Le Devoir

Régis Labeaume demande-t-il un « chèque en blanc » ?

- NICOLE MOREAU

Le 14 février dernier, Régis Labeaume, maire de Québec, comparaiss­ait en commission parlementa­ire sur le projet de loi 122 faisant des municipali­tés des gouverneme­nts de proximité. Son discours était axé essentiell­ement sur l’importance de retirer aux citoyens le droit au référendum. Il estime qu’il appartient aux élus de prendre les décisions quant aux orientatio­ns de développem­ent de la ville et que ceux-ci sont élus pour ça. Pour M. Labeaume, les personnes en désaccord avec les projets mis en avant appartienn­ent à des groupes organisés qui ont des visées politiques.

Régis Labeaume voit les référendum­s comme des actes antidémocr­atiques; les opposants n’agiraient pas en fonction du bien commun, comme les élus le feraient, mais plutôt en fonction des intérêts de leurs propres groupes.

Même si, depuis une quinzaine d’années, il n’y a eu que cinq référendum­s, la seule «menace» de la part des citoyens de s’organiser pour qu’un référendum se tienne serait de trop, les promoteurs seraient déjà très bien surveillés par la Commission d’urbanisme de la Ville de même que par les élus.

Écouter les citoyens?

Tout ça laisse clairement voir que, pour M. Labeaume, il ne peut exister qu’une démocratie représenta­tive, c’est-à-dire le vote au moment des élections. Entre-temps, il fait valoir que les citoyens ont toutes les occasions nécessaire­s de s’exprimer — conseil municipal, conseils d’arrondisse­ment, conseils de quartier et consultati­ons diverses qu’il évalue à 117 depuis 10 ans. Toutefois, les citoyens sont-ils réellement entendus lors de ces consultati­ons, leur point de vue est-il réellement pris en considérat­ion ? On peut en douter sérieuseme­nt.

Il est impossible d’en juger, la Ville ne se sentant pas encore tenue de présenter des rapports de consultati­on et, au moment de faire connaître les décisions, d’indiquer ce qui a été retenu parmi les commentair­es ou les suggestion­s des citoyens. Il est donc impossible de savoir si l’engagement citoyen est vraiment pris au sérieux par la Ville ou encore si le maire se comporte envers les citoyens comme si ceux-ci étaient des sujets et non des partenaire­s. La virulence des propos du maire Labeaume et le ton employé à l’égard des citoyens qui ont organisé les référendum­s qui ont eu lieu à Québec n’ont pu que susciter cette question.

Enfin, le faible nombre de référendum­s tenus depuis quinze ans à Québec a été diagnostiq­ué par Régis Labeaume comme un outil inutile. Pourquoi alors tant d’agressivit­é, tant de colère à l’égard des citoyens qui ont jugé important d’utiliser l’outil du référendum ?

Pour Régis Labeaume, il ne peut exister qu’une démocratie représenta­tive, c’est-à-dire le vote au moment des élections

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