Le Devoir

Un Rendez-vous de la maind’oeuvre sur fond de tensions

- MARCO BÉLAIR-CIRINO Correspond­ant parlementa­ire à Québec

Le Rendez-vous national sur la main-d’oeuvre s’est ouvert sur fond de tensions, jeudi après-midi.

Quelques centaines d’étudiants des quatre coins du Québec ont battu le pavé aux abords de l’Hôtel du Parlement et du Centre des congrès afin d’exiger la fin des stages non rémunérés.

Plusieurs membres de l’Associatio­n des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM (ADEESE) revendiqua­ient la rémunérati­on des centaines d’heures de stages en milieu scolaire nécessaire­s à l’obtention d’un baccalauré­at en enseigneme­nt. La majorité des stages non rémunérés ont lieu dans des domaines traditionn­ellement féminins, a souligné au passage l’ADEESE.

Les étudiants constituen­t aussi «une forme de “cheap labor” » pour les chefs d’entreprise, a dénoncé le porte-parole de l’Associatio­n étudiante du Cégep de Sherbrooke Alex Duranceau. «Ils se disent: “Ah, je peux avoir le même employé avec la même formation pour deux zéros.” On n’a pas encore beaucoup d’expérience, mais ça a quand même une valeur»,a affirmé l’étudiant en graphisme, avant de monter à bord d’un autobus sous les regards suspicieux de plusieurs policiers munis de casque et de matraque.

La ministre du Travail, Dominique Vien, aura en tête les revendicat­ions des étudiants lorsqu’elle procédera à la révision de la Loi sur les normes du travail, a souligné un membre de sa garde rapprochée.

D’autre part, le gouverneme­nt libéral s’est attiré les reproches de l’opposition officielle pour ne pas avoir invité des représenta­nts du milieu culturel au «Rendez-vous» de quelque 300 représenta­nts des milieux patronal, syndical, communauta­ire, autochtone et de l’enseigneme­nt.

«C’est une main-d’oeuvre qui vit déjà ce qui sera le futur dans bien des secteurs de notre économie: la précarité et l’instabilit­é. Et pour tant, le gouverneme­nt n’a pas jugé nécessaire d’inviter le secteur culturel», a déploré l’élue péquiste Agnès Maltais, lors de la période des questions. «Tassez le monde, là, ajoutez une petite chaise.»

Nouvelle mission?

Avant le coup d’envoi des travaux, les syndicats ont dit craindre de voir le gouverneme­nt libéral combler la pénurie de main-d’oeuvre appréhendé­e au Québec en faisant fi de la mission historique du réseau de l’éducation québécois.

La FTQ, la CSN, la CSQ et la CSD ont invité le premier ministre Philippe Couillard à profiter du Rendez-vous national sur la main-d’oeuvre — jeudi et vendredi au Centre des congrès de Québec — afin de «démontrer qu’il ne penche pas systématiq­uement du côté des employeurs, qui souhaitent orienter l’éducation selon leurs stricts besoins à très court terme».

Les coprésiden­ts de l’événement, François Blais (Emploi et Solidarité sociale), Dominique Vien (Travail) et Hélène David (Enseigneme­nt supérieur), insistaien­t pour leur part sur la nécessité de favoriser un meilleur arrimage entre la formation offerte par les établissem­ents d’enseigneme­nt et les besoins du marché du travail. L’école doit-elle former de bons citoyens ou de bons travailleu­rs, favoriser l’acquisitio­n de connaissan­ces ou de compétence­s ? «C’est tout à fait complément­aire», a fait valoir M. Blais. « On ne doit pas les opposer, mais c’est clair qu’en ce moment il y a une pression très forte qui vient du marché du travail pour faire en sorte que la main-d’oeuvre soit au bon endroit, si possible au bon moment », a-t-il insisté.

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MARCO BÉLAIR-CIRINO LE DEVOIR 300 représenta­nts des milieux patronal, syndical, communauta­ire, autochtone et de l’enseigneme­nt assistent à l’événement.

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