Silence radio dans les régions du Québec
Les campagnes de communications de nos gouvernements passent de plus en plus par les médias sociaux et Internet. La raison invoquée? Un désir de rejoindre les citoyens en plus grand nombre. Voilà un objectif bien noble, mais cette volonté se vérifie-t-elle dans l’ensemble des stratégies médiatiques gouvernementales ? Pour l’Association des radios communautaires du Québec (ARCQ) et l’Association des radios régionales francophones (ARRF), ce n’est manifestement pas le cas dans le secteur de la radio.
Les stratégies de placement publicitaire des gouvernements sont trop souvent calquées sur celles qui sont utilisées par les entreprises visant à rejoindre un nombre «suffisant» de consommateurs dans des marchés cibles selon un profil spécifique. Le résultat étant que les achats gouvernementaux se concentrent presque uniquement dans les réseaux Cogeco et Bell. Non seulement cette approche néglige une partie importante de la population vivant en dehors des grands centres, mais elle est aussi basée sur la fausse perception que le débordement des grands réseaux permet de rejoindre les marchés régionaux.
Nous croyons que les gouvernements ne devraient pas guider leurs choix en fonction d’une logique commerciale, mais plutôt selon une approche sociale visant à rejoindre un maximum de citoyens sur l’ensemble du territoire. Quand il est question de l’état des routes, de la santé publique ou de toute autre communication gouvernementale, c’est l’ensemble de la population qui est concerné.
Y a-t-il au Québec des citoyens de second ordre pour les gouvernements? Que l’on soit à Montréal, à Québec, à Blanc-Sablon, à Lac-Mégantic ou aux îles de la Madeleine, nous devrions tous être informés, c’est une question de respect du poids démographique de toutes les régions, mais avant tout d’intérêt public.
Il nous apparaît important que les gouvernements se questionnent sur leurs stratégies actuelles. Sont-elles guidées par un désir de parler à TOUS les citoyens ? Les choix budgétaires devraient être ventilés différemment et ainsi améliorer l’efficacité globale? La solution n’implique pas d’investissements supplémentaires, mais plutôt une réallocation des dépenses en transférant une petite partie des budgets publicitaires investis dans les réseaux vers les radios indépendantes. Ceci permettrait de maximiser la portée totale des messages sans pour autant diminuer l’efficacité dans les centres urbains.
Pour une répartition équitable
Actuellement, avec les répartitions des budgets publicitaires utilisant principalement les grandes entreprises (Bell, Cogeco), ce sont toujours les mêmes auditeurs qui sont rejoints. De plus, les populations urbaines des grandes villes sont surexposées aux diverses campagnes en comparaison aux populations régionales. La surexposition urbaine s’explique par l’utilisation d’une multitude de plateformes : la télé, l’affichage extérieur, le transport en commun, les quotidiens, les hebdos, les magazines, le Web, et finalement la radio. Tandis qu’en région, ayant moins accès aux multiplateformes, les populations régionales sont moins exposées aux diverses campagnes.
En région, il y a beaucoup moins d’encombrement publicitaire, donc une meilleure rétention des messages. Une répartition équitable des budgets publicitaires entre les radios corporatives et les radios régionales rejoindrait l’ensemble de la population du territoire de la province.
Qui peut refuser d’en obtenir plus pour le même investissement ?
L’ARCQ et l’ARRF représentent ensemble 70 stations de radios présentes partout au Québec. Des stations qui, pour la plupart, ne font pas partie de marchés couverts par les grands réseaux radio. Des stations dont les auditoires sont trop souvent laissés pour compte dans les stratégies de placement publicitaire de nos gouvernements. Nous assistons à une importante baisse de la publicité gouvernementale dans nos communautés depuis déjà quelques années. Ce n’est pas temporaire, c’est véritablement une tendance que nous désirons dénoncer aujourd’hui. C’est pourquoi nos deux associations ont décidé d’unir leurs voix pour porter cette situation sur la place publique, au nom des Québécois que nous desservons tous les jours. Il en va du devoir même du gouvernement de s’assurer que tous les citoyens, peu importe où ils se trouvent, aient accès à la même information, à toute l’information.
Y a-t-il au Québec des citoyens de second ordre pour les gouvernements ?