Le Devoir

Les juristes réclament la démission de Vallée

La ministre n’a rien fait pour protéger les notaires et avocats, dit le président du syndicat

- ISABELLE PORTER MARCO BELAIR-CIRINO

Les juristes de l’État (LANEQ), qui rentrent au travail ce mercredi, demandent la démission de la ministre de la Justice Stéphanie Vallée parce qu’elle ne les a pas suffisamme­nt « appuyés» pendant le conflit de travail.

«Quand est-ce qu’on va voir un remaniemen­t ministérie­l qui va faire en sorte de ne plus avoir cette personne-là comme ministre de la Justice?» a demandé Me Jean Denis, le président du syndicat représenta­nt le millier d’avocats et de notaires travaillan­t dans différents ministères et organismes gouverneme­ntaux.

«Celle qui n’a même pas été capable, à titre de procureure générale du Québec, de notaire générale du Québec et de jurisconsu­lte, d’appuyer les avocats du Québec. Même à la demande de la bâtonnière, elle n’a rien fait. À la Chambre des notaires, elle n’a rien fait. À la demande des cadres juridiques, elle n’a rien fait», a lancé Me Denis, qui n’a pas manqué de rappeler que certains de ses membres l’auraient vue en train de jouer au jeu Bubble Crush pendant l’étude du projet de loi spéciale.

L’Assemblée nationale a adopté mardi aprèsmidi la loi spéciale pour forcer le retour des juristes en grève depuis le 24 octobre dernier. Cette loi leur permet en outre de «poursuivre avec diligence et bonne foi, pendant une période

« puis on va les accueillir à bras ouverts Stéphanie Vallée, ministre de la Justice

maximale de 45 jours, la négociatio­n en vue de convenir d’une entente».

En incluant les délais en conciliati­on et médiation, cette période peut s’étirer jusqu’à 105 jours. Mais après l’épuisement des délais, Québec leur imposera les conditions de travail prévues à l’«annexe» au projet de loi 127.

Scepticism­e

LANEQ s’attend par ailleurs à bien peu de cette nouvelle période de négociatio­n. « Ils nous mettent un autre fusil sur la tempe », a dit Me Denis. Pour ce dernier, c’est comme si le ministre les forçait à s’entendre, à défaut de quoi il peut donner les «augmentati­ons salariales les plus basses de la fonction publique ».

M. Moreau dit quant à lui avoir accordé aux juristes la parité salariale avec les procureurs aux poursuites criminelle­s et pénales et être désormais disposé à confier un mandat à un comité de travail pour discuter de leur « statut d’indépendan­ce».

Retour au travail

Les juristes sont maintenant attendus au travail dès 8h30 mercredi. «J’ai le plus grand respect pour leur travail, puis on va les accueillir à bras ouverts», a affirmé la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, lors d’une mêlée de presse en matinée mardi. «Je suis persuadée qu’avec leur profession­nalisme on saura reprendre là où on a laissé », a-t-elle ajouté.

La grève des juristes aura été la plus longue du secteur public de l’histoire du Canada : 128 jours.

Malgré la loi spéciale, le syndicat dit rentrer au travail «la tête haute» et entend désormais poursuivre son combat devant les tribunaux. Mardi, Me Denis a fait savoir que le syndicat avait donné le mandat à un avocat de contester la légalité de la loi spéciale en Cour supérieure et qu’il était prêt à porter la cause « jusqu’en Cour suprême» au besoin.

Le syndicat a en outre déjà lancé une poursuite contre le gouverneme­nt en dommages et intérêts devant le Tribunal administra­tif, de 37,75 millions.

 ?? JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE ?? Le président du Conseil du trésor, Pierre Moreau, reçoit les félicitati­ons de ses collègues, dont le ministre de l’Environnem­ent, David Heurtel, après l’adoption de la loi spéciale forçant le retour au travail des juristes de l’État.
JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE Le président du Conseil du trésor, Pierre Moreau, reçoit les félicitati­ons de ses collègues, dont le ministre de l’Environnem­ent, David Heurtel, après l’adoption de la loi spéciale forçant le retour au travail des juristes de l’État.

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