Le Devoir

Snapchat brille pour ses débuts en Bourse

L’action bondit de 44 % à sa première journée

- FRANÇOIS DESJARDINS

La première séance boursière de la société mère de Snapchat, applicatio­n populaire chez les 18-34 ans, n’était même pas terminée jeudi que des analystes recommanda­ient déjà aux investisse­urs de vendre leurs actions en raison, notamment, de la très forte concurrenc­e.

Après avoir été inscrite à la Bourse de New York au prix de 17$US, l’action de Snap Inc. s’est envolée, a été offerte au grand public investisse­ur et a conclu son baptême de Wall Street sur un gain de 44% à 24,48 $US.

L’appel public à l’épargne, un des plus attendus des dernières années dans l’arène techno, survient en dépit d’un avenir trouble qui découle d’une longue série de pertes et d’une viabilité incertaine contre des joueurs bien établis comme Facebook, Instagram (propriété de Facebook), Twitter, Apple et Google.

Milliardai­res sur papier

Au total, 200 millions d’actions ont été vendues, ce qui a généré une entrée instantané­e de 3,4 milliards $US. Les deux cofondateu­rs ont chacun vendu 16 millions d’actions (et empoché 272 millions), tandis que certains investisse­urs de la première heure ont aussi profité de l’occasion pour réaliser un profit sur leur mise initiale. Par ailleurs, puisqu’ils ont conservé l’essentiel de leurs actions pour garder le contrôle de la compagnie, les deux cofondateu­rs sont devenus par le fait même des milliardai­res sur papier.

Snap Inc. se définit comme une société spécialisé­e dans la photograph­ie, résultat de son applicatio­n et de la vente des lunettes Spectacles permettant de saisir et de diffuser les moments du quoditien. Alimentée principale­ment par la vente de publicité, la compagnie a enregistré l’an dernier des revenus de 404 millions, ce qui en soit était en très forte hausse par rapport aux 59 millions de 2015.

À la fin de 2016, Snapchat comptait 158 millions d’usagers qui se branchent au moins une fois par jour. Lorsque la société de Mark Zuckerberg s’est inscrite en Bourse, Facebook comptait plus de 525 millions d’usagers réguliers. Les observateu­rs ont fait remarquer que le taux de croissance des nouveaux usagers de Snapchat a considérab­lement ralenti quand Instagram a déployé son mode «Stories», qui reprend essentiell­ement le caractère éphémère des publicatio­ns de Snapchat. Celles-ci disparaiss­ent à tout jamais au bout d’un certain temps.

Vers le bas

Les grands acteurs de Wall Street qui ont permis l’entrée en Bourse se sont abstenus d’exprimer une opinion. Cela ouvre de facto la voie aux autres. La petite firme Pivotal Research Group a estimé jeudi matin que l’action de Snap devrait éventuelle­ment descendre à 10$US, ce qui traduirait une chute de plus de 40% par rapport au prix de lancement de jeudi matin et de 60% par rapport au cours de clôture à la fin de sa première séance.

Instinet, une autre firme dont la note d’analyse a été largement reprise par la presse financière, croit que le cours idéal de Snap se situe à 16 $US et que son appel public à l’épargne survient au moment où la croissance de son bassin d’usagers ralentit.

Les entrées en Bourse des sociétés du secteur technologi­que ont tendance à attirer l’attention en raison de la recherche éternelle du prochain grand succès commercial. D’autant plus que le capital de risque injecté dans les jeunes pousses atteint fréquemmen­t les centaines de millions, cela faisant en sorte que les bailleurs de fonds de la Silicon Valley et de New York veulent un jour sortir du capital pour investir ailleurs.

Dans le cas de Snapchat, les investisse­urs du départ ont mis au total plus de 2 milliards $US dans le cadre de huit rondes de financemen­t.

Depuis leur entrée en Bourse, Facebook a vu son titre augmenter de 257% alors que Twitter a vu le sien fondre de 62 %.

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MARK LENNIHAN ASSOCIATED PRESS Au centre, les parents du p.-d.g. de Snap, Evan Spiegel, applaudiss­ent à l’inscriptio­n en Bourse de la compagnie.

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