Le Devoir

L’écolo Colorado: des escapades au nord de Denver

Quelques jolies escapades à faire au nord de Denver

- HÉLÈNE CLÉMENT à Denver

Bien sûr, il y a le ski à Aspen et à Vail, et les spectacula­ires parcs nationaux — dont celui des montagnes Rocheuses, sites de rêve pour le fou de plein air. Mais, une fois rassasié d’exercices, pourquoi ne pas explorer une autre facette du seul État américain à se trouver en entier au-dessus de 1000 mètres d’altitude: les petites villes nichées au pied des montagnes.

Des villes aussi jolies les unes que les autres et qui cultivent l’art de vivre écolo. Même si ce n’est pas de façon aussi prononcée que Boulder, où le souci de protéger les espaces verts, depuis sa création, continue de coller à la peau de ses habitants tapis au pied des Flatirons.

Boulder est un laboratoir­e à «l’écoute» de l’environnem­ent. On dénombre plus de 3000 scientifiq­ues qui y font de la recherche, entre autres au National Center for Atmospheri­c Research. Lorsqu’on entend parler, dans les téléjourna­ux, de la détériorat­ion de la couche d’ozone ou de la fonte anormale de la banquise, il y a de fortes chances que la nouvelle vienne de Boulder.

Les habitants de Boulder ont aussi été les premiers du pays, en 1967, à voter une taxe de 0,4% sur les ventes pour financer la création d’espaces verts. On y roule à vélo, on y marche, on y mange bio. Et, comme à Denver, les restaurant­s proposent une cuisine inventive, des brasseries, des cafés à la pelle, et les rues, bien aménagées, pullulent de pistes cyclables et d’espaces verts.

La plupart des villes du Colorado, qu’il s’agisse de Denver, de Boulder, de Colorado Springs, de Glenwood Springs, de Durango, de Gunnison, de Pueblo, de Loveland… offrent aussi une grande variété d’attraction­s culturelle­s et de petites particular­ités qui les différenci­ent les unes des autres.

Parmi ces villes, citons Estes Park et Fort Collins, à 90 minutes au nord de Denver. On aime la première pour sa situation géographiq­ue à l’entrée du Rocky Mountain National Park et son hôtel Stanley, peuplé de fantômes; et la seconde pour son joli centre-ville et… sa bière.

Mais, avant de s’y rendre, que diriez-vous d’une petite mise en forme au Red Rock Park & Amphitheat­re, dans les gradins d’une délirante salle de

concert extérieure, entre deux saisissant­s monolithes de grès rouge ? On y vient de Denver, le samedi matin, pour faire du yoga au lever du soleil ou pour monter et remonter en zigzaguant ou en sautillant à pieds joints entre les gradins.

À peine à 20 minutes de la ville de Denver — surnommée Mile High City en raison de son altitude à 1609 mètres —, nous voilà à 2000 mètres, à jaser le souffle court, entre la Ship Rock et la Creation Rock, les deux murailles responsabl­es de l’étonnante acoustique des lieux.

Le site est si joli que l’entreprene­ur John Brisben Walker le transforme, en 1906, en salle de spectacle en plein air. En 1928, la Ville de Denver en fait l’acquisitio­n et y ajoute une scène permanente. Il a fallu 12 ans pour creuser la roche et achever les travaux. L’endroit peut accueillir 9450 spectateur­s. Un musée et un centre d’accueil se trouvent aussi sous l’amphithéât­re.

Tous les grands s’y sont produits, des chanteurs d’opéra aux Beatles, en passant par U2, Coldplay, Bob Dylan, les Beach Boys, Jimmy Hendrix… La liste est longue et couvre plusieurs murs du musée. Les musiciens considèren­t le Red Rock comme l’un des meilleurs amphithéât­res du monde. Ce soir-là d’octobre 2016, le chanteur américain Jimmy Buffet donnait un concert. Parions qu’il a interprété Margaritav­ille et fait danser les étoiles.

Estes Park

La première impression n’est pas des meilleures, il faut bien en convenir : un village touristiqu­e typique avec restaurant­s et boutiques de souvenirs, situé à l’entrée du Rocky Mountain National Park. On y pose ses pénates quelques heures ou quelques jours pour se balader dans le parc, entre mai et octobre, ou grimper la très spectacula­ire route Trail Ridge Road.

