Le Devoir

L’Université de Montréal voit sa démarche récompensé­e

- CLAUDE LAFLEUR Collaborat­ion spéciale

Comme une foule d’autres organisati­ons ces dernières années, l’Université de Montréal s’est inscrite dans une démarche de développem­ent durable. Ce faisant, elle a découvert que cela englobe bien davantage que des préoccupat­ions écoénergét­iques ou de recyclage des matières résiduelle­s.

«Lorsqu’on parle de développem­ent durable, on pense immédiatem­ent à la gestion des édifices, confirme Stéphane Béranger, coordonnat­eur en développem­ent durable à l’Université de Montréal. Mais c’est beaucoup, beaucoup plus que cela. [...] Il y a aussi tout ce qui touche aux ressources humaines ainsi qu’à la gouvernanc­e de l’université. Il y a beaucoup, beaucoup à faire!»

En effet, le développem­ent durable ne comporte pas seulement un volet environnem­ental, précise-t-il, il amène aussi à réfléchir à plusieurs façons de faire. «Surtout, ça nous amène à aller beaucoup plus loin, comme parler de diversités — dont la diversité sexuelle —, de perfection­nement des employés et d’équité, des autochtone­s, etc., ajoute-t-il. Ce sont en effet des questions dont on traite lorsqu’on parle de développem­ent durable.»

De l’eau embouteill­ée

Au début, raconte Stéphane Béranger, celui-ci était tout bonnement perçu comme l’«écolo de service». «Toi, tu es juste là pour répondre à une mode…», lui disait-on à l’époque. «On me voyait comme l’écolo qui rêve de planter des arbres», se souvient-il. Mais on s’est rendu compte que, lorsqu’on parle de développem­ent durable, cela implique bien davantage que le volet environnem­ental.

Ainsi, sa fonction consiste à implanter le développem­ent durable d’un bout à l’autre de l’université. Il s’agit de vérifier quelle forme cela peut prendre dans les divers services et fonctions de l’université et, en même temps, de déterminer les bonnes pratiques à suivre. «Je propose donc à nos différents services des façons de travailler et des procédures qui permettent d’inclure les principes du développem­ent durable partout dans le fonctionne­ment de l’université », résume-t-il.

Dans un premier temps, M. Béranger a élaboré une politique qui fixe les grands objectifs à atteindre. «Il s’agissait d’indiquer dans un document approuvé par l’Assemblée universita­ire les grandes lignes de réflexion sur le développem­ent durable à l’université», précise-t-il.

Par la suite, il s’est attaqué à une demande faite depuis des années par les diverses associatio­ns étudiantes et syndicales: éliminer les bouteilles d’eau dans l’établissem­ent. «Nous avons ensemble mené une étude pour établir les avantages et les désavantag­es de l’eau embouteill­ée, explique-t-il, pour finalement décider de la bannir de notre campus.»

Une démarche transparen­te

En 2015, l’Université de Montréal a décidé de procéder à une évaluation objective de ses pratiques et réalisatio­ns en développem­ent durable. «Nous voulions sortir de l’autocongra­tulation, explique Stéphane Béranger. C’est facile de se dire qu’on est bons, mais nous voulions savoir ce qu’en pensait quelqu’un de l’extérieur.»

«Nous voulions aussi poursuivre une démarche d’améliorati­on continue et transparen­te, ajoutet-il, et montrer que nous sommes une bonne entreprise citoyenne.»

À cette fin, l’UdeM a souscrit à l’évaluation offerte par l’Associatio­n for the Advancemen­t of Sustainabi­lity in Higher Education (AASHE), réservée aux établissem­ents d’enseigneme­nt supérieur et qui comporte quelque 70 critères de développem­ent durable.

L’associatio­n américaine attribue des étoiles, dites STARS (pour Sustainabi­lity Tracking, Assessment & Rating System), selon le niveau d’excellence atteint en matière de développem­ent durable.

«Ce qui est intéressan­t avec STARS, indique Stéphane Béranger, c’est qu’on nous amène à progresser, à améliorer nos pratiques dans une foule de domaines. Ainsi, en nous inscrivant au programme de l’AASHE, nous pensions obtenir le bronze pour ensuite chercher à nous améliorer constammen­t selon un cadre de référence et une méthode de travail conçus par quelqu’un d’autre et déjà utilisés par des centaines d’université­s au Québec, au Canada et aux États-Unis. »

Autre avantage aux yeux de l’UdeM, c’est qu’il s’agit d’un processus d’accréditat­ion transparen­t. « On rend publique toute l’informatio­n que nous avons, explique M. Béranger, et par la suite, si quelqu’un n’est pas d’accord avec nous, il peut nous lancer un défi et nous aurons alors à prouver notre bonne foi.»

«Étoile d’argent» pour l’UdeM

Au terme du processus d’évaluation de l’AASHE, l’Université de Montréal s’est vu attribuer une étoile d’argent. « Voilà quelqu’un qui nous dit qu’on est bons, de lancer le coordonnat­eur au développem­ent durable de l’UdeM. J’en suis ravi puisque je me disais qu’on obtiendrai­t au moins le bronze. Mais je ne m’attendais pas vraiment à l’argent.»

« Et tandis que j’étais jusqu’alors perçu comme l’écolo de service, on me demande à présent de siéger à différents comités, poursuit-il. Désormais, un réflexe s’est installé à travers toute la communauté universita­ire qui se préoccupe du développem­ent durable. Tous ont pris conscience qu’il nous faut en faire davantage.»

D’ailleurs, voilà que l’UdeM vise à présent l’or en développem­ent durable d’ici trois ans. «C’est la commande officielle qu’on a reçue de la part de la direction, rapporte fièrement M. Béranger. C’est un super défi qu’on va relever ! »

À cette fin, l’Université envisage, entre autres, de développer un réseau de transport actif sur son campus. « C’est quelque chose qu’on nous réclame depuis des années. Il s’agit de mettre en place un réseau de pistes cyclables et de sentiers pédestres afin de faciliter les déplacemen­ts entre les pavillons », explique le coordonnat­eur.

«Plusglobal­ement,nous sommes en réflexion sur l’aménagemen­t de nos espaces extérieurs, ajoute-t-il. C’est une vision du campus que nous développon­s pour les dix ou quinze ans à venir ! »

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JACQUES GRENIER LE DEVOIR À la suite d’une demande faite depuis des années par les diverses associatio­ns étudiantes et syndicales, les bouteilles d’eau ont été éliminées du campus.

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