Un formidable outil contre le cancer ?
L’équipe de Vladimir Titorenko, de l’Université Concordia, aurait découvert une substance naturelle qui détruirait les cellules cancéreuses sans pour autant s’attaquer aux cellules saines. Il s’agit de l’acide lithocholique, produit par le foie, et qui empêcherait, entre autres, la croissance des tumeurs dans le sein et la prostate.
Étonnamment, on a affaire ici à une découverte inopinée puisque le professeur Titorenko, qui dirige une chaire en génomique, biologie cellulaire et vieillissement, se consacre plutôt à l’étude des cellules de levure (voir article ci-contre). « Jamais je n’aurais imaginé qu’en travaillant sur le vieillissement des cellules de levure, on découvrirait un agent anticancéreux, s’exclame-t-il. Mais, voyez-vous, c’est ça, la beauté de la science!»
Quand le stress tue…
Plus spécifiquement, son équipe a découvert que de faibles doses d’acide lithocholique détruisent en éprouvette des cultures de cellules cancéreuses humaines. Et, plus intéressant encore, cet acide ne s’attaque pas aux cellules saines — contrairement aux chimiothérapies.
«Nous avons aussi identifié le mécanisme en jeu», ajoute fièrement le chercheur : l’acide lithocholique s’attaquerait aux cellules cancéreuses en les stressant… À un point tel que celles-ci finissent par s’autodétruire !
« Nous avons trouvé, indique le biologiste, que l’acide lithocholique affaiblit de façon très importante le fonctionnement des mitochondries» — l’organe qui, au coeur de chaque cellule, produit l’énergie de celle-ci.
Toxicité et effets secondaires
Notons cependant qu’on est encore loin de la mise au point d’un traitement anticancéreux à l’acide lithocholique, puisque les expériences réalisées par l’équipe du professeur Titorenko se font en laboratoire, dans des boîtes de Pétri.
«Nous devons d’abord comprendre ce qui se passe précisément, indique le chercheur. En science, voyez-vous, il ne s’agit pas simplement d’observer un phénomène, mais encore faut-il comprendre ce qui se passe au juste. »
«Nous sommes encore loin d’un traitement, poursuit-il, puisque nous devons déterminer quelle dose d’acide lithocholique est nécessaire pour stopper le cancer chez des souris. »
Et si l’acide lithocholique donne de bons résultats chez la souris, ce pourrait devenir un composé intéressant à tester chez l’humain. Mais il faudrait préalablement vérifier quels sont les effets secondaires du traitement et, surtout, déterminer les doses toxiques à ne pas administrer. Or, c’est bien souvent là qu’un traitement prometteur échoue. Si tout va bien, c’est seulement par la suite qu’on pourra enfin parvenir à développer un traitement anticancéreux.
Hélas, c’est dire qu’il reste encore des années de labeur à l’équipe du Pr Titorenko et aux suivantes. Mais qui sait à quoi pourraient aussi mener ces années de recherche ?