Le Devoir

Le président change de ton

Résolument optimiste, Donald Trump reste ferme sur ses priorités pour les États-Unis

- MARIE-MICHÈLE SIOUI

Le premier discours au Congrès de Donald Trump, mardi soir, était à l’image de l’homme: ambitieux, porté sur les énormes chantiers que les États-Unis ont à entreprend­re, mais peu généreux en matière de mesures concrètes.

Dans l’hémicycle de la Chambre des représenta­nts au Capitole, où se trouvaient aussi les sénateurs et plusieurs juges de la Cour suprême, le nouveau président américain a adopté un ton résolument plus optimiste qu’à l’habitude.

À la convention républicai­ne, il avait décrit une nation ayant besoin d’être secourue; le jour de son intronisat­ion, il avait évoqué un carnage américain. Mais voilà que le président a abordé «une nouvelle fierté», «un renouveau de l’esprit américain». Devant lui, les élus républicai­ns se sont levés à plusieurs reprises pour l’applaudir; les démocrates, dont la leader démocrate Nancy Pelosi et le sénateur Bernie Sanders, sont restés assis.

Donald Trump a réitéré son engagement à construire un mur à la frontière des États-Unis avec le Mexique, un projet dont le financemen­t alimente encore les débats. « Nous devons rétablir l’intégrité et l’applicatio­n de la loi à nos frontières. Pour cette raison, nous allons bientôt commencer la constructi­on d’un grand, grand mur le long de notre frontière sud», a-t-il annoncé. Les immigrants qui se rendront aux États-Unis devront par ailleurs être autosuffis­ants financière­ment, a souhaité Donald Trump, citant en exemple les modèles d’immigratio­n canadien et australien, «basés sur le mérite».

Autre «grande, grande» promesse, celle de mettre en branle une réforme fiscale. «Nous réduirons le taux d’imposition des compagnies […] Ce sera une grosse, grosse réduction», a-t-il promis. Les membres de la classe moyenne y trou-

veront aussi leur compte, avec un « énorme » allégement fiscal.

Aux familles, Donald Trump a aussi promis un congé parental payé — un souhait déjà formulé par le milliardai­re new-yorkais, mais pas moins surprenant de la part d’un républicai­n.

Il y avait aussi une constance dans le souhait d’abroger, puis de remplacer l’Affordable Care Act, ou Obamacare. Donald Trump a répété qu’il souhaite donner des crédits d’impôt (plutôt que des subvention­s fiscales, comme le faisait le gouverneme­nt précédent) pour aider les Américains à financer leurs assurances maladie. Et ces assu-

rances pourront désormais être contractée­s n’importe où aux États-Unis. « Cela créera un réel marché concurrent­iel et fera baisser les prix», a prédit le président, qui a aussi assuré que l’assurance maladie sera accessible pour les Américains ayant des problèmes de santé.

En politique étrangère, celui qui a fait campagne en promettant d’attaquer de front la menace que représente le groupe armé État islamique (EI) n’a pas précisé ses intentions. Jusqu’ici, Donald Trump s’est gardé d’annoncer des modificati­ons à la stratégie militaire américaine en Irak et en Syrie. «Nous prenons des mesures pour protéger notre nation contre l’islamisme radical. Les données du départemen­t de la Justice nous disent que les personnes reconnues coupables de terrorisme venaient de l’extérieur de notre pays», a lancé le président. Il a cité les exemples des attentats de Boston, de San Bernardino et du World Trade Center, tous perpétrés par des assaillant­s qui n’étaient pas originaire­s des sept pays ciblés par son premier décret présidenti­el sur l’immigratio­n. N’empêche: «nous allons démolir et détruire [le groupe] EI», a dit Donald Trump.

Autre chantier, celui de «développer une stratégie agressive pour détruire les cartels criminels»,a lancé le président. D’ici à ce qu’il soumette — et ce sera bientôt — une propositio­n de budget au Congrès américain, qui devra l’approuver, Donald Trump semble donc réservé quant à l’annonce de mesures concrètes. Mais il n’y a pas de quoi l’empêcher de faire preuve d’envergure quand vient le temps d’aborder les défis qui l’attendent.

 ?? PABLO MARTINEZ MONSIVAIS ?? Le président Donald Trump durant son premier discours devant le Congrès. On le voit ici accompagné du vice-président, Mike Pence, et du président de la Chambre des représenta­nts, Paul Ryan.
PABLO MARTINEZ MONSIVAIS Le président Donald Trump durant son premier discours devant le Congrès. On le voit ici accompagné du vice-président, Mike Pence, et du président de la Chambre des représenta­nts, Paul Ryan.

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