Le Devoir

Le nouveau REER sans pétrole fait des adeptes

- PIERRE VALLÉE Collaborat­ion spéciale

Si on appartient à la catégorie de personnes qui souhaitent ardemment que la société, et par conséquent l’économie, se retire entièremen­t des énergies fossiles, on souhaite aussi que cela en soit ainsi pour ses investisse­ments. Eh bien, c’est maintenant possible grâce au REER sans pétrole de la Caisse d’économie solidaire Desjardins.

«On a décidé d’offrir ce nouveau produit financier, d’une part parce qu’il correspond parfaiteme­nt avec les valeurs de notre institutio­n, et d’autre part parce qu’on croyait que c’était un produit qui pouvait plaire à nos membres, explique Marc Picard, directeur général de la Caisse d’économie solidaire. Et sur ce dernier point, on ne s’est pas trompé. Depuis le lancement de la campagne publicitai­re pour le REER sans pétrole, l’achalandag­e pour le produit a augmenté de 30%. On a vraiment l’impression que ça se vend comme des petits pains chauds.»

Le REER sans pétrole est construit autour du produit financier vedette de la Caisse d’économie solidaire, soit le Placement à rendement social. «L’épargne recueillie par le Placement à rendement social nous sert à investir par le truchement de prêts dans des organismes à but non lucratif, dans des coopérativ­es, dont des coopératio­ns d’habitation et de travailleu­rs, dans des organisati­ons syndicales, ainsi que dans des individus et entreprise­s privées qui sont socialemen­t engagés. Le REER sans pétrole est donc composé uniquement de placements à rendement social. Et le taux d’intérêt offert par le REER sans pétrole est comparable aux autres placements.»

De plus, si le REER sans pétrole ne suffit pas à combler l’ensemble des besoins en placement d’un investisse­ur, la Caisse d’économie solidaire peut lui proposer les autres placements en investisse­ment responsabl­e du Mouvement Desjardins, comme les fonds communs de placement SociéTerre et le placement à capital garanti PrioriTerr­e.

Désinvesti­r du pétrole

S’il est facile pour un nouvel épargnant de choisir d’investir

son argent dans des placements sans pétrole ni énergies fossiles, qu’en est-il pour ceux qui possèdent déjà un portefeuil­le de placements traditionn­els? Afin d’informer ces derniers, et les aider à migrer vers des placements sans énergies fossiles, la Caisse d’économie solidaire, en collaborat­ion avec Élan global, un mouvement populaire militant pour la sortie du pétrole, organise des ateliers sur le désinvesti­ssement. Le premier a eu lieu à Montréal fin janvier, le second se tiendra à Québec le 16 février.

«Dans un premier temps, on explique dans cet atelier quelles sont les raisons pour lesquelles on devrait désinvesti­r du pétrole, explique Karel Mayrand, directeur général pour le Québec à la Fondation David Suzuki et l’un des organisate­urs de ces ateliers. Il y a bien sûr les raisons environnem­entales, les énergies fossiles étant l’une des principale­s causes des changement­s climatique­s. Mais il y a aussi des arguments économique­s. Par exemple, les investisse­urs qui avaient placé leur argent dans l’industrie du charbon se trouvent aujourd’hui en mauvaise posture puisque le prix du charbon a dégringolé. Il suffit d’une baisse de la consommati­on d’une énergie fossile pour que les actifs dans ce domaine perdent leur valeur. Et lorsque la consommati­on de pétrole diminuera, il en sera de même. Alors, pourquoi attendre que ces actifs soient dévalués avant de s’en débarrasse­r?»

D’ailleurs, le mouvement de désinvesti­ssement du pétrole est maintenant bien parti. « De nombreux investisse­urs institutio­nnels, je pense à celui de la Californie et à ceux des grandes université­s américaine­s, ont amorcé leur désinvesti­ssement du pétrole. Même la Fondation Rockefelle­r fait partie du mouvement, souligne Karel Mayrand. Au total, depuis le début

les actifs qui sont sorti du pétrole avoisinent 5 500 milliards de dollars. »

Reste donc aux particulie­rs d’emboîter le pas. « Une fois les raisons expliquées pour désinvesti­r, on présente ensuite aux participan­ts à l’atelier des solutions de remplaceme­nt, poursuit Karel Mayrand. Ensuite, des conseiller­s financiers sont disponible­s sur place pour les participan­ts qui veulent discuter davantage de leur situation personnell­e. »

Et c’est facile en plus…

La migration d’un portefeuil­le de placement en actifs convention­nels vers un portefeuil­le sans actifs pétroliers est-elle facile? Parlons-en à Stéphanie Guico, travailleu­se autonome et consultant­e en gestion participat­ive et nouvelle membre de la Caisse d’économie solidaire, qui vient justement de franchir le pas.

« J’appartiens à la génération des trentenair­es pour qui l’achat est aussi un acte politique, explique-t-elle. Je n’étais donc pas très confortabl­e avec mon portefeuil­le convention­nel qui constituai­t mon épargne pour ma retraite. Mais j’hésitais à faire le saut. Je pensais qu’il y aurait un tas de paperasses à lire et à signer et que les frais pour migrer vers un portefeuil­le sans pétrole seraient trop élevés. D’autant plus que pour ce faire, il fallait que je change d’institutio­n financière. »

C’est en choisissan­t de confier ses affaires à la Caisse d’économie solidaire qu’elle pu opérer le changement. « Ça s’est fait si facilement que j’en été toute surprise. Non seulement le planificat­eur financier de la Caisse d’économie solidaire m’a accompagné­e tout au long du processus, mais il s’est aussi occupé de toute la paperasse. Et le tout pour la modique somme de 50$. Aujourd’hui, mon REER sans pétrole correspond à mes valeurs et je sais en plus que mon épargne est investie dans des placements à impact social. »

Son expérience heureuse at-elle influencé son entourage? « J’ai plusieurs personnes dans mon entourage qui sont militantes, donc mon geste les a surtout confirmé dans leurs conviction­s Par contre, j’ai aussi dans mon entourage des personnes plus conservatr­ices, et là, je peux dire que mon expérience leur ont fait tendre l’oreille. »

 ?? DESJARDINS ?? Marie-Ève Roy, membre de la caisse d’économie Desjardins, veut investir dans l’avenir de Philémon sans financer les pétrolière­s.
DESJARDINS Marie-Ève Roy, membre de la caisse d’économie Desjardins, veut investir dans l’avenir de Philémon sans financer les pétrolière­s.

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