Vers une conception plus large du folk
Folk interdit, trad et world du Québec et du ROC ont rendez-vous à Kansas City
Jusqu’au 19 février se déroule à Kansas City la 29e conférence du Folk Alliance International (FAI), le plus grand rassembleur de la planète folk-trad-world aux États-Unis avec son immense réseau de festivals, de centres culturels, de salles de spectacle et de coffee houses. Deux organismes montréalais, Folquébec et Mundial Montréal, y seront présents et les deux s’associent également pour l’organisation de la conférence du FAI en 2019 qui se déroulera à Montréal. Cette année, artistes, diffuseurs et autres gestionnaires se regroupent sur le thème Forbidden Folk, une célébration de l’activisme dans l’art.
Le président de la Grande Rencontre et de Folquébec, Gilles Garand, s’emballe:
«À l’annonce du thème, j’ai appelé Aengus Finnan, le directeur du FAI, pour lui dire : “Ce folk défendu et progressiste dont tu parles, il s’agit de ma musique et de mes chansons de lutte.” On part de la même source que Folk Alliance: les musiques de rue et les musiques de la lutte ouvrière. En fait, la culture folk américaine est une culture de différents mondes: les Appalaches, la Louisiane et autres. Ce sont des cultures autonomes, identitaires, qui sont regroupées dans un seul grand pays. »
Élargir la notion du folk
En 2005, le FAI, en collaboration avec Strictly Mundial et Folquébec, avait organisé une conférence internationale à Montréal. Tous s’entendaient sur les raisons qui ont motivé l’intérêt pour la diffusion de leurs musiques: «Faire découvrir la pluralité du monde, se bagarrer contre les réflexes xénophobes, respecter les identités locales et les cultures menacées ou marginalisées », disait alors Patrick Lavaud de Strictly Mundial.
Aujourd’hui, tous ces objectifs semblent être regroupés autour d’une phrase d’Aengus Finnan : «World music is folk music ». Cela réjouit Sébastien Nasra, fondateur et producteur exécutif de Mundial Montréal : «Le directeur du FAI reconnaît la valeur des singers-songwriters et de la musique roots, mais il veut élargir la notion du folk. Aujourd’hui, la world est métissée à la culture populaire existante et aux grands courants musicaux comme la musique électronique, d’où l’expression World 2.0. L’ensemble du phénomène est plus que jamais, avec tout ce qu’on vit présentement sur la scène sociopolitique, une façon claire de parler d’inclusion, de voir qu’elle est là, en santé. Les artistes de l’époque étaient peut-être un peu plus revendicateurs, mais en même temps, sans nécessairement être des protest singers, ceux d’aujourd’hui portent leur culture dans le cadre de la société qu’on a ici. »
De chez nous
Gilles Garand abonde dans le même sens, en y apportant la spécificité québécoise: «Je représente la musique du Québec dans toute sa diversité. Je regarde cette année, on est fier de ce que le Québec est dans son pluriel. Cette musique, ces paroles et ces convergences sont présentes dans l’identitaire québécois. »
En effet, en tant que partenaire officiel du FAI, Folquébec revient avec Spotlight Quebec, la vitrine officielle qui met cette année en évidence six artistes du Québec, tous très bons: Saltarello, Sussex, Élage Diouf, NEeMA, Cécile Doo-Kingué et Mélisande [électrotrad]. À cela s’ajoutent trois nuits de «off showcases» qui fourniront d’autres occasions aux artistes de se produire devant les intervenants de l’industrie.
De son côté, Mundial Montréal, qui ne présente pas officiellement de vitrine, a toutefois fait accepter une sélection d’autres artistes qui ont également le potentiel international: Iskwé, Digging Roots, Alysha Brilla, Lemon Bucket Orkestra, Las Cafeteras, Kobo Town, Anne Janelle et Alejandra Ribera.
Depuis deux ans, Folquébec et Mundial Montréal ont créé la marque World Music de chez nous, qui leur permet d’organiser des promotions en commun. Des activités sont d’ailleurs prévues dans ce sens à Kansas City.