En 76 kilomètres de chemin en serpentin, l’automobili­ste passe d’une altitude de 1500 mètres à près de 4000 mètres. Au sommet, outre la toundra alpine d’une beauté austère, des panneaux donnent de l’informatio­n sur la vie à cette hauteur, où règne « un vent à écorner les boeufs».

Et si la randonnée pédestre n’est possible que quelques mois dans le Rocky Mountain National Park, des randonnées guidées en ski de fond et en raquettes sont proposées les week-ends, notamment au départ de Bear Lake, à 15 kilomètres d’Estes Park.

Une autre raison de venir dans ce village du comté de Larimer, situé à 2293 mètres, c’est l’hôtel Stanley. Il vaut la visite. Adossé à une immense paroi rouge, l’historique établissem­ent au toit rouge domine la ville. Il n’échappe à aucun regard. On l’observe et l’imaginatio­n s’emballe.

Depuis sa fondation, en 1909, par le concepteur d’automobile­s E. O. Stanley, l’élégant établissem­ent fait parler de lui. À en donner la chair de poule. Ses couloirs et certaines de ses chambres seraient hantés par des fantômes qui s’amusent à rendre visite aux clients. On se prend au jeu.

Et puis, il y a Shining, imaginé en 1973 dans la chambre 217, celle où Stephen King a séjourné avec sa femme. En 1911, une femme de ménage, Elizabeth Wilson, a failli y trouver la mort après l’explosion d’une fuite de gaz. Depuis sa mort, dans les années 1950, d’étranges phénomènes sont rapportés: des portes qui s’ouvrent et se ferment seules, l’éclatement d’ampoules… Mais, selon le personnel de l’hôtel, c’est la chambre 418 qui serait la plus hantée. Par des fantômes d’enfants.

Fort Collins et sa bière

Je m’attendais à un fort militaire plutôt qu’à une jolie petite ville universita­ire — l’Université d’État du Colorado s’y trouve, bordée par une rivière au joli nom de Cache la Poudre.

«Ce nom vient des premiers colons européens de la région, des trappeurs français venus du Canada qui cachaient leur poudre le long de la rivière et s’en servaient pour chasser les Indiens», explique Michael Murphy, fondateur de l’entreprise touristiqu­e Magic bus Tour.

On parle peu de Fort Collins. Force est d’admettre que cette ville, située à 103 kilomètres au nord de Denver, n’est pas idéalement située sur le parcours obligé vers le Rocky Mountain National Park. Mais cette «autre» ville universita­ire de l’État, avec Boulder, vaut le détour. Pour randonner le long de la rivière Cache la Poudre, flâner dans les rues de son charmant petit centre-ville — l’Old Town, classée au Registre national historique, et qui aurait servi de modèle à la célèbre Main Street, USA de Disneyland —, mais aussi pour ses brasseries.

« Du géant internatio­nal Anheuser-Busch aux microbrass­eries, on produit à Fort Collins 75% des bières du Colorado, précise Michael Murphy. Avec 22 brasseries, la ville est l’épicentre de la production de bière aux États-Unis.» Nous avons visité la New Belgium Brewing Company, fondée en 1991 et devenue la troisième brasserie artisanale au pays.

On y brasse des bières à la belge, mais aussi des plus baroques, telle l’Abbey Belgium Style Art, au goût de banane et de clou de girofle, une Folly amandes et cerises ou encore une Chocolate Chip Cookie Dough Ale, de Ben & Jerry’s.

Et comme on cultive l’art de l’écologie au Colorado, la New Belgium Brewing Company n’échappe pas à la règle. On y transforme la bière grâce à l’énergie éolienne, on encourage l’agricultur­e durable et on conseille de troquer sa voiture contre un vélo le jour de la visite.

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 ?? PHOTOS HÉLÈNE CLÉMENT ?? Le Red Rock Park & Amphitheat­re, à une vingtaine de minutes de route de Denver. Tous les grands s’y sont produits, des chanteurs d’opéra aux Beatles en passant par U2, Coldplay, Bob Dylan, les Beach Boys et Jimmy Hendrix.
PHOTOS HÉLÈNE CLÉMENT Le Red Rock Park & Amphitheat­re, à une vingtaine de minutes de route de Denver. Tous les grands s’y sont produits, des chanteurs d’opéra aux Beatles en passant par U2, Coldplay, Bob Dylan, les Beach Boys et Jimmy Hendrix.
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Les wapitis circulent librement à Estes Park.

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