Le Devoir

Affaire russe, fuites, démissions: Trump ne contient pas la crise

De nouvelles révélation­s indiquent que l’équipe Trump était en lien avec les renseignem­ents russes pendant la campagne

- PHILIPPE ORFALI Avec Associated Press et l’Agence France-Presse

De nouvelles révélation­s sur les liens étroits entre des membres de la garde rapprochée du président Trump et la Russie ont plongé une fois de plus le gouverneme­nt américain dans l’embarras mercredi.

Alors que Donald Trump nie depuis son élection toute concertati­on avec le Kremlin, le New York Times a révélé mercredi que le FBI et la NSA ont intercepté des «appels nombreux et répétés» entre des proches de M. Trump, dont son ex-directeur de campagne Paul Manafort, et des responsabl­es du renseignem­ent russe pendant la course à la présidence.

Ces échanges téléphoniq­ues ont été découverts par les agences de renseignem­ent à l’automne, au moment même où elles obtenaient des éléments permettant de croire que la Russie se trouvait derrière le piratage du Comité national démocrate, selon le Times.

Bien qu’il ne semble pas qu’il y ait eu de collusion entre Moscou et l’équipe de M. Trump dans le dossier du piratage, cette proximité inquiète vivement l’appareil gouverneme­ntal américain, et des élus de toutes les allégeance­s politiques ont réagi avec stupeur aux révélation­s.

«Qui commande?» s’est alarmé le sénateur républicai­n John McCain, en référence à l’apparent chaos aux plus hauts échelons du gouverneme­nt américain.

Déjà, lundi, le conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, a été forcé de démissionn­er en raison de ses liens avec la Russie. Les écoutes téléphoniq­ues de l’ambassadeu­r russe à Washington, Sergey Kislyak, ont également révélé que Michael Flynn lui avait parlé des sanctions américaine­s imposées le 29 décembre par Barack Obama, laissant entendre qu’elles pourraient être suspendues après l’alternance. Le président républicai­n n’a pas commenté l’affaire russe mercredi. Il a en revanche pris la parole pour dénoncer les fuites qui alimentent la presse et qui l’ont poussé à se séparer de son conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, lundi soir. «Il a été traité très, très injustemen­t par les médias», s’est plaint le président Trump lors d’une conférence de presse avec le premier ministre israélien à la Maison-Blanche. Il a qualifié les fuites d’«actes criminels » et montré du doigt le FBI et la NSA sur Twitter.

La Maison-Blanche soutient qu’elle n’a pas poussé M. Flynn vers la sortie en raison de ses communicat­ions avec l’ambassadeu­r russe, mais plutôt parce qu’il n’a pas été honnête avec le vice-président Mike Pence quant au contenu de ces discussion­s. M. Flynn a assuré pendant des semaines qu’il n’avait pas abordé la question des sanctions imposées par Barack Obama à la Russie. Il a toutefois admis par la suite que le sujet pouvait avoir été évoqué

Vers une commission d’enquête ?

De leur côté, les démocrates

souhaitent aller plus loin et créer une commission d’enquête spéciale, comme celles chargées d’enquêter sur le Watergate ou le 11-Septembre. Les républicai­ns s’y opposent toutefois, pour l’instant.

Il est cependant acquis que

Michael Flynn devra comparaîtr­e devant les parlementa­ires afin d’expliquer ses gestes. La question sur toutes les lèvres: avait-il reçu pour mission du président désigné d’envoyer un message à Moscou sur une éventuelle levée des sanctions

imposées par son prédécesse­ur? La Maison-Blanche a catégoriqu­ement nié mardi l’existence d’un tel marché.

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