Le Devoir

Faire du développem­ent durable un processus intégré

Le Fonds de solidarité de la FTQ fait du développem­ent durable depuis toujours. En effet, en donnant l’occasion aux travailleu­rs d’épargner pour leur retraite et ensuite en investissa­nt l’argent ainsi recueilli dans des entreprise­s québécoise­s pour protég

- PIERRE VALLÉE Collaborat­ion spéciale

«Il y a encore beaucoup d’éducation à faire » en développem­ent durable

«En 2014, explique Mario Tremblay, viceprésid­ent aux affaires publiques et corporativ­es du Fonds, on a senti le besoin de se donner un cadre officiel en développem­ent durable pour l’ensemble de l’organisati­on, y compris les relations avec nos

partenaire­s.» Une Politique de développem­ent durable a donc été élaborée et adoptée par le conseil d’administra­tion la même année.

Cette Politique exigeait que la direction du Fonds de solidarité mette en place un plan de développem­ent durable. C’est maintenant chose faite. « Le plan est entré en fonction en 2016 et s’étend jusqu’en 2017. On a choisi pour le moment de travailler avec un plan annuel. L’on évaluera plus tard si l’on peut travailler avec un plan sur plusieurs années.»

Le plan actuel comprend quatre orientatio­ns.

Investisse­ment et placement

La première orientatio­n concerne l’activité première du Fonds de solidarité, soit investir et placer l’épargne de ses actionnair­es. Déjà, avant de décider si le Fonds investissa­it ou non dans une entreprise, le processus d’évaluation tenait compte de certains facteurs extrafinan­ciers. Le Plan formalise cette approche et l’articule autour des principes ESG (environnem­ent, social et gouvernanc­e). Mais cela n’implique pas pour autant d’être rigide.

«Avant d’investir, on fait le bilan financier et le bilan social de l’entreprise et on évalue sa performanc­e en ce qui concerne les principes ESG. Mais on n’exige pas un bulletin parfait en ESG. Ce qui compte à nos yeux, c’est que l’entreprise ait suffisamme­nt d’ouverture pour établir un dialogue avec nous afin de l’amener à avoir de meilleures performanc­es en ESG. On va même l’aider et l’accompagne­r dans cette démarche. Par exemple, si une entreprise cherche des solutions plus écoénergét­iques, on va en suggérer. Notre présence au sein de l’entreprise va aussi loin que de faire de la formation économique auprès des employés. Il est important à nos yeux que les travailleu­rs comprennen­t les rouages financiers de l’entreprise pour laquelle il travaille. Toute cette approche et toutes ces actions servent un même but, soit de développer une économie prospère, responsabl­e et durable dans toutes les communauté­s québécoise­s. »

La loi qui régit les fonds de travailleu­rs permet à un fonds d’investir dans des entreprise­s seulement 40% de son actif; le reste, soit 60%, doit être placé de façon moins risquée et plus sécuritair­e, de sorte à protéger l’épargne des actionnair­es et à assurer la pérennité du fonds. Si les placements sur le marché obligatair­e posent peu de problèmes en ce qui concerne le développem­ent durable — à moins évidemment que l’émetteur du titre obligatair­e soit délinquant en la matière —, il en va tout autrement des titres boursiers. Ici, encore, le dialogue s’impose.

« On utilise peu le facteur d’exclusion, sauf pour certains secteurs, comme celui du tabac et des sous-munitions. Pour les titres boursiers, on emprunte une approche similaire à celle employée pour nos investisse­ments.

Mario Tremblay, vice-président aux affaires publiques et corporativ­es du Fonds

Certains appellent cela de l’activisme actionnari­al, nous, on préfère le terme dialogue actionnari­al. Lorsque l’on a une position assez forte dans une entreprise, on se sert du dialogue actionnari­al pour faire avancer et changer les choses. Par exemple, nous sommes un des actionnair­es de l’entreprise Gildan, qui a des activités dans des pays étrangers. On s’est servi du dialogue actionnari­al pour amener Gildan à se doter d’un code de conduite à l’internatio­nal.»

Pour les entreprise­s dans lesquelles le Fonds a une position plus diluée, le Fonds a un contrat avec l’organisati­on SHARE, dont le mandat est justement d’établir des dialogues avec des entreprise­s pour des investisse­urs. «Notre associatio­n avec SHARE nous permet d’établir une cinquantai­ne de dialogues avec des entreprise­s canadienne­s et américaine­s. C’est notre façon de faire évoluer l’entreprise. Nous ne croyons pas à la politique de la chaise vide. »

Fonctionne­ment de l’organisati­on

La seconde orientatio­n porte sur le fonctionne­ment de l’organisati­on. «Le Plan nous oblige à assurer à nos employés un milieu de travail non seulement stimulant, mais aussi sain et durable. Cela implique de tenir compte de facteurs comme la conciliati­on travail-famille et la formation des employés. »

Réduction de l’empreinte carbone

Le Plan consolide les actions déjà entreprise­s afin de réduire l’empreinte carbone, et ce, sur plusieurs aspects. «Notre siège social a une certificat­ion LEED et BOMABest et nous avons réduit notre consommati­on d’eau. Nous subvention­nons 50% du titre de transport collectif d’un employé qui renonce à l’auto solo, nous avons un programme de covoiturag­e, nous avons fait installer une station BIXI à proximité du siège social. Nous songeons même à installer des bornes de recharge. Nous avons mis en place un programme d’achat local. »

Éducation

L’éducation est la quatrième orientatio­n. «Il faut maintenant faire connaître le Plan de développem­ent durable à nos employés et partenaire­s. Il y a encore beaucoup d’éducation à faire en développem­ent durable, qui rime encore trop souvent avec protection de l’environnem­ent pour plusieurs personnes. Par exemple, nous avons investi dans le cinéma Beaubien. Les activités du cinéma Beaubien ajoutent de la vitalité au quartier dans lequel il se trouve, et par conséquent améliore la qualité de vie de tout le quartier. Sans y paraître à première vue, ça aussi, c’est du développem­ent durable. En développem­ent durable, il faut penser globalemen­t, mais il faut agir localement. »

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PEDRO RUIZ LE DEVOIR Le Fonds de solidarité FTQ a investi dans le cinéma Beaubien. Les activités de ce cinéma ajoutent de la vitalité au quartier dans lequel il se trouve, et par conséquent améliore la qualité de vie de tout le quartier.
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Mario Tremblay

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