Le REER, le CELI, c’est selon
Depuis l’arrivée du compte d’épargne libre d’impôt, en 2009, l’arbitrage est constant entre le CELI et le régime enregistré d’épargne-retraite dans un monde où l’épargne est limitée. On peut se permettre d’avoir un petit faible ou un biais favorable pour le patriarche des deux, le REER.
Le REER et le CELI ont chacun leur singularité. Mais la déduction fiscale accolée à la cotisation REER reste attrayante. Enfin, pour plusieurs planificateurs financiers, le comportement idéal serait de contribuer au REER et de diriger le retour d’impôt vers le CELI, amplifiant ainsi le jeu du rendement composé à l’abri de l’impôt.
Cela dit, le principal considérant pour le REER est le taux d’imposition implicite ou effectif, qui tient compte des crédits sociofiscaux, au moment de la cotisation, que l’on souhaitera plus élevé que celui au moment du décaissement. En début de carrière, la contribution au CELI l’emportera. Ou encore le scénario d’une cotisation au REER avec report de la demande de déduction à une année où le taux d’imposition est élevé.
Il est dit généralement que plus le revenu gagné est important, plus le REER est avantageux. Encore faut-il que le facteur d’équivalence venant abaisser le plafond annuel de cotisation associé à une participation à un régime de pension agréé ou à un régime de participation aux bénéfices, plutôt courante dans ce segment de revenu, ne soit pas trop pesant.
Décaissement
Reste la phase de décaissement. Il est préférable de prioriser le CELI si des retraits doivent être faits en phase d’accumulation pour des projets spéciaux ou imprévus. Ou si l’on veut des fonds à la retraite tout en poussant le décaissement du REER à sa limite obligatoire.
Car à la retraite entrent dans le calcul comparatif les crédits d’impôt et prestations fondées sur le revenu, susceptibles de grossir l’impact fiscal réel lors du décaissement. Ainsi, l’automatisme consistant à affirmer que le taux d’imposition est moindre à la retraite n’est plus toujours vrai sous l’effet de la récupération d’impôt et de l’élimination progressive des crédits d’impôt. Se greffe aussi la réalité de retraités toujours plus nombreux à demeurer sur le marché du travail. Le REER arrivant à échéance au plus tard à la fin de l’année au cours de laquelle le titulaire atteint l’âge de 71 ans, les prélèvements peuvent débuter dans un contexte de taux d’imposition élevé.
Nombre d’auteurs concluent que, pour les employés dont les gains sont inférieurs au maximum des gains annuels ouvrant droit à la pension de la sécurité de vieillesse (SV) et du RRQ, s’en remettre entièrement au CELI et au supplément de revenu garanti (SRG) offre le meilleur résultat. Même constat pour les employés à revenu moyen, alors que pour les revenus supérieurs, le plafond du CELI ne sera pas suf fisant.
Aussi, puisqu’il n’est pas nécessaire de dégager un revenu gagné pour cotiser à un CELI, ce compte devient une solution de rechange au REER, notamment pour les plus jeunes et les retraités. De plus, le CELI n’est pas soumis à une contrainte de sortie, peu importe l’âge.
Vue générale
On peut rappeler que, depuis 2009, tous les Canadiens âgés de 18 ans ou plus peuvent cotiser jusqu’à 5000 $ par année à un CELI. Il est ici question de personnes physiques, et non de personnes morales. Le montant de 5000 $ étant indexé annuellement (indexation arrondie aux 500$ près) depuis 2013, le plafond est passé à 5500$ (avec un saut à 10 000$ pour l’année 2015). À retenir qu’à l’instar du REER, toute cotisation permise mais non utilisée peut être reportée aux années suivantes.
Pour le REER, les cotisations pour 2016 sont plafonnées à 18 % du revenu gagné de 2015 pour un maximum de 25 370$. Ce maximum passe à 26 010$ pour 2017. Ces cotisations donnent droit à une déduction fiscale, mais puisque le régime est soumis à une obligation de décaissement, le fisc se rattrape à la sortie. Aussi, l’avantage fiscal consenti aux revenus de placement sous forme de dividende ou de gain en capital disparaît lors du décaissement, les sommes retirées du REER étant pleinement imposables.
Pour le CELI, ces cotisations ne sont pas déductibles du revenu imposable, mais le revenu généré par cette épargne s’accumule à l’abri de l’impôt. Il ne sera pas imposé. Et il n’est pas nécessaire de gagner un revenu pour y cotiser.
Autres avantages du CELI pour les retraités, toutes les sommes sorties du compte ne modifieront en rien les prestations de la SV (et du SRG, le cas échéant). Quant aux montants retirés, en franchise d’impôt, ils ne seront pas pris en compte dans le calcul du droit à des prestations ou à des crédits fondés sur le revenu.