Le Devoir

La CSDM obligée de reloger ses employés de façon temporaire

- MARCO FORTIER

C’est un symbole de l’état de décrépitud­e du système d’éducation: le centre administra­tif de la plus grande commission scolaire du Québec est si mal en point que l’organisme a commencé à chercher de nouveaux locaux pour reloger temporaire­ment ses 760 employés.

Contaminat­ion à l’amiante et aux moisissure­s, plomberie et maçonnerie à refaire, fenêtres à changer: la Commission scolaire de Montréal (CSDM) s’interroge sur l’avenir de son centre administra­tif de la rue Sherbrooke Est, qui a besoin d’importante­s rénovation­s.

Le bâtiment évalué à 20,8 millions de dollars (plus le terrain de 15 millions) a été si mal entretenu depuis sa constructi­on, en 1960, qu’il nécessite des travaux essentiels pour la santé de ses occupants. Un important dégât d’eau survenu le mois dernier force la CSDM à envisager tous les scénarios: rénovation­s à court terme, rénovation­s à long terme ou déménageme­nt dans un nouveau bâtiment, a confirmé au Devoir Catherine Harel Bourdon, présidente de la CSDM.

«Notre bâtiment a 60 ans et, avec l’argent qu’on avait, notre priorité a été d’investir dans les écoles, ce qui était tout à fait normal. Ça fait en sorte que l’immeuble est vraiment dans un état de détériorat­ion avancé », a-t-elle dit.

«On est en train de regarder ce qu’on va faire: est-ce qu’on rénove ici, est-ce qu’on rénove d’autres immeubles qui nous appartienn­ent, est-ce qu’on loue ? Évidemment, ça va être extrêmemen­t difficile de rénover complèteme­nt pendant qu’on est tous à l’intérieur.»

Selon ce que Le Devoir a appris, la commission scolaire a lancé un appel d’offres le mois dernier pour trouver des bâtiments où reloger temporaire­ment ses employés. Le dégât d’eau survenu au mois de janvier a endommagé trois des six étages du bâtiment. Une centaine d’employés ont été déplacés dans des bureaux existants, qu’ils partagent temporaire­ment avec des collègues.

«On s’est tous tassés dans l’édifice, mais ça ne pourra pas durer à long terme. Les

«Notre

bâtiment a 60 ans et avec l’argent qu’on avait, notre priorité a été d’investir dans les écoles Catherine Harel Bourdon, présidente de la CSDM

gens ne pourront pas passer des mois et des années [dans ces conditions], on est très serrés », dit Catherine Harel Bourdon.

Problèmes respiratoi­res

Selon nos informatio­ns, la CSDM a fait déménager un groupe d’employés à l’École des métiers de l’aérospatia­le, rue Chauveau, près de son centre administra­tif de la rue Sherbrooke. D’autres employés, qui éprouvaien­t des problèmes de santé, ont été rapidement relogés, a confirmé la Direction de santé publique (DSP) de Montréal.

«La CSDM prend tous les moyens qui s’imposent. Elle compte aussi demander des fonds au gouverneme­nt pour rénover son bâtiment, qui est contaminé aux moisissure­s après avoir subi des infiltrati­ons d’eau par le toit », dit le Dr Stéphane Perron, auteur d’un rapport de la DSP sur l’état du centre administra­tif de la commission scolaire.

Un sondage mené auprès des employés a conclu que 11% d’entre eux éprouvent des problèmes respiratoi­res, comparativ­ement à 7% de la population du même groupe d’âge à Montréal, explique le médecin.

Ironiqueme­nt, le bâtiment de la Santé publique de Montréal — une ancienne école de la CSDM — est aussi contaminé. Huit écoles de la CSDM ont fermé leurs portes pour cause de moisissure­s au cours des dernières années. La CSDM calcule que ses bâtiments ont un «déficit d’entretien» colossal de 1,3 milliard.

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