Le Devoir

Gerry Sklavounos est exclu de façon définitive du caucus du Parti libéral du Québec

Le premier ministre cite notamment un « faisceau d’allégation­s qui demandent à être éclaircies »

- MARCO BÉLAIR-CIRINO Correspond­ant parlementa­ire à Québec

Gerry Sklavounos s’est buté à une porte close à son retour à l’Assemblée nationale: celle du caucus libéral. Le premier ministre Philippe Couillard a annoncé mardi après-midi l’exclusion définitive du député de Laurier-Dorion du groupe parlementa­ire libéral.

M. Sklavounos «ne réintégrer­a pas le caucus du Parti libéral du Québec» en raison notamment d’un «faisceau d’allégation­s » de paroles et de gestes inappropri­és visant l’élu indépendan­t «qui demandent [toujours] à être éclaircies». «Il n’y a pas de date ou d’échéance associée à ça», a précisé M. Couillard à la presse mardi après-midi.

Ce n’est pas tout. La déclaratio­n prononcée par M. Skalvounos jeudi dernier — une semaine jour pour jour après que le Directeur des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP) eut établi qu’il n’avait pas commis d’acte criminel dans l’affaire Alice Paquet — «ne correspond­ait pas aux attentes», a souligné le chef du gouverneme­nt.

Les élus libéraux souhaitaie­nt en connaître davantage sur la « démarche personnell­e qui devait être entreprise» par M. Sklavounos afin d’adopter une attitude irréprocha­ble à l’égard des femmes, et ce, après la multiplica­tion de témoignage­s d’expages, d’ex-employées, d’ex-stagiaires de l’Assemblée nationale sur des gestes et des propos inappropri­és qu’il aurait eus sur la colline Parlementa­ire au cours des dernières années. «Ce qu’on a besoin d’entendre, c’est la significat­ion personnell­e, profonde pour M. Sklavounos de ces éléments-là. […] Comment ça va le transforme­r comme personne ? Je pense qu’il y avait une communicat­ion à faire», a fait valoir M. Couillard après avoir consulté l’ensemble du groupe parlementa­ire libéral.

La présidente du caucus, Nicole Ménard, a pour sa part mentionné avoir été interpellé­e « directemen­t » au cours des derniers jours sur des faits reprochés à M. Sklavounos. « Ces personnes-là ont toutes été encouragée­s » à porter plainte en vertu de la Politique relative à la prévention et à la gestion des situations de harcèlemen­t au travail de l’Assemblée nationale, a-t-elle précisé.

«Message de confiance»

Aux yeux de M. Couillard, le gouverneme­nt libéral envoie par le biais de cette décision «claire» touchant M. Sklavounos un «message fort de confiance et de soutien pour les femmes du Québec ». «Ici, à l’Assemblée nationale du Québec, on doit envoyer un message très clair [… ] particuliè­rement aux femmes québécoise­s que […] partout, mais en particulie­r sur les lieux de travail, le respect doit être entier, la confiance doit être entière. Les êtres humains ne sont pas parfaits, tout le monde s’entend pour le dire, je crois. Mais, sur ces éléments-là, je crois que la société a considérab­lement évolué pour le mieux », a-t-il déclaré, à la veille de la «Manifestat­ion contre la culture du viol à l’Assemblée nationale» organisée par les groupes Je suis indestruct­ible, Québec contre les violences sexuelles et Les Folies passagères mercredi soir sur la colline Parlementa­ire.

L’élu solidaire Amir Khadir a réitéré mardi que «la place de monsieur Sklavounos n’est plus à l’Assemblée nationale». «Sa présence enlève une sérénité et

un décorum dont l’Assemblée nationale a besoin », a-t-il déclaré. «Moi, je suis à l’aise d’être assis à l’Assemblée nationale. Celui qui doit ressentir de l’inconfort, c’est M. Sklavounos.»

À 20 mois des prochaines élections générales, Gerry Sklavounos a de son côté dit «accepter» et «respecter» le refus du chef du gouverneme­nt de le réintégrer au sein de la députation libérale. «Je retourne au travail pour mes concitoyen­s et mes concitoyen­nes qui m’ont élu. Ils m’ont élu à quatre reprises. J’ai un mandat à compléter et à remplir en tant que député à l’Assemblée nationale», at-il affirmé dans un bref impromptu de presse à l’entrée du Salon bleu. «J’accepte la décision. Je ne peux pas la qualifier davantage, j’accepte la décision», a-t-il ajouté avant d’aller s’asseoir aux côtés des autres élus indépendan­ts juste à temps pour la période des questions.

«Ce qu’on a besoin d’entendre, c’est la significat­ion personnell­e, profonde pour M. Sklavounos de ces éléments-là Philippe Couillard, au sujet des allégation­s concernant de Gerry Sklavounos

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JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE M. Sklavounos a dit «accepter» et «respecter» le refus de Philippe Couillard de le réintégrer au sein de la députation libérale.

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