L’affaire russe continue de hanter Trump
L’ingérence de Moscou dans la présidentielle hante le gouvernement Trump
Le ministre américain de la Justice, Jeff Sessions, a tenté jeudi d’apaiser la tempête concernant les contacts supposés entre proches de Donald Trump et du Kremlin durant la campagne électorale de 2016, annonçant qu’il se récusait dans toute enquête sur les ingérences russes.
Ce fidèle du président républicain, dont il a inspiré la politique anti-immigration, a reconnu avoir rencontré l’ambassadeur russe aux États-Unis, Sergueï Kisliak, à deux reprises l’année dernière, en contradiction apparente avec des déclarations récentes, déclenchant de multiples appels à sa démission.
Donald Trump ne parvient pas à mettre un terme à cette affaire russe, qui l’a déjà conduit à se séparer de son conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, le 13 février.
Un nombre croissant de parlementaires de l’opposition démocrate mais aussi de la majorité républicaine appelaient à ce que «l’Attorney General» s’exclut de lui-même de l’enquête conduite par le FBI sur la campagne de piratage et de désinformation attribuée à Moscou.
L’existence de cette enquête, rapportée par de multiples journaux américains, n’a pas été confirmée officiellement.
Jeff Sessions a finalement cédé, annonçant sa décision lors d’une conférence de presse à Washington. « J’ai maintenant décidé de me récuser dans toute enquête en cours ou à venir qui concernerait la campagne présidentielle américaine », a-t-il déclaré.
Il a toutefois expliqué que c’était son rôle de sénateur de rencontrer des diplomates, et que les deux hommes avaient parlé de «choses normales», disant ne pas se souvenir si le sujet de l’élection avait été abordé.
Peu auparavant, le commandant en chef avait déclaré avoir une confiance « totale » en son ministre, lors d’un déplacement sur le porte-avions Gerald Ford, en Virginie. Tout en ajoutant qu’il «n’était pas au courant» de ces contacts avec le diplomate russe.
Soupçons nourris
Cette affaire à tiroirs alimente les soupçons sur le rapprochement envisagé par le nouveau locataire de la Maison-Blanche avec Vladimir Poutine.
Sous Obama, Washington a accusé Moscou d’avoir mené en 2016 une campagne d’influence pour tenter de discréditer Hillary Clinton et aider son adversaire républicain.
Donald Trump a nié à plusieurs reprises toute collusion, bien que l’enquête ait mis en évidence des contacts entre des membres de son équipe et des proches du Kremlin, selon plusieurs médias.
L’ambassadeur Sergueï Kisliak semble avoir assidûment cherché à nouer des liens avec le premier cercle du républicain avant et après l’élection.
En attestent les rencontres avec Jeff Sessions en juillet et septembre, des coups de fil avec Michael Flynn en décembre, ainsi qu’une visite le même mois à la Trump Tower à New York, lors de laquelle il a également rencontré le gendre du président, Jared Kushner, selon le New Yorker — un rendez-vous confirmé par la Maison-Blanche.
La récusation de Jeff Sessions ne suffira pas à l’opposition.
Les chefs démocrates ont appelé à sa démission, ainsi qu’à la nomination d’un procureur indépendant pour conduire des investigations sans influence politique, et faire toute la lumière sur les ingérences russes et d’éventuelles collusions politiques américaines.