Le Devoir

Cinéma d’animation: sur le plateau de Ballerina

- CAROLINE MONTPETIT

Dans les studios de L’Atelier Animation, rue De Gaspé à Montréal, des dizaines de têtes sont penchées sur des écrans d’ordinateur, insufflant à des personnage­s numériques les mouvements du corps humain. Durant des années, les studios de L’Atelier ont animé ainsi les personnage­s du film Ballerina, qui sort au Québec le 24 février.

C’est là qu’ils ont créé les mouvements de danse de Camille et Félicie, les deux héroïnes du film.

Pour ce faire, il faut avoir une bonne connaissan­ce de l’anatomie humaine, et utiliser des scènes de référence, jouées par de vrais humains. Et c’est nulle autre qu’Aurélie Dupont, ancienne danseuse étoile et depuis peu directrice de la danse à l’Opéra de Paris, qui a servi de modèle pour les chorégraph­ies.

«Elle nous a dit de ne pas faire danser les personnage­s comme elle dansait, mais plutôt comme elle rêvait de danser », expliquait Ted Ty, directeur d’animation de L’Atelier, qui recevait Le Devoir mardi dans ses locaux.

En fait, le film met en opposition Camille, une danseuse qui a une technique parfaite mais qui ne sait pas faire vivre des émotions à travers son art, et Félicie, qui est animée par la passion de la danse. En entrevue, Ted Ty raconte que c’est aussi le défi des créateurs de films d’animation. Au-delà des mouvements qui animent les personnage­s, il faut leur faire vivre des émotions. Et cela demande une observatio­n attentive de la nature humaine.

Établis à Montréal

L’idée du film Ballerina a d’abord germé dans la tête des producteur­s français de Quad Production­s et Main Journey Laurent Zeitoun et Yann Zenou. Après avoir envisagé des lieux de conception de leur idée partout dans le monde, ils ont décidé de s’installer à Montréal, où ils ont pu entre autres bénéficier de crédits d’impôt. Alors que les grosses compagnies comme Disney ne font jamais un film avec un budget de moins de 100 millions, Ballerina aura coûté environ 35 millions de dollars canadiens.

Ils s’associent ensuite avec la compagnie québécoise Caramel Films. Quelque quatre ans plus tard, Ballerina est né, avec un franc succès à ce jour, un peu partout sur la planète.

«On aurait pu faire neuf films durant la même période », reconnaiss­aient lundi les producteur­s. La conception d’un film d’animation, par définition, est un processus beaucoup plus long que le tournage d’un film live. Quad et Main Journey, qui ont déjà fait Les intouchabl­es, et dont c’est le premier film d’animation, ont cependant pris goût à l’aventure. Laurent Zeitoun et Yann Zenou ont d’ailleurs annoncé lundi qu’ils s’étaient établis à Montréal avec leur famille.

Créés en premier lieu pour concevoir le film Ballerina, les studios de L’Atelier ont désormais bien d’autres projets en marche. On y travaille présenteme­nt à une série jeunesse pour Netflix. Quad et Main Journey ont aussi un autre projet de film avec Caramel Films, The Bravest. Il s’agit de l’histoire d’une jeune fille qui décide de devenir pompière dans le New York du siècle dernier.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Ted Ty est le directeur d’animation à L’Atelier Animation.

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