UMQ Les villes au coeur de la lutte contre le réchauffement
Forte du succès de son premier sommet sur les changements climatiques en mai dernier, l’Union des municipalités du Québec (UMQ) en organise un deuxième le 23 mars prochain. L’objectif, aller chercher des engagements municipaux réellement tournés vers l’avenir.
«ÀSainte-Julie, nous avons des employés municipaux qui se déplacent à vélo à l’année pour venir travailler, raconte fièrement la mairesse, Suzanne Roy, ex-présidente de l’UMQ, aujourd’hui responsable du dossier des changements climatiques. Ils le font avec grand plaisir, ils n’ont pas besoin de se payer le gymnase le soir pour aller faire de l’exercice, ils l’ont déjà fait! Ils ont commencé l’été, puis au printemps et à l’automne, et enfin en hiver. Ça, c’est possible parce que comme municipalité, nous nous sommes questionnés sur la mobilité de nos citoyens et nous leur avons donné les moyens d’opter pour les transports alternatifs. En déneigeant les trottoirs, par exemple.»
Mme Roy croit dur comme fer que les municipalités doivent être au coeur de la lutte contre le réchauffement de la planète. Ici, au Québec, mais aussi partout sur la planète. En novembre 2015, elle a participé à la Conférence sur le climat de Paris, la fameuse COP21. Un sommet international en marge duquel un millier de maires en provenance du monde entier a signé la Déclaration du sommet des élus locaux pour le climat. Une déclaration dans laquelle ils se sont engagés à soutenir plusieurs objectifs climatiques, dont une réduction de 80% de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2050.
Un an plus tard, c’est à Marrakech, au Maroc, à l’occasion de la COP22, qu’elle est allée discuter du financement de ce dossier, mais aussi de la participation citoyenne, fondamentale au succès, selon elle.
«Or, les gens ne savent pas toujours comment agir à leur propre échelle, explique-t-elle. Ils se demandent pourquoi il y a des pics de froid alors qu’on leur parle sans cesse de réchauffement climatique… Mais on est passé en quelques mois d’une approche de prise de conscience, qui pouvait être pour certains assez démoralisante, à une étape plus enthousiaste. Certes, il s’agit bien de ‘’revirer’’ la roue et il faut le faire rapidement. Mais au bout du compte, on va se doter d’un milieu de vie plus sain, plus propre, avec une meilleure qualité, et en bougeant. Ça n’a l’air de rien, mais cette nouvelle approche est bien plus mobilisatrice pour les villes et les citoyens. »
Initiatives porteuses
D’où l’idée de surfer sur cet enthousiasme et d’organiser le 23 mars prochain, en marge du congrès Americana, au Palais des congrès de Montréal, un deuxième sommet sur les changements climatiques. Le but, permettre aux élus de traduire leurs engagements en initiatives porteuses pour leurs communautés.
«Le partage de bonnes pratiques est fondamental, indique Suzanne Roy. J’insiste sur le fait que le sommet sera participatif. Oui, il y aura des experts qui vont venir nous parler de certains sujets. Mais il y aura surtout des ateliers durant lesquels les élus locaux vont pouvoir expliquer ce qu’eux ont mis en place à l’échelle de leur municipalité et en quoi ça a eu des effets. Chacun a fait son propre inventaire ces derniers mois, de nombreuses expériences ont été mises en place un peu partout à la grandeur du Québec. Des expériences inspirantes qu’il faut absolument partager.»
Six axes majeurs
Le sommet se déroulera autour de six axes. L’adaptation aux changements climatiques d’abord, puisqu’il est certain aujourd’hui que même s’il n’y avait plus aucune émission de gaz à effet de serre (GES), il faudrait vivre avec les conséquences des dernières décennies. Au Québec, l’érosion de plus en plus rapide des berges, notamment en Gaspésie et sur la CôteNord, en est sans doute l’exemple le plus frappant. L’efficacité énergétique est un deuxième axe, la mobilisation et la sensibilisation des citoyens, un troisième.
« Bien entendu, la mobilité et l’aménagement du territoire demeurent un autre axe majeur, ajoute la mairesse de Sainte-Julie. Comment peut-on revoir l’étalement urbain afin de ne pas avoir à prendre sa voiture pour aller acheter du pain? Comment nous, comme Ville, peut-on s’assurer de permettre à nos citoyens de revoir leurs façons de se déplacer de manière plus collective et plus active? Il faut du transport en commun efficace, il faut aussi des infrastructures sécuritaires, des commerces de proximité, etc. C’est à nous de faire en sorte que les gens aient le goût de changer leurs habitudes. Qu’ils ne le vivent pas comme une obligation. »
Un cinquième axe portera sur le dossier des ressources forestières, secteur économique très important pour les municipalités rurales. Il y sera question de déforestation, d’aménagement forestier, de constructions en bois, et surtout de l’apport de la forêt dans la lutte contre les changements climatiques. Enfin, le sixième axe portera sur le développement économique.
«Il faut que les gens aient conscience que la lutte contre le réchauffement climatique, ce n’est pas juste une charge, martèle Suzanne Roy. Il y a de nombreux projets rentables. Il faut juste oser se questionner et accepter parfois de changer notre réglementation municipale. Rien que dans le domaine de la construction résidentielle, il y a aujourd’hui de très beaux exemples. Il y a aussi tout le chantier de l’économie sociale. Un exemple: de plus en plus de villes mettent en place des marchés publics. On consomme des produits frais qui poussent à deux kilomètres de chez nous plutôt qu’à 1000 kilomètres qui poussent dans une grande usine industrialisée, ou qui sont issus de l’agriculture intensive qui, elle, utilise des pesticides et beaucoup, beaucoup d’eau. Bref, c’est un volet très important.»
Ces six différents axes démontrent à quel point le chantier des changements climatiques est à appréhender de manière transversale pour les municipalités. Certes, il s’agit d’environnement, mais aussi d’économie, d’aménagement du territoire, de communication avec les citoyens, etc.
«C’est vraiment de manière globale qu’on doit le prendre, insiste la mairesse. On se rend compte que c’est lorsque toutes nos décisions tiennent compte de cette nouvelle donnée que nous avons les meilleurs résultats. Nous n’avons plus le choix de placer l’enjeu climatique au coeur de chacune de nos décisions.»