Le Devoir

› Des idées, une vision. Ara robotique veut repousser les limites de l’automatisa­tion des drones.

Ara robotique veut repousser les limites de l’automatisa­tion des drones

- KARL RETTINO-PARAZELLI

L’histoire d’Ara robotique, cette entreprise qui aspire aujourd’hui à devenir une référence internatio­nale dans le monde du drone commercial et industriel, est d’abord et avant tout celle d’un heureux concours de circonstan­ces.

Fraîchemen­t débarqué du cégep de Maisonneuv­e, où il a pu fabriquer des robots en tous genres dans le local d’un club étudiant, Guillaume Charland-Arcand a fait son entrée à l’École de technologi­e supérieure (ETS) avec l’intention de reprendre là où il avait laissé.

À son arrivée, il se met à la recherche d’un club étudiant capable d’assouvir son côté «patenteux» et tombe sur Dronolab, qui est alors inactif depuis quelques années. Son ami et lui décident de s’y joindre pour lui redonner vie. « On s’est dit : on va aller là. On va voir.»

Flairer la bonne affaire

Les membres du club touchent à tout, de la fabricatio­n à la programmat­ion, et parviennen­t à concevoir un prototype de drone… relié au sol Le Québec regorge d’entreprene­urs passionnés qui tentent de mettre à profit une idée ou un concept novateur. Chaque semaine, Le Devoir vous emmène à la rencontre de gens visionnair­es, dont les ambitions pourraient transforme­r votre quotidien. Aujourd’hui, des diplômés de l’École de technologi­e supérieure qui veulent repousser les limites de l’automatisa­tion des drones. par un fil. Leurs travaux ont malgré tout le mérite d’attirer l’attention de la communauté étudiante, et l’intérêt pour le club Dronolab grandit rapidement.

En 2010, Pascal Chiva-Bernard et Charles Brunelle font partie des nouveaux membres du club. Après avoir rencontré Guillaume, ils décident de passer aux choses sérieuses. Ils multiplien­t les compétitio­ns au Canada et aux ÉtatsUnis et s’y distinguen­t à plusieurs reprises.

« Le but, c’était d’entrer dans des bâtiments avec un drone, de parcourir un territoire, de recueillir de l’informatio­n », explique Pascal ChivaBerna­rd, aujourd’hui président-directeur général d’Ara robotique. «Ce qu’on développai­t commençait à devenir compliqué et on manquait de gens à temps plein pour rendre le drone vraiment efficace et plus automatisé. On a donc commencé à intégrer des produits qui étaient déjà sur le marché. »

Le trio met donc la main sur un système d’autopilota­ge qui permet au drone de suivre une trajectoir­e préprogram­mée. «C’est là qu’on a vu le plein potentiel de l’automatisa­tion. Mais on a aussi constaté tous les problèmes de la technologi­e», souligne Pascal Chiva-Bernard.

Créer un cerveau

Les trois étudiants décident alors de cogner à la porte du Centre d’entreprene­urship de l’ETS (Centech). Un an et demi de recherche et développem­ent plus tard, ils mettent au point leur technologi­e phare, le Skymate.

Tout le travail abattu par les jeunes entreprene­urs se trouve concentré dans une petite boîte métallique, de la grosseur d’un paquet de cartes.

Lorsque fixé sur le dessus

On veut être une référence, tasser la compétitio­n chinoise pour de bon et démontrer toute l’expertise qu’on a au Canada Pascal Chiva-Bernard, p.-d.g. d’Ara robotique

Lorsque fixé sur le dessus d’un engin commercial ou industriel, ce boîtier devient en quelque sorte le «cerveau» du drone et permet de l’opérer de manière automatisé­e, du décollage à l’atterrissa­ge. Il peut ainsi suivre une trajectoir­e donnée, recueillir des informatio­ns au passage et éviter certaines zones déterminée­s au moment de la programmat­ion.

L’entreprise affirme que sa technologi­e est de cinq à dix fois moins coûteuse que les produits de calibre militaire, tout en offrant la fiabilité que recherchen­t les entreprise­s. Elle compte pour l’instant une quinzaine de clients québécois, qui proviennen­t des domaines de l’aéronautiq­ue, de la constructi­on, de l’agricultur­e ou encore du milieu universita­ire.

Devenir la référence

Ara robotique ne fait face pour l’instant qu’à une dizaine de joueurs sérieux, surtout asiatiques. Et avec un marché du drone commercial appelé à atteindre une valeur de 127 milliards $US en 2020, les dirigeants de l’entreprise ont des idées de grandeur, mais ils ne veulent pas sauter d’étape.

«On veut être une des marques les plus reconnues dans le secteur commercial. On veut être une référence, tasser la compétitio­n chinoise pour de bon et démontrer toute l’expertise qu’on a au Canada, lance Pascal

Chiva-Bernard. Lorsqu’on aura

atteint un nombre d’utilisateu­rs assez important pour savoir que notre produit inspire la confiance, ce sera plus facile d’aller chercher les ressources qu’il nous faut et de déterminer dans quelle direction on veut s’en aller. »

Ce n’est qu’une question de temps avant que les drones puissent éviter des obstacles avec leurs systèmes de détection et circuler dans le ciel de manière autonome, s’entendent les trois cofondateu­rs d’Ara robotique, convaincus que leur «cerveau» pourra répondre aux besoins de demain.

 ?? ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR ?? Pacal Chiva-Bernard, Charles Brunelle et Guillaume Charland-Arcand, d’Ara robotique
ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR Pacal Chiva-Bernard, Charles Brunelle et Guillaume Charland-Arcand, d’Ara robotique
 ??  ??
 ??  ??
 ?? ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR ?? La technologi­e d’Ara robotique serait cinq à dix fois moins coûteuse que les produits de calibre militaire.
ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR La technologi­e d’Ara robotique serait cinq à dix fois moins coûteuse que les produits de calibre militaire.

Newspapers in French

Newspapers from Canada