Le Devoir

Fournier refuse de faire suspendre le processus

- MARCO BÉLAIR-CIRINO Correspond­ant parlementa­ire à Québec

Le leader parlementa­ire du gouverneme­nt, Jean-Marc Fournier, dit éprouver de la compassion pour l’élue solidaire Manon Massé, qui fait des pieds et des mains pour dissuader la Commission de la représenta­tion électorale (CRE) d’effacer la circonscri­ption de Sainte-Marie–Saint-Jacques. Pourtant, il s’est refusé mercredi à appeler le projet de loi 790 déposé par la co-porte-parole de Québec solidaire à l’Assemblée nationale.

En lui donnant son feu vert, l’Assemblée nationale suspendrai­t le processus de délimitati­on des circonscri­ptions électorale­s prévu à la Loi électorale jusqu’au 16 juin prochain. « Son objectif est clair : c’est de gagner du temps», a lancé Mme Massé, huit jours après avoir appris que la CRE propose de créer la circonscri­ption de Ville-Marie à partir de retailles de Westmount–Saint-Louis et Sainte-Marie–Saint-Jacques.

«Projet de loi à trous»

«Qu’est-ce qu’on fait d’ici le mois de juin? Il faut savoir ce qu’on veut faire », a fait valoir M. Fournier, qualifiant la propositio­n législativ­e de Mme Massé de «projet de loi à trous».

Le ministre libéral a néanmoins concédé aux solidaires que la procédure actuelle prévoyant la délimitati­on définitive des circonscri­ptions électorale­s dans les 15 jours suivant le dépôt du second projet de refonte de la carte électorale — où est apparue la disparitio­n de la circonscri­ption de Sainte-Marie–Saint-Jacques — est à première vue contraire aux principes de justice naturelle.

« [Je parlais du] principe de justice naturelle, qu’invoque Madame Massé. Je pense qu’il y a un argument», a-t-il affirmé dans un impromptu de presse. M. Fournier a indiqué qu’un émissaire libéral participer­a à la «discussion» souhaitée par QS. «Si d’aventure on reporte pour qu’il y ait des auditions venant de son comté [et] si le DGE [Directeur général des élections] décide de faire un troisième rapport où il abolit un autre comté, est-ce que vous me dites que les principes de justice ne s’appliquent plus pour les autres ? Il ne faut pas négocier à la pièce », a-t-il affirmé, demandant à haute voix si le temps est venu de « chambarder le système au complet». «On doit se poser la question sur la mécanique», a-t-il conclu avant de participer à la séance du Conseil des ministres.

En soirée, un solidaire se désolait de l’absence d’engagement du gouverneme­nt libéral à appeler le projet de loi 790 en dépit de l’«ouverture» manifestée par M. Fournier au cours de la journée. «Le dossier n’est pas clos», a-t-il insisté auprès du Devoir.

Le ministre a concédé que la procédure actuelle est à première vue contraire aux principes de justice naturelle

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