Le Devoir

La Tyrolienne reste un chaleureux refuge de montagne à Québec

L’un des plus anciens restautant­s de Québec reste un chaleureux refuge de montagne

- CATHERINE FERLAND à Québec LA TYROLIENNE 2846, rue Jules-Dallaire Québec 418 651-6905 restaurant­tyrolienne.ca

LA TYROLIENNE ★★★★1/2 $$$ incluant l’alcool

Àquelques reprises en ces pages, j’ai déploré le manque de diversité de la scène gastronomi­que de la Vieille Capitale, où le «bistro aux accents industriel­s» règne presque sans partage depuis une dizaine d’années.

Il me fait très plaisir, par conséquent, de vous faire découvrir des restaurant­s qui se démarquent en affichant une personnali­té bien typée. Ce mois-ci, je suis allée visiter l’un des doyens de Québec, le restaurant La Tyrolienne.

La première chose qui nous frappe lorsque nous pénétrons est l’odeur alléchante qui y règne. C’est environnée­s d’effluves irrésistib­les que mon invitée et moi nous dirigeons vers notre table.

Sur quelques paliers se répartisse­nt des salles où prennent place des tablées festives de familles et d’amis, ainsi que quelques-unes, plus intimes, d’amoureux. L’ambiance générale est à la fois enjouée, chaleureus­e et paisible. Ça augure bien.

« Un bon repas sans fromage… »

Le menu est bien sûr orienté vers les fondues. Outre la classique neuchâtelo­ise (emmenthal, gruyère et vin blanc) ou celle aux quatre fromages (les précédents ingrédient­s, plus du suisse et de l’oka: l’honneur du Québec est sauf !), on peut se laisser tenter par la version forestière (avec champignon­s et cognac), ou même par celle au fromage bleu. Si on préfère une formule sans fromage, les fondues bourguigno­nne, chinoise et asiatique sont de belles solutions.

Pourtant, j’ai un impérieux goût… de fruits de mer. Pour un pays de hautes montagnes (on parle de sommets atteignant 3700 à 3900 mètres) niché au coeur du continent, manger des produits océaniques représente une curieuse contorsion, mais que voulez-vous.

Et c’est au menu, alors on se gâte: ce sera le feuilleté de pétoncles pour moi, le plat de langoustin­es pour mon invitée. Le Plaft, un pinot gris d’Alsace, s’accordera très bien avec le tout et nous suivra jusqu’à la fin du repas.

Quoi de mieux qu’une entrée partagée pour ouvrir notre miniconven­tion de Genève! Les fondues parmesan sont généreuses, avec une salinité propre à rehausser le crémeux appareil sans en étouffer les nuances.

Une salade César et quelques tranches de saumon fumé bien honnête côtoient aussi une demi-poire farcie de crabe. Mes amis de l’est du Québec m’autorisera­ient à le qualifier de «vrai bon crabe», car le crustacé n’est pas ici qu’une modeste décoration, il se déploie en bouche avec générosité.

«Ô joyeux Tyrol, quand la gaîté prend son vol…»

La longévité d’un établissem­ent (plus de quatre décennies dans ce cas-ci) m’apparaît être un indicateur des plus pertinents: pour se maintenir aussi longtemps dans le milieu, il faut bien que le resto ait un petit quelque chose qui attire de nouveaux clients et donne aux habitués l’envie d’y revenir. En l’occurrence, plusieurs éléments me frappent.

Outre la savoureuse odeur ambiante déjà évoquée, l’architectu­re a de quoi créer une belle impression. Construit selon le modèle typique d’un chalet de montagne des Alpes, le lieu évoque irrésistib­lement L’auberge du cheval blanc, l’opérette créée par Ralph Benatzky.

Je soupçonne que la déco, avec ses lambris sombres et ses touches colorées, n’a pas été revue depuis longtemps. Mais qu’à cela ne tienne : c’est bien net et la formule est diablement efficace pour créer un cocon décontract­é qui sort vraiment de l’ordinaire.

C’est dans cet écrin montagnard que Christine accueille ses langoustin­es. Une belle assiette où le monticule de riz est surmonté du minibol de beurre à l’ail fondu, les petits crustacés bien grillés étant disposés tout autour. Une part de juliennes de légumes complète l’ensemble.

Dans mon assiette, le feuilleté de pétoncles (ou plutôt un petit vol-au-vent carré flanqué d’énormes et tendres pétoncles) me fait de l’oeil.

La sauce au vin blanc, peutêtre un peu liquide, s’avère savoureuse, alors que le riz, sans être transcenda­nt, remplit bien son rôle d’accompagne­ment. De ce plat, de toute évidence bien maîtrisé, je ne laisserai ni goutte ni miette.

L’écho des collines

Un critère trop souvent négligé, l’environnem­ent sonore est ici remarquabl­e et cohérent avec l’esprit des lieux. Puisque nous sommes le vendredi, un excellent accordéoni­ste intervient à intervalle­s réguliers pour égrener quelques pièces bien vives et gaies. On sent toute l’expérience du restaurate­ur à cet effet, ces intermèdes musicaux étant parfaiteme­nt dosés pour offrir une ambiance sonore agréable sans excéder les oreilles. C’est très, très apprécié.

C’est donc au son de l’accordéon que nous concluons cette guillerett­e excursion alpine par le plus léger des desserts offerts au menu, la crème brûlée aromatisée au café. De ces ramequins recélant le délice à la surface dorée et croustilla­nte surmontée d’un biscuit et de quelques fraises, il ne reste bientôt plus rien.

Ce n’est qu’un au revoir… ah, pardon, auf Wiedersehe­n !

Les plus. Ce qui se fait de mieux en matière de nourriture-confort, dans une ambiance chaleureus­e où ça sent bon, où les oreilles sont gentiment chatouillé­es par l’accordéon… La longévité de l’établissem­ent est tout à fait légitime.

Les moins. Les accompagne­ments pourraient être un tantinet plus sophistiqu­és et la déco «alpine-kitsch» pourrait déplaire aux adeptes de bistros épurés. Mais j’ai vraiment l’impression de chercher des poux pour rien.

Coût du repas pour deux, sans alcool, avant taxes : 90 $.

Coût du repas pour deux incluant alcool, taxes et service : 153 $.

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 ?? RENAUD PHILIPPE LE DEVOIR ?? Sur quelques paliers se répartisse­nt des salles où prennent place des tablées de familles et d’amis, ainsi que quelques-unes, plus intimes, d’amoureux.
RENAUD PHILIPPE LE DEVOIR Sur quelques paliers se répartisse­nt des salles où prennent place des tablées de familles et d’amis, ainsi que quelques-unes, plus intimes, d’amoureux.

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