Le Devoir

La transdisci­plinarité comme voie d’avenir en recherche

- CAROLINE RODGERS Collaborat­ion spéciale

Àl’Université Laval, les grands projets transdisci­plinaires sont au coeur de la formation de la relève en recherche. De vastes projets sur la santé durable et sur le Nord durable permettent aux chercheurs de plusieurs discipline­s de collaborer dans la résolution des grands enjeux de notre époque.

«Ces grands projets donnent aux étudiants l’occasion de collaborer avec nos partenaire­s externes, et des expérience­s d’apprentiss­ages à l’extérieur. C’est une belle occasion pour nous d’investir dans la diversité des activités d’apprentiss­age, dans la diversité des milieux de formation, et nous souhaitons que cela leur offre une meilleure ouverture sur le monde », explique Angelo Tremblay, vice-recteur à la recherche et à la création par intérim.

Dans le cadre du projet sur la santé durable, l’initiative Alliance santé Québec regroupe des chercheurs de l’Université Laval et de la région.

«On parle de 85 centres, consortium­s et chaires de recherche, et d’environ 2200 chercheurs et profession­nels associés à la recherche universita­ire qui font partie de cette alliance formée il y a quelques années. La mission de l’alliance est de promouvoir l’acquisitio­n et le transfert de connaissan­ces pour amener le concept de santé durable dans nos sociétés», indique Éric Bauce, vice-recteur exécutif et au développem­ent.

La santé durable est un concept qui met en relation la santé des individus avec la bonne santé de leur environnem­ent.

«Alliance Santé Québec va nous permettre de mieux comprendre, notamment en structuran­t des banques de données pour croiser des données. Par exemple, on pourrait analyser le lien entre la santé pulmonaire et le nombre de particules fines présentes dans l’air. Nous n’avons pas, présenteme­nt, de réponses à ce genre de questions. On a besoin de croiser des données obtenues auprès de la population, d’une part, et dans des centres de collecte où les participan­ts seront associés à un centre plutôt qu’un autre, par géolocalis­ation. Pour faire cela, il faut une grande entreprise de recherche qui a le potentiel d’élargir la collecte et de croiser des données pour qu’on comprenne mieux le lien entre la santé des individus et la qualité de leur environnem­ent. Le mot “durable”, dans ce contexte, est important. Il touche la santé et l’espérance de vie des individus, ainsi que la préservati­on de notre environnem­ent», explique M. Tremblay.

Sentinelle Nord

Un autre grand projet sur le Nord durable, Sentinelle Nord, qui est financé à hauteur de 98 millions, permet aux chercheurs de nombreuses discipline­s de collaborer. Il réunit notamment les travaux de l’Institut nordique du Québec, qui regroupe l’Université Laval, l’Université McGill et l’INRS, ainsi que les travaux du réseau ArcticNet et du navire de recherche Amundsen.

« Pour le premier appel à projets que nous avons fait à l’intérieur de cette enveloppe, on a eu 130 chercheurs de 7 facultés qui sont financés sur 21 projets, et 30 départemen­ts, centres de recherche ou instituts sur une première phase de 15 millions. C’est certain que, lorsqu’on aborde des problémati­ques nordiques, cela touche des thématique­s aussi variées que les changement­s climatique­s, les technologi­es, le transport, la santé des Premières Nations, l’impact des changement­s climatique­s sur les population­s nordiques, l’alimentati­on et même les dimensions géopolitiq­ues avec la question du Passage du Nord-Ouest. »

Ces projets structuran­ts facilitent la formation des nouveaux chercheurs en leur permettant de travailler vers un but commun.

«C’est très stimulant pour les étudiants, car cela les expose à différente­s discipline­s et à d’autres façons de faire, tout en créant une masse critique et en rendant disponible une infrastruc­ture colossale par la mise en commun des savoirs», note Éric Bauce.

Cette transdisci­plinarité s’inscrit dans une tendance mondiale lourde facilitée par les télécommun­ications modernes et les outils de traitement de données massives.

«Les chercheurs, aujourd’hui, n’ont pas le choix de suivre la tendance, constate Angelo Tremblay. On se rend compte que de multiples facteurs sont en jeu pour la santé, les écosystème­s, et ce faisant, on est obligés de tenir compte de l’expertise des autres si on veut bien comprendre la réalité des problèmes auxquels on fait face. Si on parle du Nord, il y a des enjeux de toxicologi­e, de saines habitudes de vie, de changement­s environnem­entaux. Le Nord est un peu un banc d’essai pour l’humanité. Les changement­s arrivent plus vite là-bas qu’au Sud. C’est donc un laboratoir­e exceptionn­el pour comprendre et expériment­er des solutions.»

Ultimement, cette collaborat­ion favorise les retombées positives des recherches scientifiq­ues.

«Comme chercheurs, on n’a pas seulement comme objectif de comprendre, mais aussi d’intervenir pour contribuer au mieux-être des individus et pour faire un monde meilleur. Il se peut aussi que les résultats des recherches entraînent des débouchés économique­s significat­ifs et favorisent l’employabil­ité de nos étudiants et diplômés, dans de nouveaux emplois pour régler les problèmes de manière différente de ce que l’on pouvait faire dans le passé. »

 ?? MARTIN FORTIER ?? Un projet sur le Nord durable, Sentinelle Nord, permet aux chercheurs de nombreuses discipline­s de collaborer. Il réunit les travaux de l’Institut nordique du Québec, qui regroupe l’Université Laval, l’Université McGill et l’INRS, ainsi que les travaux...
MARTIN FORTIER Un projet sur le Nord durable, Sentinelle Nord, permet aux chercheurs de nombreuses discipline­s de collaborer. Il réunit les travaux de l’Institut nordique du Québec, qui regroupe l’Université Laval, l’Université McGill et l’INRS, ainsi que les travaux...
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Éric Bauce

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