Le Devoir

Maurice Richard, une idole inoubliabl­e ou oubliée ?

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Il y a 75 ans, Maurice Richard faisait ses premiers pas dans le vestiaire du Canadien de Montréal. Une légende naissait…

Humble ouvrier qui a atteint les plus hauts sommets. Capitaine entre tous les capitaines, il est le petit gars d’Ahuntsic qui s’est tenu debout et qui a dénoncé les injustices que subissaien­t les joueurs canadiens-français.

Maurice Richard, «c’est tout le Québec debout, qui fait peur et qui vit…», a écrit Félix Leclerc. Il a permis à toute une nation de retrouver sa fierté à une époque qu’on a qualifiée depuis de «Grande Noirceur». Il a fait rêver une génération et l’a rendue fière. L’émeute de 1955, dont il est à l’origine, est aujourd’hui considérée par plusieurs comme la première manifestat­ion d’un Québec nouveau, en marche, ambitieux de maîtriser son destin.

Chaque Québécois porte en son coeur le numéro 9. On pourrait donc croire qu’il est largement honoré à ce titre. Malheureus­ement, non. Dix-sept ans après son décès, seulement cinq lieux portent le nom de Maurice Richard: une place et une rue à Vaudreuil, un parc mineur dans Ahuntsic, un aréna de patinage de vitesse dans l’est de Montréal et un lac à Baie-de-la-Bouteille.

C’est pourquoi, en septembre dernier, appuyée par la famille Richard, j’ai déposé une propositio­n pour renommer en son honneur la circonscri­ption où il a vécu presque toute sa vie, afin que son nom résonne dans la maison du peuple qu’il a aidée à grandir. Dans son dernier rapport, le directeur général des élections du Québec, M. Pierre Reid, n’a pas donné suite à cette propositio­n. Il reste quelques jours avant le dépôt de son rapport définitif, et donc, encore une possibilit­é d’enfin honorer Maurice Richard à la hauteur de l’influence qu’il a eue et ainsi s’assurer que jamais ne soit oublié ce qu’il a représenté pour le Québec.

Alors que le sport, notamment le hockey, est un vecteur de notre identité, qu’il nous rassemble et qu’il fait partie de ce que nous sommes, aucun nom de sportif ne résonne à l’Assemblée nationale, cette assemblée représenta­tive où s’inscrit l’histoire du Québec. Voilà l’occasion d’y remédier.

De ses bras meurtris, Maurice Richard nous a tendu le flambeau, une flamme qui a inspiré et élevé toute une nation. À nous aujourd’hui de porter bien haut la mémoire de cet homme qui a contribué à l’éveil de notre Québec. Marie Montpetit, députée de Crémazie Le 13 février 2017

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