La voix européenne est essentielle, déclare Justin Trudeau
Quelques jours après son passage à Washington, le premier ministre Justin Trudeau a voulu livrer à l’Europe un message rassurant, mercredi, au sujet de l’antipathie de Donald Trump pour le continent.
« L’Union européenne est une réussite remarquable et un exemple sans précédent de coopération pacifique, a déclaré M. Trudeau. Le Canada comprend qu’une voix européenne efficace sur la scène mondiale n’est pas seulement préférable — elle est essentielle. »
La visite de M. Trudeau à la Maison-Blanche, lundi, a été observée avec attention depuis l’Union européenne, qui a eu droit à une nouvelle ronde de critiques, cette semaine, de la part de l’ambassadeur américain à Bruxelles, choisi par M. Trump.
Un allié important
L’hôte de Justin Trudeau, Antonio Tajani, président du Parlement européen, a expliqué que l’Europe percevait le Canada comme un important allié pour forger des liens positifs avec les États-Unis. «Il est plus facile pour les Canadiens de parler avec les Américains», a avancé M. Tajani lors d’une conférence de presse commune avec M. Trudeau à Strasbourg, en France, siège du Parlement européen. La rencontre entre MM. Trump et Trudeau, lundi, a «préparé la voie à de meilleures relations entre l’Union européenne et les États-Unis d’Amérique, a déclaré M. Tajani. Nous voulons travailler avec les Américains. Au cours des prochaines années, le travail du Canada sera une bonne chose pour les relations entre nous et l’Amérique.»
M. Trudeau a expliqué que le président américain et lui tentaient de trouver un terrain d’entente pour aider la classe moyenne des deux pays à prospérer. «Ce que j’ai vu de la part du président américain a été une volonté de vouloir faire ce qui doit être fait pour ceux qui l’ont appuyé et qui croient en lui, tout en démontrant que de bonnes relations avec ses voisins étaient une bonne façon de s’assurer que les choses seront faites », a raconté M. Trudeau.
Le premier ministre canadien a précisé que l’Accord économique et commercial global sera ratifié par le Canada d’ici le printemps, et que c’est sans doute à ce moment que les travailleurs pourront constater les avantages des accords commerciaux, qui provoquent actuellement du mécontentement à travers l’Europe et du côté de l’administration Trump.
Le dernier du genre
Plus tôt dans la journée, alors qu’il prenait la parole devant le Parlement européen au lendemain de la ratification de l’accord par celui-ci, Justin Trudeau a prévenu que ce pacte pourrait être le dernier en son genre si jamais il devait échouer. «S’il est couronné de succès, l’Accord économique et commercial global deviendra l’exemple à suivre pour toutes les prochaines ententes commerciales ambitieuses. Mais s’il échoue, il pourrait bien être le dernier du genre.»
La dernière année a été difficile pour l’Union européenne: le Royaume-Uni a décidé de claquer la porte après le référendum sur le Brexit, et le nouveau président américain, Donald Trump, s’est publiquement demandé quel pays sera le prochain à s’en aller.
M. Trudeau est le premier premier ministre canadien à s’adresser au Parlement européen. Il a déclaré que ceux qui estiment que les ententes commerciales ne profitent qu’à quelques chanceux doivent être entendus, mais que des pactes comme celui intervenu entre le Canada et l’UE sont bénéfiques pour tous.
«Certains s’inquiètent aujourd’hui que le système actuel ne profite qu’à une poignée de chanceux. Leurs préoccupations sont valides, a reconnu M. Trudeau. La nervosité des gens envers l’économie et les échanges commerciaux — l’inquiétude [quant à la possibilité] que nos enfants n’aient pas accès aux mêmes emplois et aux mêmes opportunités que nous — ne sera calmée que si nous nous assurons que […] le commerce profite à tous.»
M. Trudeau croit que le nouvel accord de libreéchange atteint cet objectif. «Des échanges commerciaux libres et justes peuvent rendre la vie de nos citoyens plus abordable et créer plus d’emplois.»