Le Devoir

La police de Uashat-Maliotenam se dit indépendan­te du pouvoir politique

- CAROLINE MONTPETIT

Le Service de police de Uashat-Maliotenam a réagi au reportage diffusé à l’émission Enquête jeudi en affirmant sa «totale indépendan­ce» par rapport au conseil de bande de la communauté. Dans un communiqué, il affirme qu’il est courant que le Service de police de Uashat-Maliotenam ait recours aux services de la Sûreté du Québec dans «certains dossiers à caractère particulie­r», dont, déduit-on, une plainte pour agression sexuelle contre le chef de bande.

Pour ces dossiers, peut-on lire, «le SPUM peut décider de faire appel aux services de la Sûreté du Québec afin de transférer des enquêtes. Cette pratique assure la transparen­ce ainsi que la neutralité des enquêtes et de la prise de décision. Cette collaborat­ion est régulière et tous les corps de police du Québec s’y assujettis­sent. Cette solution a d’ailleurs été appliquée dans de récentes enquêtes du SPUM, dont l’une qui a mené à une décision du Directeur des poursuites criminelle­s et pénales de traduire l’affaire devant les tribunaux. La justice suit présenteme­nt son cours ».

Le procès pour agression sexuelle du chef de Uashat, Mike McKenzie, se poursuivai­t vendredi au Palais de justice de Sept-Îles.I

Dans un reportage diffusé à l’émission Enquête jeudi, Sylvane Fontaine, qui a porté plainte pour agression sexuelle contre le chef de bande McKenzie, affirme que le service de police de la communauté n’a pas voulu prendre sa plainte «parce que c’est lui [Mike McKenzie] le chef».

Pour Ghislain Picard, représenta­nt de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, il n’est pas question d’exclure un chef de l’APNQL, même s’il fait face à des accusation­s d’agression sexuelle sur une mineure.

«À la limite, les chefs font partie de l’associatio­n sur une base volontaire. C’est un forum ouvert, qui n’est pas structuré. Ça n’est pas une corporatio­n. […] Je ne suis pas la police des chefs», a dit M. Picard. Selon lui, il est cependant clair que le pouvoir policier doit être entièremen­t indépendan­t du pouvoir politique. «C’est une question extrêmemen­t importante, qui se pose par rapport à l’impartiali­té des corps policiers dans l’exercice de leurs fonctions.»

Le reportage faisait état d’un autre cas d’agression sexuelle, sur venu dans la communauté attikamek de Wemontaci, pour lequel l’ancien chef de police, Jean-Paul Neashish, purge présenteme­nt une peine de six ans de prison. L’ancien chef de bande de la communauté, Marcel Boivin, a plaidé coupable à l’accusation d’agression sexuelle pour ce même événement.

Pour Constant Awashish, grand chef de la nation attikamek, il est à la fois douloureux et salvateur que ces informatio­ns sortent publiqueme­nt. «Il faut que ça sorte pour guérir notre communauté », dit-il.

Il reconnaît que, dans la plupart des institutio­ns, un dirigeant accusé d’agression sexuelle ne pourrait continuer d’exercer son autorité. Dans le cas de Mike McKenzie, un avis commandé par le conseil de bande aurait conclu que, tant que sa culpabilit­é n’était pas établie, il n’y avait pas de raison de suspendre ou de destituer le chef en vertu du code électoral.

Vendredi, le conseil de bande de Uashat écrivait qu’«au-delà des accusation­s et des condamnati­ons, le conseil espère donc pouvoir compter sur un plus grand appui des gouverneme­nts, particuliè­rement du Québec, qui est interpellé depuis plusieurs années par nos communauté­s. Depuis 2013, nous tentons d’amener le ministère de la Sécurité publique à nous aider afin de trouver des solutions aux problèmes chroniques vécus dans nos communauté­s ».

De son côté, Femmes autochtone­s du Québec a souligné le courage de celles qui, malgré la pression sociale vécue dans leur communauté, ont pris la parole afin de dénoncer une situation qui perdure dans les communauté­s des Premières Nations.

«Il faut que ça sorte pour guérir notre communauté» Constant Awashish

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