Le Devoir

La CAQ souhaite préserver la langue et les valeurs communes québécoise­s

Le chef caquiste souhaitera­it le contrôle du programme de réunificat­ion familiale par le Québec afin d’imposer des restrictio­ns plus sévères que le fédéral

- MARCO BÉLAIR-CIRINO Correspond­ant parlementa­ire à Québec

Le chef caquiste, François Legault, veut mettre la main sur le programme de réunificat­ion familiale — actuelleme­nt entre les mains du gouverneme­nt fédéral —, et en resserrer l’accès afin de préserver la langue et les valeurs communes au Québec.

En 2015, plus de 10 000 personnes ont rejoint un membre de leur famille — un époux, un enfant, un parent, un grand-parent… — déjà installé au Québec en vertu du programme de réunificat­ion familiale. «C’est rendu que ce ne sont plus juste les enfants puis les parents, ce sont les mononcles, les matantes, les cousins… Ça rentre, puis “zéro condition”. Puis, la majorité ne parle pas français», déplore M. Legault dans une table éditoriale avec Le Devoir.

L’ex-ministre péquiste, qui jure la main sur le coeur s’être «réconcilié avec le Canada», revendique­ra les pouvoirs échappant toujours au Québec en matière d’immigratio­n, c’est-à-dire ceux qui concernent la réunificat­ion familiale et l’accueil de réfugiés. «Je suis convaincu qu’on va y arriver», dit-il, optimiste.

Conditions

D’ici là, le numéro un de la Coalition avenir Québec plaide en faveur de l’établissem­ent de nouvelles « conditions » préalables à la délivrance d’un permis de résidence permanente, dont, en tête de liste, l’«apprentiss­age» de la langue française. «C’est une clé, ça», souligne-t-il.

M. Legault réitère sa volonté d’assujettir « tous les nouveaux arrivants» à la fois à un «test de français» et à un «test de valeurs », même s’il convient qu’il suffira à un individu ayant en horreur l’égalité homme-femme par exemple de «tricher» pour mettre la main sur un certificat de sélection du Québec. «On envoie un signal: “Si vous ne croyez pas à l’égalité homme-femme, vous n’êtes pas le bienvenu au Québec.” On va le dire clairement comme ça. Mais, effectivem­ent, il n’y a pas de moyen — ce n’est pas comme un test de français — [de] s’assurer que la personne croit à l’égalité homme-femme», concède-t-il.

La présence en sol québécois d’individus reniant les valeurs fondamenta­les de la société préoccupe François Legault. «Ça pose un problème. On le voit ailleurs dans le monde : tant que tu as un pourcentag­e qui est petit, ce n’est pas grave, mais quand tu commences à avoir des gens de plus en plus en grand nombre qui ne croient pas à l’égalité homme-femme — et qu’en plus ils sont tous concentrés à Montréal —, moi, je comprends les femmes d’être inquiètes», lance le chef «nationalis­te» du bout de la table.

M. Legault juge aussi « inquiétant » de voir 41 % des quelque 50 000 immigrants être incapables de s’exprimer en français. « Le vrai problème est dans la grande région

«

C’est rendu que ce ne sont plus juste les enfants puis les parents, ce sont les mononcles, les matantes, les cousins… Ça rentre, puis “zéro condition”. François Legault, chef de la Coalition avenir Québec

de Montréal », fait-il remarquer. Les enfants effectuero­nt leur scolarité en français comme le prévoit la Loi 101. En revanche, « la majorité [adulte] ne suivra jamais de cours de français». «Ça, ça ne dérange pas Philippe Couillard ! » fait-il valoir à moins de 20 moins des prochaines élections générales.

De son côté, il propose notamment un « parcours [de francisati­on] obligatoir­e » prévoyant un «volet d’initiation aux réalités québécoise­s ainsi qu’à sa culture, ses institutio­ns sociales et politiques, son système électoral et politique, son système légal, les valeurs québécoise­s, la législatio­n du travail, ses programmes sociaux, son système d’éducation, de santé, etc.». «Le vrai problème est dans la grande région de Montréal», fait-il remarquer, rappelant du même souffle sa promesse controvers­ée d’abaisser les seuils d’immigratio­n de 50000 à 40 000 personnes par année, soit la cible de 2003. « Depuis, on n’a pas augmenté les ressources [d’intégratio­n] .»

Cela dit, pour des « raisons humanitair­es », le Québec doit s’abstenir pour l’instant de refouler à la frontière les migrants s’enfuyant des ÉtatsUnis de Trump, qu’il qualifie de tenant de l'« extrémisme », sans pour autant compromett­re la sécurité nationale. « C’est du monde qui est mal pris, vraiment mal pris. Moi, je suis ouvert à les accueillir. […] Il faut s’assurer que toutes les vérificati­ons de sécurité sont faites, qu’il n’y a pas des gens mal intentionn­és qui profitent de cette occasion pour entrer au pays.»

 ?? JACQUES NADEAU LE DEVOIR ?? L’ex-ministre péquiste revendique­ra les pouvoirs échappant toujours au Québec en matière d’immigratio­n, c’est-à-dire ceux qui concernent la réunificat­ion familiale et l’accueil de réfugiés.
JACQUES NADEAU LE DEVOIR L’ex-ministre péquiste revendique­ra les pouvoirs échappant toujours au Québec en matière d’immigratio­n, c’est-à-dire ceux qui concernent la réunificat­ion familiale et l’accueil de réfugiés.

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