AUJOURD’HUI
Économie › Le retour de PKP. Pierre Karl Péladeau revient aux commandes de Québecor.
Presque quatre ans après avoir laissé le gouvernail de son entreprise à autrui, l’actionnaire de contrôle Pierre Karl Péladeau revient aux commandes de Québecor en affirmant que le groupe poursuivra ses activités « sous le signe de la continuité ».
L’ex-chef du Parti québécois, à qui ont succédé Robert Dépatie en 2013 et Pierre Dion de 2014 à aujourd’hui, s’installe de nouveau dans un fauteuil qu’il a occupé pendant 14 ans. Le changement est immédiat.
«Je suis très heureux de reprendre la direction de Québecor, une entreprise que j’aime profondément, qui est en excellente santé financière et qui a connu une croissance continue au cours des dernières années», a dit M. Péladeau dans un communiqué. Il ne donnait aucune entrevue, selon le vice-président des affaires publiques de la filiale Québecor Média, Martin Tremblay.
En l’absence de M. Péladeau à la haute direction, Québecor a notamment poursuivi une expansion vigoureuse dans le secteur sans fil, souhaité un encadrement de Netflix, vu le Groupe TVA acheter Vision Globale, vendu les magasins Archambault à Renaud-Bray et aboli plus de 200 emplois chez Québecor Média afin d’augmenter la productivité.
M. Dion, qui était autrefois le grand patron du Groupe TVA, devient président du conseil de Québecor Média et sera membre du conseil de Québecor. À son sujet, M. Péladeau a affirmé qu’il est «un de mes fidèles collaborateurs pendant plus de dix ans» et qu’il lui ferait « plaisir de refaire équipe avec lui ».
Par ailleurs, le président du conseil de Québecor est toujours l’ex-premier ministre Brian Mulroney.
L’action de Québecor a commencé la journée en baisse de plus de 2 % à la Bourse de Toronto, mais des achats persistants en après-midi lui ont permis de limiter le recul à 1,6%. Le titre a donc terminé la séance à 38,41$, en hausse de 14% sur un an comparativement à 20% pour Rogers et 1,65 % pour BCE (Bell).
Monde politique
M. Péladeau est devenu le président du conseil d’Hydro-Québec en 2013, mais a quitté ce poste et la direction de Québecor pour se lancer en politique. Il est devenu député de Saint-Jérôme en avril 2014, après quoi ses adversaires lui ont reproché de ne pas avoir posé les gestes nécessaires pour véritablement mettre ses actifs dans une fiducie sans droit de regard. Élu chef du Parti québécois en mai 2015, il a remis sa démission un an plus tard pour des raisons familiales.
Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, compte continuer de demander « une fois de temps en temps » l’« avis » de M. Péladeau sur «des grandes questions économiques» même si celui-ci assume de niveau la direction de Québecor. «Il a une connaissance de la réalité économique québécoise qui est colossale. […] Je ne veux pas qu’on se prive de la connaissance et des conseils de Pierre Karl et d’autres acteurs économiques du Québec», a-t-il affirmé lors d’un point de presse à l’Assemblée nationale jeudi. M. Lisée, qui a pris la succession de M. Péladeau à la tête du PQ, se gardera « évidemment » de solliciter les conseils de M. Péladeau sur «des questions qui touchent l’empire Québecor — ce qui est quand même assez large », a-t-il précisé.
D’ailleurs, M. Lisée a appelé «à plusieurs reprises » au cours des derniers mois M. Péladeau pour lui «demander son avis, sur ceci, sur cela» — le sauvetage de la CSeries de Bombardier par le gouvernement libéral, par exemple.
D’autre part, le chef péquiste n’anticipe pas de retombées médiatiques positives pour le PQ ou plus largement le mouvement indépendantiste dans la foulée du retour de M. Péladeau. « Il y a des périodes, au Parti québécois, à l’époque où Pierre Karl était p.-d.g., où on était très mécontents de la couverture médiatique. Je pense que ce sont des périodes que nous allons revivre», a-t-il lancé.
D’autres élus, à la fois libéraux et caquistes, lui ont souhaité bonne chance.