Le Devoir

La Caisse de dépôt s’intéresser­ait aux aéroports

- FRANÇOIS DESJARDINS

La Caisse de dépôt et placement du Québec serait ravie d’investir dans les grands aéroports canadiens si jamais Ottawa décidait de procéder à leur privatisat­ion, même partielle.

Interrogé à ce sujet mercredi soir lors d’un passage devant le Comité sénatorial permanent des finances nationales, où il était question des projets fédéraux en infrastruc­tures, Michael Sabia, le président de la Caisse de dépôt, a souligné que celle-ci a déjà de l’expérience en la matière.

«Acheter des aéroports, est-ce que ça serait quelque chose qui s’inscrit dans votre mandat?» a demandé sans détour la sénatrice terre-neuvienne Elizabeth Marshall à Michael Sabia. «Oui» , a répondu le président de la Caisse. «Je dis oui car nous l’avons fait dans plusieurs pays. Heathrow en est un bon exemple. Les aéroports sont d’excellents actifs pour des investisse­urs comme nous, c’est-àdire des gestionnai­res de caisses de retraite et des investisse­urs en infrastruc­tures.»

Le gouverneme­nt Trudeau n’a encore pris aucune décision à cet effet, mais il réfléchit depuis des mois à la possibilit­é d’ouvrir le capital des aéroports aux intérêts privés. Il a notamment demandé à la firme d’investisse­ment Crédit Suisse d’analyser les possibles retombées financière­s pour Ottawa.

«Je comprends que le sujet en est un qui doit faire l’objet de discussion­s, a dit M. Sabia. Mais les aéroports seraient si attrayants de manière générale que même la vente de petits blocs de participat­ion, disons 20% d’un aéroport, permettrai­t au gouverneme­nt de recycler cet argent dans d’autres formes d’infrastruc­tures, des programmes sociaux, etc. »

Des milliards en jeu

Dans les années 1980, les aéroports canadiens ont été transformé­s en organismes sans but lucratif dotés de conseils d’administra­tion. Ils versent à Ottawa un loyer annuel pour l’occupation des terrains fédéraux, une relation balisée par des baux à très long terme. Dans le cas d’Aéroports de Montréal (ADM), par exemple, le bail prend fin en 2072.

Les aéroports d’Ottawa, de Calgary et de Vancouver s’opposent à leur vente à des investisse­urs, car ils estiment qu’il en résulterai­t une hausse des coûts pour les voyageurs et l’industrie. Le président d’Air Canada a aussi pris position contre la privatisat­ion.

La direction d’ADM se dit ouverte à plusieurs options, mais son ex-président, James Cherry, a déjà déploré les règles qui prévoient que les aéroports devront être libres de dette lorsqu’ils retournero­nt entre les mains du fédéral à la fin du bail.

Selon une récente analyse produite pour l’institut C.D. Howe, la privatisat­ion des aéroports pourrait rapporter entre 7 et 17 milliards au gouverneme­nt, des retombées potentiell­ement bien vues par certains dans un contexte où les livres d’Ottawa sont en situation déficitair­e. À elles seules, les installati­ons d’ADM vaudraient entre 1,3 et 2,9 milliards, selon l’étude.

 ?? JACQUES NADEAU LE DEVOIR ?? Michael Sabia, le président de la Caisse de dépôt
JACQUES NADEAU LE DEVOIR Michael Sabia, le président de la Caisse de dépôt

Newspapers in French

Newspapers from Canada