Le Devoir

Quatre dessinateu­rs et leur Gaston

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La première fois est toujours la plus mémorable. Comment Luc Bossé, Jean-Paul Eid, Philippe Girard et Michel Rabagliati ontils fait la connaissan­ce du personnage mis au monde en 1957 par André Franquin ?

« Mon cousin avait quelques gros volumes compilatio­n du Journal Spirou. Je devais avoir six ou sept ans lorsque j’ai lu mes premiers gags dans un de ces gros livres. Ensuite, j’ai rapidement lu tous les albums de la série parus jusque-là. J’ai reçu le 14e album, La saga des gaf fes, en cadeau, à mes huit ans. Je me souviens que cet album était partout (en tout cas, dans mon souvenir d’enfant). J’étais vraiment fasciné par le design des inventions de Gaston. » — Luc Bossé « C’est flou, mais je crois que c’est dans la bibliothèq­ue d’une connaissan­ce de mes parents qui collection­nait les bédés. Elles étaient toutes bien classées. On ne pouvait pas prendre les albums qu’on voulait, il n’y avait que quelques titres que les enfants avaient le droit de feuilleter. Et au milieu de ces mètres de tablettes bien cordées où rien ne dépassait, j’ai découvert l’incarnatio­n même du chaos : Gaston ! » — Jean-Paul Eid « Un jour, j’ai reçu un gros album Spirou comme cadeau de Noël. On pouvait suivre en feuilleton diverses séries comme Yoko Tsuno, les Tuniques Bleues, Docteur Poche et Gaston. C’est comme ça que je l’ai découvert. J’avais très peur que mon petit frère brise cet album, donc je le rangeais sous mon lit. Un jour, ma mère l’a trouvé en faisant le ménage et elle a cru que je le cachais parce qu’il y avait quelque chose de subversif ou de vulgaire dans ce livre. Je me souviens aussi que Franquin s’amusait avec sa signature au bas des planches en y ajoutant un dessin ou même des phylactère­s pour compléter le gag. Tout ça me passionnai­t. » — Philippe Girard

« J’ai connu Gaston en 1972, j’avais 11 ans. C’est dans le Journal de Spirou que je l’ai vu pour la première fois. Et même si je n’étais qu’un enfant, mon oeil a été totalement conquis par le trait généreux, précis et virevoltan­t de Franquin. J’ai essayé d’imiter Franquin tout de suite, mais c’était excessivem­ent difficile; on ne s’en rend pas tellement compte avant d’avoir essayé. Gaston et son univers, c’est le résultat de décennies d’observatio­n. Le style de Franquin est très complexe, on ne peut dessiner comme ça que si on connaît parfaiteme­nt le squelette et la musculatur­e des êtres. Le chat de Gaston en est le plus bel exemple, quand on le voit manger, marcher, courir, freiner, on ne peut s’empêcher de penser à tout le travail d’observatio­n qu’il y a derrière ça. Tout est juste, jusqu’au bout du poil. » — Michel Rabagliati

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