Le Devoir

Québec laisserait 230 millions sur la table

- HÉLÈNE BUZZETTI Correspond­ante parlementa­ire à Ottawa

Le budget fédéral approche à grands pas et la fenêtre des provinces pour négocier avec Ottawa les transferts en santé se referme peu à peu. Si Québec ne réussit pas à s’entendre avec le gouverneme­nt de Justin Trudeau, voire refuse de le faire, c’est à pas moins de 2,5 milliards de dollars qu’il renoncera.

Les provinces demandent à Ottawa d’augmenter le transfert destiné à la santé, dont le taux de croissance, après avoir été de 6 % par année depuis 2004, redescendr­a cette année à 3 % (ou plus si la croissance du PIB est plus vigoureuse). Le gouverneme­nt de Justin Trudeau refuse net. Il préfère maintenir le taux de 3 % et verser en parallèle une somme ponctuelle destinée à des activités précises choisies par lui. La dernière offre consiste en un fonds de 11,5 milliards de dollars sur 10 ans destiné aux soins à domicile, à la santé mentale, à l’informatis­ation du système et à la diminution du coût des médicament­s.

Jusqu’à présent, cinq provinces et trois territoire­s ont signé des ententes bilatérale­s avec Ottawa. Comme ces huit juridictio­ns sont petites, elles n’obtiennent que 1,1 milliard des 11,5 milliards sur la table. Les cinq provinces récalcitra­ntes (Québec, Ontario, Manitoba, Alberta et Colombie-Britanniqu­e) doivent recevoir la balance.

La part du Québec prévue est «d’environ 2,5 milliards » au cours des 10 prochaines années et spécifique­ment de 1,14 milliard pour les cinq premières, confirme-t-on au Devoir, soit environ 230 millions de dollars cette année. Dans les coulisses à Ottawa, on insiste : « Il n’y aura pas d’argent sans entente signée. »

Le budget fédéral sera déposé probableme­nt en mars. Il en est donc à ses dernières étapes de rédaction. Pour l’instant, à Ottawa, on se refuse à toute conjecture sur la date ultime au-delà de laquelle il ne sera pas possible pour une province de s’entendre et de recevoir les fonds fédéraux pour l’année 20172018. «On reste confiants», aime-t-on répéter.

«Pas d’impact»

À Québec, on semble se préparer à ne pas recevoir les quelque 230 millions pour la prochaine année. «Notre cadre financier s’appuie sur une croissance des transferts en santé de 3% à partir de 2017-2018, tel que prévu par le gouverneme­nt précédent », indique dans un courriel la porte-parole du ministre québécois des Finances, Audrey Cloutier. Faute d’une entente, « cela n’aura pas d’impact sur notre cadre financier actuel, car ce sont les transferts de base qui seront appliqués, selon ce que les conservate­urs avaient prévu à l’époque ».

La ministre fédérale de la Santé, Jane Philpott, se borne à espérer qu’une entente sera conclue « bientôt ». « On est toujours en train d’avoir des discussion­s avec plusieurs provinces et ça inclut le Québec. »

Newspapers in French

Newspapers from Canada