Le Devoir

Disparitio­n de la circonscri­ption électorale de Sainte-Marie–Saint-Jacques. Les libéraux se montrent inflexible­s.

- ISABELLE PORTER

Malgré le dépôt d’une pétition de 14 000 noms et une démarche judiciaire, le gouverneme­nt refuse que la disparitio­n de la circonscri­ption de Sainte-Marie–Saint-Jacques fasse l’objet d’une consultati­on comme le réclame Québec solidaire.

«Terminons le processus comme on l’a fait depuis l’adoption de la loi en 1979», a martelé mardi la ministre responsabl­e des Institutio­ns démocratiq­ues, Rita de Santis.

Pour Québec solidaire, c’est injuste parce que les électeurs de Sainte-Marie–Saint-Jacques n’ont pas pu s’exprimer sur la disparitio­n possible de la circonscri­ption. La population avait certes été consultée sur la première version de la refonte l’an dernier. Or à l’époque, il n’était pas question de toucher à ce secteur.

En matinée, la députée solidaire de la circonscri­ption, Manon Massé, a déposé une pétition de 14 000 noms pour que le processus de consultati­on soit relancé, dénonçant un « accroc à la démocratie».

À moins d’un changement, il reste dix jours pour interpelle­r le Directeur général des élections (DGEQ) avant qu’il ne prenne une décision finale. Les parlementa­ires ont en outre pu tenir un débat de cinq heures sur la question mardi.

Au DGEQ, on a dit au Devoir que le directeur, Pierre Reid, «était ouvert», mais que la loi devrait être modifiée si on voulait changer quoi que ce soit. Mme Massé doit d’ailleurs présenter un projet de loi dans ce but mercredi.

Pendant ce temps, deux militants de QS ont déposé une demande d’injonction devant les tribunaux pour interrompr­e le processus. Selon leurs avocats, le DGEQ a enfreint un article de loi en ne produisant pas de rapport préliminai­re sur les modificati­ons dans Sainte-Marie–Saint-Jacques.

Un processus sans fin

Invitée à réagir, Mme de Santis a rétorqué que QS pouvait se faire entendre au débat parlementa­ire de mardi sur la question. «Ce n’est pas un déni de démocratie parce qu’ils ont encore le temps de se faire entendre», a-t-elle dit avant d’ajouter qu’elle pouvait «comprendre que, peut-être, on trouve que les délais ne sont pas assez importants».

Pour ajouter une consultati­on, il faudrait changer la loi, a-t-elle ajouté. «Ça voudrait dire qu’il faudrait tout arrêter, et je ne sais pas où ça nous amènerait. » Le processus doit prendre fin à un certain moment. «Si vous voulez maintenant prolonger les délais pour avoir des heures et des heures de consultati­ons publiques, est-ce que le troisième rapport va être un autre rapport qui va être sujet à exactement la même chose qu’on a aujourd’hui? […] À un moment donné, il faut dire: c’est un processus, on le respecte, et c’est fini. »

La ministre a rappelé que lors de la dernière refonte de la carte, en 2011, il y avait aussi eu des surprises. «Le premier rapport […] prévoyait que le comté de Beauce-Nord disparaiss­e […] et surprise, surprise, dans le deuxième rapport […] ce n’était pas le comté de Beauce-Nord qui est disparu, mais c’est bien le comté de Lotbinière. Et donc ça aussi, ça a été une surprise à l’époque, et on a procédé de la même façon.»

À l’époque, Lotbinière était représenté­e par la caquiste Sylvie Roy. Aux élections suivantes, elle s’était présentée dans Arthabaska.

La ministre a par ailleurs reconnu que le gouverneme­nt avait déjà prolongé une période de consultati­on dans le passé. Toutefois, cela avait eu lieu après le premier rapport du DGE, pas le second. À l’époque, a-t-elle précisé, « on avait voulu prendre le temps de se pencher sur la disparitio­n de trois circonscri­ptions dans le Nord-du-Québec qui jouissent d’un statut particulie­r (dit “d’exception”)».

À défaut de changer de position, les parlementa­ires libéraux ont toutefois accepté de donner du temps de parole à Québec solidaire pour qu’ils puissent s’exprimer 10 minutes de plus mardi durant le débat de cinq heures. Avec celles consenties par les autres partis, Mme Massé et Amir Khadir ont finalement pu parler pendant plus de 40 minutes au lieu de la dizaine prévue initialeme­nt.

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PEDRO RUIZ LE DEVOIR Deux militants de Québec solidaire ont déposé une demande d’injonction devant les tribunaux pour empêcher la disparitio­n de Sainte-Marie–Saint-Jacques, circonscri­ption de Manon Massé.

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