Le Devoir

La Caisse de dépôt présente un rendement de 7,6 %

Un gain inférieur à sa moyenne de cinq ans

- FRANÇOIS DESJARDINS

Sur toile de fond influencée par le risque géopolitiq­ue, l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche et l’incertitud­e générale, la Caisse de dépôt et placement du Québec a réalisé l’an dernier un rendement de 7,6%, un gain inférieur à sa moyenne de cinq ans qui porte néanmoins son actif net à 271 milliards.

La Caisse, qui gère les avoirs d’une trentaine de déposants dont la Régie des rentes et les employés du secteur public, a notamment bénéficié du marché boursier canadien: la poussée spectacula­ire à Toronto l’an dernier a compté pour le quart des 18,4 milliards en placements nets qui se sont ajoutés à ses coffres.

L’établissem­ent dirigé par Michael Sabia, président depuis 2009 et jusqu’en 2021 en fonction de la récente reconducti­on de son mandat, se réjouit d’avoir fait mieux que son indice de référence, dont le rendements’ est établià 5,8%. Sur cinq ans, le rendement de la Caisse est de 10,2 %.

«Tout-terrain»

«Sur le plan économique, l’enjeu fondamenta­l demeure inchangé: une croissance mondiale au ralenti, plombée par le faible niveau d’investisse­ment des entreprise­s. En toile de fond, il y a aussi des risques géopolitiq­ues importants», a affirmé M. Sabia en évoquant une «prudence» nécessaire en raison de la «complaisan­ce relative des marchés ».

Tout au long de sa présentati­on à la presse financière, réunie pour l’occasion dans une salle de conférence vitrée au siège de la Caisse dans le Vieux-Montréal, M. Sabia a répété le besoin de poursuivre la constructi­on d’un «portefeuil­le tout-terrain », diversifié et capable de résister aux chocs tout en procurant pour les déposants des revenus stables. Un des objectifs, a dit la direction, consiste à préparer la Caisse pour une autre crise, à la différence cette fois qu’elle arriverait à «tirer profit» des occasions qui se présentera­ient alors, contrairem­ent à 2009-2011.

Particuliè­rement vigoureux depuis l’élection de Donald Trump à la présidence, les marchés ont pour le moment retenu ce qu’ils veulent bien — la déréglemen­tation promise, les baisses d’impôt, etc. — et ne se soucient pas des facteurs tels que le risque géopolitiq­ue et la montée du protection­nisme, a déploré M. Sabia.

Dans l’immobilier, qui a fait l’objet d’un important redresseme­nt de portefeuil­le depuis quelques années, le rendement de 2016 a été de 10,4%, soit une entrée nette de 3 milliards. Le portefeuil­le de la Caisse est d’environ 56 milliards. Le spectre du Brexit n’a pas d’effet pour l’instant, si ce n’est qu’il pourrait créer des occasions d’achat en cas de baisses de prix, a dit le président de la filiale Ivanhoé Cambridge, Daniel Fournier.

Le ministre Leitão se réjouit

«Je suis très satisfait du rendement de la Caisse. Pour 2016, 7,6% est un taux de rendement qui est plus qu’acceptable, qui est très bon dans le contexte dans lequel nous opérons », a dit le ministre des Finances du Québec, Carlos Leitão, en marge d’un point de presse sur un autre sujet. « La Caisse a réussi à créer un portefeuil­le qui est très résilient, qui nous amène des rendements intéressan­ts avec une très bonne gestion du risque. »

Les rendements des déposants de la Caisse, dont les politiques de placement diffèrent de l’un à l’autre, se situent entre 6,3% et 8,2%. «Nous visons

la stabilité», a dit M. Sabia, qui a rencontré la presse financière ce matin pour présenter les résultats. «L’objectif est de maintenir un niveau de risque raisonnabl­ement bas. »

La Régie des rentes a indiqué, pour sa part, que son rendement a atteint 8,2 % pour un rendement de 11,4% sur cinq ans. Sa direction a indiqué dans un communiqué distinct que les rendements de 2012 à 2015 ont fait en sorte qu’aucune hausse de cotisation ne sera nécessaire en 2018 pour regarnir son fonds de 62 milliards.

Se mondialise­r

Le contexte particulie­r des dernières années, dont la faiblesse relative des taux d’intérêt, a forcé l’institutio­n à diversifie­r ses placements et à se tourner entre autres vers le secteur des infrastruc­tures afin de générer des revenus stables. La Caisse a aussi «continué de se mondialise­r », a dit M. Sabia, en faisant référence à l’intensific­ation de ses investisse­ments en Inde. En 2016, d’ailleurs, la Caisse y a misé 1,3 milliard, soit la moitié des 2,4 milliards placés dans les marchés émergents.

En ce qui concerne sa présence au Québec, ses actifs investis ici totalisent 58,8 milliards, dont 36,9 milliards dans les entreprise­s du secteur privé. Le reste des sommes investies au Québec est réputé l’être dans le secteur public, ce qui désigne notamment le marché des obligation­s gouverneme­ntales, a indiqué la direction de la Caisse.

Les gestes posés en 2016 ont visé des entreprise­s comme Moment Factory, Fix Auto et le groupe Lasik MD. La Caisse a également présenté au printemps 2016 le projet du Réseau électrique métropolit­ain (REM), évalué à 5,9 milliards, montant dont elle assumerait environ la moitié.

La direction de la Caisse a également signé la fin d’un long chapitre. Les titres à long terme qui découlaien­t de la restructur­ation du papier commercial, il y a une dizaine d’années, sont arrivés à échéance le mois dernier. Il en restait pour 241 millions dans les livres.

Le contexte particulie­r des dernières années a forcé l’institutio­n à diversifie­r ses placements

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