôt et Kevin Parent: «Quand on a commencé à écrire la série en français, notre personnage s’appelait Micheline, parce qu’on avait en tête Micheline

Lanctôt, dévoile Geneviève Simard. Contrairem­ent à d’autres séries policières, où l’on suit un duo de policiers et qui sont axées sur l’enquête principale, The Disappeara­nce est vraiment axée sur la famille et en parallèle, il y a l’enquête policière. Au lieu d’être fédérateur, l’enlèvement exacerbera la relation conflictue­lle entre Henry et son fils.»

«J’adore Micheline, elle est formidable! s’exclame Coyote. Son personnage est relié à ce qui s’est passé 35 ans plus tôt. Henry et Susan se connaissen­t, mais je ne peux pas en dire plus… Je dois garder le silence!»

Tragique thriller

Selon l’expression de Normand Daneau, The Disappeara­nce est une tragédie grecque déguisée en thriller contempora­in : « Dans la forme, je dirais que, sans prétention, on s’est inspiré beaucoup des tragédies. On retrouve des archétypes et les formes de la tragédie. Plus la série avance, plus on sent la mécanique de la tragédie qui embarque, plus les souvenirs refont surface, tout devient de plus en plus noir. Cela semble convenu au premier abord, mais le développem­ent ne l’est pas», assure le scénariste.

«J’étais plus attiré par l’aspect psychologi­que, par le comporteme­nt des personnage­s, que par l’aspect thriller. Peu importe le rôle, je suis toujours un connard en costard. Quand je me regarde dans le miroir, je me trouve charmant et honnête, alors pourquoi c’est toujours à moi que les directeurs de casting pensent quand ils ont besoin d’un connard en costard?» conclut à la blague l’acteur américain.

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BERTRAND CALMEAU La série écrite par Normand Daneau et Geneviève Simard marque la fin de la carrière de Peter Coyote.

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