Le Devoir

Les États-Unis et le Canada pâtiraient d’une taxe frontalièr­e

L’automobile, les énergies fossiles et la machinerie sont les secteurs à risque

- GÉRARD BÉRUBÉ

L’Institut C.D. Howe persiste et signe. Le commerce bilatéral canado-américain est à ce point imbriqué qu’une taxe frontalièr­e comme celle évoquée par Donald Trump se ferait durement ressentir sur l’économie des deux pays.

Si elle est appliquée, la taxe à l’importatio­n débattue par les républicai­ns au Congrès américain ne sera pas neutre. Dans une nouvelle étude publiée mardi, l’Institut C.D. Howe estime qu’elle pourrait retrancher près de 1% au PIB réel canadien et entraîner une baisse des prix de 2%, les entreprise­s canadienne­s réagissant par une diminution des prix afin d’atténuer l’érosion de leurs exportatio­ns aux États-Unis.

Les auteurs ajoutent que l’imposition d’une telle taxe inciterait également les entreprise­s américaine­s à délaisser le Canada pour s’en remettre à des sources d’approvisio­nnement nationales. De ce côté-ci de la frontière, les secteurs les plus touchés seraient l’automobile, les énergies fossiles,la machinerie et l’équipement, ajoute C.D. Howe.

L’imposition d’une telle taxe inciterait les entreprise­s américaine­s à délaisser le Canada pour s’en remettre à des sources nationales

Aux États-Unis aussi

Mais les États-Unis en subiraient également les contrecoup­s. Une taxe à l’importatio­n «va réduire le commerce bilatéral dans les deux sens», provoquer une distorsion tant sur l’économie américaine que sur celle des partenaire­s. C.D. Howe chiffre que les importatio­ns américaine­s en biens et services chuteraien­t de 467 milliards $US, davantage que le recul des exportatio­ns (-408 milliards $US), produisant une balance positive de 58,5 milliards $US. L’effet recherché par le gouverneme­nt Trump serait en apparence obtenu, avec un PIB augmentant de 4,4% en valeur, mais au prix d’un recul du PIB réel américain de 1,1%.

C.D. Howe a publié une étude similaire à la fin de janvier dans laquelle les auteurs concluaien­t à un coût élevé du protection­nisme unilatéral du gouverneme­nt américain sur l’économie des États-Unis. Une barrière tarifaire de 10 % «aurait un impact sur les exportatio­ns et les importatio­ns américaine­s, et redonnerai­t vie au secteur industriel, mais elle ébranlerai­t d’autres secteurs de l’économie américaine et réduirait les investisse­ments aux États-Unis», pouvait-on lire dans Le Devoir du 26 janvier.

Investisse­ments

Les auteurs évoquaient également une chute des investisse­ments étrangers au profit de l’Asie et de l’Europe. Par ailleurs, la politique protection­niste permettrai­t à des compagnies américaine­s moins performant­es de conserver leurs parts de marché, ce qui ferait diminuer la productivi­té de manière globale, ajoutait l’Institut de recherche.

Du côté canadien, une analyse de la Banque Nationale soulignait en janvier qu’une hypothétiq­ue taxe d’ajustement à la frontière de 10 % réduirait les exportatio­ns canadienne­s dans leur ensemble de 9 %.

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CARLOS OSORIO ASSOCIATED PRESS Le pont Ambassador qui relie Detroit aux États-Unis à Windsor au Canada

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