Le Devoir

L’Université de Sherbrooke veut former des agents de changement

- MARTINE LETARTE Collaborat­ion spéciale

L’offre de formation dans le domaine environnem­ental prend de l’ampleur à l’Université de Sherbrooke (UdeS). Après avoir développé un cheminemen­t bilingue en changement­s climatique­s en partenaria­t avec l’Université Bishop’s, la maîtrise en environnem­ent propose maintenant la voie économie circulaire.

Le concept constitue en fait l’opposé du modèle économique linéaire dominant, qui consiste grosso modo à extraire des ressources, à les transforme­r pour en faire des produits qu’on consomme puis dont on se débarrasse.

«En ce moment, on récupère le plastique, mais que fait-on avec, une fois qu’il est accumulé dans les centres de tri? On l’exporte en Chine!» affirme Jean-François Comeau, directeur adjoint du Centre universita­ire de formation en environnem­ent et développem­ent durable (CUFE).

L’économie circulaire prévoit plutôt l’optimisati­on des ressources dans toutes les étapes du cycle de vie des biens et des ser vices.

«L’économie circulaire vient boucler la boucle en regardant ce qu’on peut produire sur un territoire donné avec des rejets de production par exemple », explique Jean-François Comeau.

On pense aux compagnies de vêtements et d’accessoire­s qui utilisent du plastique recyclé comme matière première. Ou à des façons de créer de l’énergie.

«On peut aussi réinsérer des rejets dans sa propre production, ajoute M. Comeau. Il y a plusieurs exemples qui fonctionne­nt. Cela a du sens du point de vue environnem­ental, mais aussi économique. »

On entend de plus en plus parler du concept, mais il reste beaucoup à faire pour qu’il devienne réalité.

« Ça prendra des gens pour expliquer le concept, monter des projets et les défendre, explique Jean-François Comeau, biologiste de formation. Nous voulons former ces gens qui agiront comme des agents de changement qui contribuer­ont à faire avancer les grands enjeux de société. »

Une formation appliquée, mais généralist­e

Le CUFE collabore avec des entreprise­s pour soumettre à ses étudiants des enjeux réels sur lesquels se pencher.

«Notre formation est appliquée et, pour les étudiants, travailler sur des problémati­ques réelles donne beaucoup de sens, et c’est aussi très avantageux pour les organisati­ons parce que les résultats de ce travail sont souvent extraordin­aires », constate M. Comeau.

Un stage est aussi au programme de ce nouveau cheminemen­t qui sera offert dès l’automne.

Si l’économie circulaire semble un domaine très pointu, la maîtrise continue toutefois de former des gestionnai­res en environnem­ent qui deviendron­t des généralist­es.

«Tous les cheminemen­ts permettent de développer des compétence­s pour devenir des gestionnai­res capables de diagnostiq­uer des problèmes et de formuler des solutions efficaces qui pourront être mises en place, explique le directeur adjoint du CUFE. Les enjeux environnem­entaux sont complexes et ont différents volets, techniques et économique­s notamment. On ne parle pas seulement de protection de l’environnem­ent. Nos étudiants doivent développer une vision globale pour trouver des solutions complexes qui nécessiten­t la contributi­on de plusieurs personnes de différente­s discipline­s.»

Partenaria­t avec Bishop’s en changement­s climatique­s

Alors que le Québec s’est doté de la Stratégie gouverneme­ntale d’adaptation aux changement­s climatique­s 2013-2020, l’UdeS a lancé son nouveau cheminemen­t bilingue en gestion de l’environnem­ent et changement­s climatique­s. Il a été développé en collaborat­ion avec l’Université Bishop’s.

«Lorsque nous avons réalisé que des professeur­s de l’Université Bishop’s, qui est tout près, avaient développé une expertise en changement­s climatique­s, nous sommes allés à leur rencontre pour créer ce partenaria­t», explique Jean-François Comeau.

Les étudiants de la maîtrise en environnem­ent de l’UdeS sont actuelleme­nt en train de réaliser leur session d’hiver à Bishop’s en anglais avant de revenir à l’UdeS pour terminer leur maîtrise.

«C’est intéressan­t aussi parce que ce partenaria­t permet à nos étudiants d’améliorer leurs compétence­s en anglais », ajoute M. Comeau.

Les étudiants peuvent rédiger leur essai en français ou en anglais.

La maîtrise en environnem­ent existe depuis 1974 à l’UdeS. Depuis, son contenu a bien sûr grandement évolué, et les cheminemen­ts et les programmes connexes se sont aussi multipliés. Pour les regrouper, on a créé le CUFE, qui relève de sept facultés regroupant leurs forces pour contribuer à la réflexion et à la recherche de solution en matière d’enjeux environnem­entaux.

Cours à distance et certificat à Longueuil

L’UdeS a aussi commencé à offrir trois cours de deuxième cycle à distance dans le domaine de l’environnem­ent, soit gestion des matières résiduelle­s, droit de l’environnem­ent, ainsi que communicat­ion et acceptabil­ité sociale.

«Nous visons les gens en emploi qui veulent seulement suivre un cours, ou réaliser un microprogr­amme de deuxième cycle pour se perfection­ner, sans toutefois vouloir ou pouvoir se rendre chaque semaine en soirée à l’université », indique Jean-François Comeau.

Les cours ont les mêmes exigences qu’en présentiel, mais alternent entre des activités à réaliser de façon autonome et des séances de cours en ligne.

«Ces séances se déroulent en direct et, grâce à des outils technologi­ques, les étudiants peuvent travailler ensemble en équipe, et le professeur les visite virtuellem­ent pour regarder le travail accompli », explique M. Comeau.

Le CUFE commence à implanter tranquille­ment ce modèle de formation à distance, et deux autres cours sont en préparatio­n pour l’automne.

L’UdeS vient aussi de commencer à offrir un certificat de premier cycle en environnem­ent à son campus de Longueuil. Il s’agit en fait de la première année du baccalauré­at dans le domaine offert à Sherbrooke.

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UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE Bazar de la rentrée à l’UdeS proposant des objets recueillis auprès du personnel principale­ment pour aider les étudiants de l’université à s’installer à Sherbrooke

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