Les nouveaux facétieux
Jimmy Tornado, le Petit Barbare, Nelson… les espiègles du 9e art sont nombreux à marcher sur les traces de Gaston Lagaffe
«C’est très nice!» Très «nice» ? Pourquoi pas ! En refermant le tome I des aventures de Jimmy Tornado (Presses Aventure) — Atlas ne répond plus, c’est son titre —, un petit gars de neuf ans a été visiblement conquis par cette nouvelle série qui vient de faire son apparition dans la cosmogonie bédéesque du Québec. Frédéric Antoine est au scénario. Jean-François Vachon est à l’illustration pour donner corps à ce récit d’aventures qui a pour héros et pour narrateur un… gorille de 120 kilos, aux yeux marron et à «l’attitude typique d’un ado humain» : « fonceur et nonchalant à la fois, têtu et parfois maladroit».
Toute ressemblance avec un personnage ayant déjà existé ne peut être que fortuite, car Jimmy Tornado est loin d’être un oisif paresseux. Avec sa demi-soeur Guadalupé, il forme en effet un duo d’enquêteurs internationaux traquant partout, y compris au pied de la tour de Radio-Canada, des phénomènes étranges.
Humour potache, situations décalées et doigt dans le nez, tous les ingrédients sont là pour divertir tout en interpellant l’intelligence et l’esprit critique du jeune lecteur. Facétieux, Jimmy Tornado l’est, en débarquant au pôle Nord avec une planche de surf. Mais il l’est toujours moins que les robots détraqués, les araignées géantes lancées sur la ville ou les extraterrestres loufoques qu’il traque.
Dans le genre, voilà un autre petit comique qui revient décrisper les zygomatiques de la frange ascendante du lectorat: le Petit Barbare de Midam, Adam et Patelin qui, dans Very bad trip, livre sa 15e aventure de la série très populaire chez les 6-15 ans intitulée Game Over (Mad Fabrik). On y retrouve cette interminable, mais toujours aussi brillante, relecture du mythe de Sisyphe, avec ce personnage qui cherche à libérer la princesse, contre toute logique et loi de la nature ou de la physique. Un peu à l’image d’un Monsieur De Mesmaeker qui n’arrive jamais à signer ce foutu contrat.
Nelson (Dupuis), lui, est d’une autre trempe. Celle des petits rigolos qui se foutent du monde en laissant leur regard faussement naïf se poser sur les paradoxes et incohérences de leurs contemporains. Il continue de le faire dans Cancre intergalactique, le 17e épisode de ces aventures dans le monde des grands que ce personnage, comme un certain Gaston, aime bien railler, pour mieux retarder ou éviter de tomber dedans.