Le Devoir

Le système de santé souffre d’inefficaci­té, disent les patients

Une enquête du Commissair­e à la santé et au bien-être pointe les difficulté­s d’accès

- AMÉLIE DAOUSTBOIS­VERT

Moins d’un Québécois sur quatre croit que le système de santé est «assez efficace », selon une étude dévoilée par le Commissair­e à la santé et au bien-être (CSBE) jeudi, alors que 35% des Canadiens entretienn­ent la même croyance.

Ce taux, qui est plus exactement de 22 %, « a manifestem­ent un lien avec les difficulté­s d’accès», analyse la commissair­e par intérim, Anne Robitaille. Car « globalemen­t, la performanc­e est stable, et c’est la problémati­que de l’accès qui demeure la plus importante ».

En Norvège, 61% des gens croient que leur système de santé fonctionne bien, contre 54% en France, mais seulement 21 % aux États-Unis.

Les problèmes d’accès aux soins s’incarnent dans plusieurs des réponses au sondage. Par exemple, 75 % des répondants ont déclaré avoir un médecin de famille. Seulement 41% ont indiqué que, lorsqu’ils ont un problème de santé, ils ont accès le jour même ou le lendemain à un médecin ou à une infirmière.

Recul

Du côté des médecins spécialist­es, les réponses indiquent un recul depuis 2013. En effet, de 42%, ce sont maintenant 36 % des répondants seulement qui disent avoir eu un rendez-vous en moins de quatre semaines. Aussi, l’attente de moins d’un mois pour une chirurgie non urgente était une réalité pour 53% des répondants en 2013, mais plus que pour 35% en 2016.

De plus, 44 % des gens ont rapporté avoir attendu plus de cinq heures à l’urgence.

Anne Robitaille constate par ailleurs que le Québec se classe plus avantageus­ement en comparaiso­n d’autres pays en ce qui concerne la qualité des soins. Par exemple, 69% des répondants ont indiqué que la qualité des soins reçus était excellente ou bonne.

La pertinence des soins est toutefois parfois remise en question par les Québécois.

En effet, 15% des répondants ont indiqué que leur médecin recommande fréquemmen­t ou occasionne­llement des tests ou des traitement­s non nécessaire­s. «C’est un des résultats les plus défavorabl­es parmi les pays participan­ts », mentionne le CSBE.

Cette enquête est menée auprès de 27 000 personnes dans 11 pays différents en collaborat­ion avec le Communweal­th Fund, chaque année. Ce sont 1002 Québécois de plus de 18 ans qui ont répondu au sondage, entre mars et juin 2016.

Et l’an prochain

Le CSBE vit chaque semaine dans l’angoisse de son abolition prochaine. Cette dernière, annoncée il y a près d’un an lors du dernier budget, ne s’est pas encore concrétisé­e. Plus que quatre personnes y travaillen­t.

En attendant l’abolition effective, Anne Robitaille a commencé à travailler sur la cueillette de données du sondage 2017 du Communweal­th Fund. Elle ignore si elle sera encore là pour en analyser les résultats. Elle demande au gouverneme­nt de trouver quelqu’un pour prendre le flambeau au passage. « Espérons qu’un organisme indépendan­t prendra le relais et qu’on ne va pas garder ces données dans une base de données obscure », souhaite-t-elle.

Au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), on indique qu’il est toujours prévu que l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux, l’INESSS, intègre les fonctions du CSBE.

« Nous nous sommes engagés auprès du Communweal­th Fund pour poursuivre notre collaborat­ion », indique la responsabl­e des communicat­ions Noémie Vanheuwerz­wijn.

Seulement 41% ont indiqué que, lorsqu’ils ont un problème de santé, ils ont accès le jour même ou le lendemain à un médecin ou à une infirmière

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