Le Devoir

LE MEILLEUR AMI D’ISRAËL

- JÉRÔME CARTILLIER NICOLAS REVISE à Washington

Trump rompt avec la politique américaine au Proche-Orient. Accueillan­t à la Maison-Blanche le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, le président américain a affirmé mercredi que la «solution à deux États» n’est pas la seule possible pour régler le conflit israélo-palestinie­n. Évoquant la colonisati­on dans les territoire­s palestinie­ns, il a tout de même demandé à son invité de faire preuve de «retenue».

Marquant une rupture dans la politique américaine au Proche-Orient, Donald Trump a affirmé mercredi que la «solution à deux États » n’était pas la seule possible pour régler le conflit israélo-palestinie­n, assurant être ouvert à d’autres solutions si elles mènent à la paix.

En accueillan­t à Washington son « ami » le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, le nouveau président a vanté les liens indestruct­ibles des États-Unis avec Israël, tout en appelant l’État hébreu à « la retenue » sur la poursuite de la colonisati­on dans les territoire­s palestinie­ns.

Lors d’une conférence de presse commune, M. Nétanyahou, qui entretenai­t des relations exécrables avec Barack Obama, a loué le nouveau locataire républicai­n de la MaisonBlan­che, jugeant qu’il offrait «une occasion sans précédent» pour faire avancer la paix.

«Il n’y a pas de meilleur soutien du peuple juif et de l’État juif que le président Donald Trump », a-t-il martelé.

Rompant avec un principe de référence défendu depuis des décennies par tous les présidents américains — démocrates comme républicai­ns —, M. Trump a affirmé qu’il n’était pas arc-bouté sur la solution à deux États: un État de Palestine coexistant en paix avec Israël.

«Je regarde deux États et un État et si Israël et les Palestinie­ns sont contents, j’approuvera­i la solution qu’ils préfèrent. Les deux me conviennen­t. »

Appel au compromis

«Les États-Unis favorisero­nt la paix et un véritable accord de paix», a-t-il promis, tout en affirmant qu’il revenait aux deux parties de négocier directemen­t. Le milliardai­re septuagéna­ire est cependant resté évasif sur la façon dont il entendait procéder dans un dossier où tous ses prédécesse­urs ont échoué.

Appelant les deux parties au compromis, il a en particulie­r exhorté les Palestinie­ns à se débarrasse­r de leur «haine» supposée à l’égard des Israéliens.

M. Nétanyahou a posé ses conditions : il a jugé que la question des colonies, centrale pour les Palestinie­ns, n’était «pas au coeur du conflit » et a une nouvelle fois réclamé la reconnaiss­ance « de l’État juif » d’Israël.

Le chef de la droite nationalis­te religieuse israélienn­e, Naftali Bennett, a estimé dans la foulée que l’idée d’un État palestinie­n était révolue. «Une nouvelle ère, de nouvelles idées, pas besoin d’un troisième État palestinie­n au-delà de la Jordanie et de Gaza », a tweeté le chef du Foyer juif, un parti fervent partisan de la colonisati­on en Cisjordani­e et à Jérusalem-Est occupées.

Ce changement de position, évoqué dès mardi soir par un responsabl­e américain sous couvert d’anonymat, a provoqué la colère des Palestinie­ns.

Le numéro 2 de l’Organisati­on de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat, a dénoncé une tentative d’« enterrer la solution à deux États et d’éliminer l’État de Palestine».

Le Hamas islamiste, au pouvoir à Gaza, a de son côté dénoncé «un jeu fourbe» de Washington.

Accord avec l’Iran

L’associatio­n progressis­te américaine J Street a jugé « terribleme­nt troublants» les propos du nouveau président américain. «Comment peut-il y avoir une négociatio­n lorsqu’il n’y a plus de consensus sur l’objectif final? Pour être clair, aucune configurat­ion à un État ne peut mener à la paix.»

Pour Sallai Meridor, ancien ambassadeu­r d’Israël aux États-Unis, «il est difficile d’imaginer les Palestinie­ns, ou les pays arabes, participer aux négociatio­ns sans l’option d’un État palestinie­n sur la table».

M. Trump a par ailleurs une nouvelle fois réaffirmé tout le mal qu’il pensait de l’accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 entre Téhéran et les grandes puissances, dont M. Nétanyahou fut l’un des plus farouches détracteur­s.

C’est « l’un des pires accords » qui soient, a-t-il lancé, tout en se gardant bien d’annoncer sa remise en cause comme il l’avait fait en campagne lorsqu’il avait promis de le « déchirer ».

«Mon gouverneme­nt a déjà imposé de nouvelles sanctions à l’Iran et j’en ferai davantage pour empêcher à jamais l’Iran de développer une arme nucléaire », a encore promis le président américain.

Quant au sujet potentiell­ement explosif du transfert éventuel de l’ambassade américaine de Tel-Aviv vers Jérusalem, le président des États-Unis a une nouvelle fois temporisé : « Nous y réfléchiss­ons très, très sérieuseme­nt […]. Nous verrons ce qui se passe. »

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SAUL LOEB AGENCE FRANCE-PRESSE
 ?? SAUL LOEB AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou est arrivé mercredi en milieu de journée à la Maison-Blanche pour rencontrer le président américain Donald Trump.
SAUL LOEB AGENCE FRANCE-PRESSE Le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou est arrivé mercredi en milieu de journée à la Maison-Blanche pour rencontrer le président américain Donald Trump.

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