Victoriaville se veut à l’avant-garde des villes vertes
Au centre du Québec se trouve une ville dynamique qui prend des initiatives depuis des années en matière de développement durable. Il s’agit, de Victoriaville qui organise pour la quatrième fois le Forum sur le développement durable, qui se déroulera en septembre 2017. En collaboration avec Réseau environnement (un regroupement d’entreprises oeuvrant en environnement), l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQAT), le Forum sera un lieu privilégié d’échanges entre entreprises privées, universitaires et élus municipaux.
«On souhaite mettre de l’avant des projets de développement durable dans les villes qui participeront à l’événement, dit Martin Lessard, directeur général de la municipalité de Victoriaville. À la suite d’un sondage destiné à savoir quelles problématiques suscitent de l’intérêt chez les élus municipaux, trois thèmes sont ressortis: les villes intelligentes, l’économie circulaire [économie qui tient compte du cycle de vie des produits] et l’aménagement durable du territoire. Les municipalités seront invitées à présenter des projets relativement à ces thèmes. » La programmation détaillée du Forum sera dévoilée au cours des prochains mois.
Habitation durable
Entre-temps, on ne chôme pas à Victoriaville. Depuis plusieurs années, les élus lancent des initiatives audacieuses en environnement. Cela a commencé en 1977, année où la Ville mettait en place la collecte sélective. Victoriaville était alors l’une des premières au Québec à prendre cette initiative. Au fil des années, le recyclage et le compostage ont été encouragés, si bien qu’aujourd’hui, plus des deux tiers des matières résiduelles sont détournés de l’enfouissement.
Face au succès de cette initiative (qui se poursuit), la Ville souhaitait aller plus loin. «En 2011, nous avons donc lancé le programme Victoriaville-Habitation durable [VHD], raconte M. Lessard. Ce programme vise à inciter les citoyens à construire plus vert, grâce à l’octroi de subventions qui récompensent les mesures vertes. Il obtient un bon succès puisque depuis cinq ans, près du tiers des habitations neuves ont été construites en conformité avec ce programme. Cela comprend 116 maisons quatre étoiles et 45 maisons cinq étoiles (respectant des critères plus élevés en environnement) .»
Victoriaville a aussi un programme de soutien à la rénovation résidentielle verte. Jusqu’ici, 400 propriétaires en ont profité.
Un premier écoquartier
Bien partie sur cette lancée, la Ville a annoncé à la mi-janvier 2017 l’aménagement d’un écoquartier sur l’ancien site de l’entreprise Sel Warwick, situé à un kilomètre du centreville. «Le promoteur, Maxima Construction, nous a approchés avec un projet visant à revitaliser ce terrain que nous souhaitions reconvertir, relate le directeur général Lessard. Nous avons alors travaillé ensemble pour en faire un écoquartier. Toutes les habitations [multilogements] qui y seront construites devront donc respecter les critères de notre programme VHD. Il y aura aussi des initiatives qui seront prises en matière de gestion énergétique, de consommation d’eau potable et de gestion de matières résiduelles. Cela sera précisé à la suite de consultations publiques qui se poursuivent jusqu’à cet été.» Selon M. Lessard, le projet permettra de densifier le tissu urbain et de limiter l’étalement en développant des habitations sur un site déjà urbanisé.
Patrouille verte
Pour demeurer à l’avantgarde en matière d’environnement, Victoriaville a aussi instauré il y a huit ans une patrouille verte qui se met en branle chaque été. « Au début de l’été, la Ville embauche deux étudiants dont le mandat est de sensibiliser les citadins aux meilleures pratiques en environnement, explique M. Lessard. Les étudiants se promènent dans les rues, ciblent des pratiques indésirables — comme le nettoyage de l’entrée d’auto à l’aide d’un tuyau d’arrosage — et proposent des solutions de rechange plus écologiques. »
Vers un transport plus durable
À Victoriaville, ville de 46 000 habitants, les décideurs ont estimé qu’instaurer un système de transport collectif avec autobus serait coûteux et sans doute peu efficace. La Ville a donc choisi le transport collectif par taxibus. Une flotte de 30 taxis (dont 50 % sont hybrides) dessert donc un réseau comprenant 800 arrêts répartis sur tout le territoire de la ville. Depuis son inauguration, son achalandage croît de façon exponentielle. En 2011, près 115 000 déplacements étaient enregistrés. Cinq ans plus tard, ce chiffre grimpait à 161 000. «Devant la demande très forte, nous cherchons actuellement à accroître notre offre », signale M. Lessard.
La Ville cherche aussi à encourager le transport actif (ex.: vélo, marche). Le réseau cyclable totalise 58 kilomètres, et le programme À vélo, à pied, ville active de Vélo Québec (qui encourage les déplacements à vélo ou à pied des élèves et des parents vers l’école et le lieu de travail des parents) obtient un bon succès puisque 12 plans de déplacement ont été déposés.
Jardin des rendez-vous
La Ville démontre aussi un intérêt pour l’agriculture urbaine. En juin 2015, la Ville inaugurait le Jardin des rendez-vous, un potager collectif urbain où les intéressés peuvent cultiver des légumes et partager par la suite la récolte. Des citoyens ont aussi planté des arbres et des arbustes fruitiers à proximité.
Couches lavables
Autre projet intéressant: la subvention à l’achat de couches lavables. Les couches jetables occupent beaucoup d’espace dans les sites d’enfouissement et ne sont évidemment pas recyclables. Or, on estime qu’une couche lavable remplace 230 couches jetables! De 2007 à 2016, la Ville a donc accordé 312 subventions pour l’achat d’un minimum de 20 couches lavables. Tout récemment, la Ville a rendu son programme plus accessible en retirant l’obligation d’acheter un minimum de 20 couches et en octroyant une subvention pour l’achat de couches de seconde main.
On le constate, Victoriaville ne manque pas d’idées et d’initiatives pour concrétiser son engagement envers un développement plus durable.