Le président change de ton
Résolument optimiste, Donald Trump reste ferme sur ses priorités pour les États-Unis
Le premier discours au Congrès de Donald Trump, mardi soir, était à l’image de l’homme: ambitieux, porté sur les énormes chantiers que les États-Unis ont à entreprendre, mais peu généreux en matière de mesures concrètes.
Dans l’hémicycle de la Chambre des représentants au Capitole, où se trouvaient aussi les sénateurs et plusieurs juges de la Cour suprême, le nouveau président américain a adopté un ton résolument plus optimiste qu’à l’habitude.
À la convention républicaine, il avait décrit une nation ayant besoin d’être secourue; le jour de son intronisation, il avait évoqué un carnage américain. Mais voilà que le président a abordé «une nouvelle fierté», «un renouveau de l’esprit américain». Devant lui, les élus républicains se sont levés à plusieurs reprises pour l’applaudir; les démocrates, dont la leader démocrate Nancy Pelosi et le sénateur Bernie Sanders, sont restés assis.
Donald Trump a réitéré son engagement à construire un mur à la frontière des États-Unis avec le Mexique, un projet dont le financement alimente encore les débats. « Nous devons rétablir l’intégrité et l’application de la loi à nos frontières. Pour cette raison, nous allons bientôt commencer la construction d’un grand, grand mur le long de notre frontière sud», a-t-il annoncé. Les immigrants qui se rendront aux États-Unis devront par ailleurs être autosuffisants financièrement, a souhaité Donald Trump, citant en exemple les modèles d’immigration canadien et australien, «basés sur le mérite».
Autre «grande, grande» promesse, celle de mettre en branle une réforme fiscale. «Nous réduirons le taux d’imposition des compagnies […] Ce sera une grosse, grosse réduction», a-t-il promis. Les membres de la classe moyenne y trou-
veront aussi leur compte, avec un « énorme » allégement fiscal.
Aux familles, Donald Trump a aussi promis un congé parental payé — un souhait déjà formulé par le milliardaire new-yorkais, mais pas moins surprenant de la part d’un républicain.
Il y avait aussi une constance dans le souhait d’abroger, puis de remplacer l’Affordable Care Act, ou Obamacare. Donald Trump a répété qu’il souhaite donner des crédits d’impôt (plutôt que des subventions fiscales, comme le faisait le gouvernement précédent) pour aider les Américains à financer leurs assurances maladie. Et ces assu-
rances pourront désormais être contractées n’importe où aux États-Unis. « Cela créera un réel marché concurrentiel et fera baisser les prix», a prédit le président, qui a aussi assuré que l’assurance maladie sera accessible pour les Américains ayant des problèmes de santé.
En politique étrangère, celui qui a fait campagne en promettant d’attaquer de front la menace que représente le groupe armé État islamique (EI) n’a pas précisé ses intentions. Jusqu’ici, Donald Trump s’est gardé d’annoncer des modifications à la stratégie militaire américaine en Irak et en Syrie. «Nous prenons des mesures pour protéger notre nation contre l’islamisme radical. Les données du département de la Justice nous disent que les personnes reconnues coupables de terrorisme venaient de l’extérieur de notre pays», a lancé le président. Il a cité les exemples des attentats de Boston, de San Bernardino et du World Trade Center, tous perpétrés par des assaillants qui n’étaient pas originaires des sept pays ciblés par son premier décret présidentiel sur l’immigration. N’empêche: «nous allons démolir et détruire [le groupe] EI», a dit Donald Trump.
Autre chantier, celui de «développer une stratégie agressive pour détruire les cartels criminels»,a lancé le président. D’ici à ce qu’il soumette — et ce sera bientôt — une proposition de budget au Congrès américain, qui devra l’approuver, Donald Trump semble donc réservé quant à l’annonce de mesures concrètes. Mais il n’y a pas de quoi l’empêcher de faire preuve d’envergure quand vient le temps d’aborder les défis qui l’attendent.