Le programme de Macron mêle rigueur et investissement
Le candidat à la présidentielle française Emmanuel Macron, ancien ministre du gouvernement de gauche, a présenté vendredi un programme mêlant discipline budgétaire et investissement public qui reflète son ancrage au centre conforté par son alliance avec le vétéran François Bayrou.
Les derniers sondages placent ce nouveau venu en politique de 39 ans au coude à coude avec le candidat de la droite François Fillon (62 ans) pour affronter en duel, au second tour, la candidate du Front national (extrême droite) Marine Le Pen, qui est en tête des intentions de vote.
Malgré la popularité de ses meetings et le soutien de différentes personnalités, sa dynamique a récemment connu un trou d’air, les critiques lui reprochant notamment de ne pas avoir encore produit de programme structuré à moins de deux mois du premier tour, prévu le 23 avril.
Chose faite
C’est désormais chose faite: le candidat a choisi le quotidien économique Les Échos pour présenter le chiffrage de son projet, qui veut allier «trajectoire budgétaire vertueuse» et «invention d’un nouveau modèle de croissance».
Réaffirmant son souhait de rester «dans l’épure des 3% de déficit » pour se conformer aux engagements européens, l’ancien ministre de l’Économie du président socialiste François Hollande s’est engagé à réduire la dépense publique française en faisant 60 milliards d’économies.
Il a précisé qu’il souhaitait développer le plus possible le «paiement au mérite», et que la baisse des effectifs des fonctionnaires pourrait aller jusqu’à 120 000 postes, contre 500 000 proposés par François Fillon.
Le porte-parole de ce dernier a d’ailleurs aussitôt critiqué un «remède d’eau tiède» qui «ne suffirait en rien à permettre le redressement de notre économie».
«Classicisme libéral»
À gauche, le candidat socialiste Benoît Hamon s’est dit «frappé du classicisme libéral» du projet. Lui-même doit présenter son cadrage économique d’ici la mi-mars. Lors de sa campagne victorieuse à la primaire de gauche, il avait défendu l’idée controversée d’un revenu universel.
Côté dépenses, M. Macron propose 50 milliards d’euros d’investissement public sur le quinquennat, dont 15 milliards consacrés à la formation et 15 autres à la transition écologique et énergétique. Autres priorités affichées: la modernisation et la numérisation des administrations, l’agriculture, les transports locaux et la santé.
En comparaison, le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon avait présenté dimanche un programme économique de relance avec un plan d’investissement de 100 milliards d’euros, financé par l’emprunt, ainsi qu’une augmentation de la dépense publique pour financer l’augmentation des salaires.
Investissement
Emmanuel Macron plaide aussi pour une «capacité d’investissement commune beaucoup plus ambitieuse » au niveau européen. A contrario, Marine Le Pen veut sortir de l’UE et de la monnaie commune.
Pour lutter contre le chômage, qui a atteint 9,7% en France métropolitaine l’an dernier, il a réaffirmé son souhait d’allier flexibilité du marché du travail et «filet de sécurité pour tout le monde ».
Le programme d’Emmanuel Macron «est proche du modèle scandinave, qui a très bien fonctionné », a commenté Erik Nielsen, économiste en chef de la banque UniCredit, interrogé par l’AFP. «J’aime le fait qu’il s’abstienne de faire des propositions très concrètes. Ce que l’on attend d’un candidat, c’est une vision », a-t-il ajouté.