Jeux d’amour et jeux de guerre
Le festival Art souterrain dévoile sa programmation
Interactions, jeux, engagement social, ce sont trois axes qui ont animé l’équipe de programmation du festival Art souterrain de Montréal cette année. Ce festival d’art contemporain, qui en est à sa 9e année, a pris pour thème «Jeu et diversion».
Sur six kilomètres souterrains, entre le Complexe GuyFavreau et le 1000 de la Gauchetière, les participants sont invités à voir 58 oeuvres, dans le réseau souterrain de Montréal comme dans sept lieux satellites, et à participer à 45 activités. Des performances, des installations, des vidéos, des expositions de photos et de la sculpture sont au rendezvous. Les oeuvres proposées engagent aussi le spectateur dans une réflexion plus profonde, sur la liberté, sur la guerre, ou sur l’ennui…
Ainsi, ces trois écrans qui composent la pièce Jaywalking, de l’artiste belge Dries Depoorter, et qui filment des passants. L’installation donne le choix aux spectateurs de presser sur un bouton pour alerter la police, s’ils observent que les passants commettent une infraction. L’installation vise à sensibiliser le public au pouvoir citoyen.
L’artiste français Benjamin Nuel étonne lui aussi avec sa vidéo Hôtel : une maison de retraite pour terroristes et policiers, une sorte de satire des jeux vidéo où policiers et terroristes, ayant fait la paix, luttent désormais contre l’ennui, tout en regardant le monde se désagréger autour d’eux.
Le parcours se situera dans un espace restreint cette année, et l’organisation s’est plutôt concentré sur des lieux qui mettaient en valeur des oeuvres, tant sur le plan de l’espace que du son. Une quarantaine activités, conférences, tables rondes, visites guidées et rencontres avec les artistes sont organisées autour des oeuvres. Un parcours satellite de sept lieux se greffe au réseau souterrain. Le collège Dawson, qui s’associe pour la première fois à l’événement, propose pour sa part l’exposition Cinq trucs pour gagner une course contre Marina Abramovic, avec des oeuvres d’artistes émergents et d’artistes confirmés.
Olivia Turchinyak y soumet Eau de toilette, une série de représentations de 12 vagins. Chaque dessin est parfumé d’une eau de toilette différente… L’artiste s’est inspirée de photos prises sur Internet ou envoyées par des amies pour réaliser ces croquis. L’exposition propose aussi un portrait de Denis Coderre quadrillé, de Melanie Matthews. Le portrait peut se multiplier en 375 feuilles différentes, clin d’oeil au 375e anniversaire de Montréal, que les visiteurs sont invités à colorier à leur guise. Le maire de Montréal sera d’ailleurs convié à venir voir ce portrait durant le festival.
Reprenant la thématique du jeu, la commissaire Chloé Grondeau mentionnait mercredi que dans l’Antiquité, on lançait les osselets et les dés pour deviner l’avenir en période critique. Au Moyen Âge, le roi Charles proscrit les jeux, considérés comme sans utilité. En 1770, le jeu de la guerre, un jeu de cartes qui met en scène des situations de guerre de siège, est inventé pour faire l’éducation du fils aîné de Louis XIV. Depuis les années 1970, les jeux de rôle et les jeux vidéo ont refait irruption dans les espaces privés et publics.
Pour une première fois, le festival Art souterrain a sollicité la présence d’ambassadeurs, qui, sous différentes formes, animeront les oeuvres présentées. Le festival se déploie du 4 au 26 mars.
Le festival s’est concentré sur des lieux qui mettaient en valeur des oeuvres, tant sur le plan de l’espace que du son