Le Devoir

Lac-Simon est contraint de fermer le Service de police autochtone

- PHILIPPE ORFALI

Àpeine deux semaines après le départ des derniers agents de la Sûreté du Québec qui patrouilla­ient dans son territoire, la communauté anishnabe de Lac-Simon annonce qu’elle procédera à la fermeture complète du Service de police autochtone au cours des prochaines semaines, faute de fonds.

C’est la consternat­ion au sein de la nation Anishnabe (algonquine) de Lac-Simon: incapable de s’entendre avec Québec et Ottawa concernant un financemen­t «adéquat» de ses forces policières, le Conseil a choisi de mettre la clé sous la porte du ser vice dès le 31 mars.

Le financemen­t actuel est en vigueur jusqu’en mars 2018, mais cette entente ne permet de payer que deux patrouille­urs par quart de travail. Or, depuis la mort en février 2016 du policier Thierry Leroux, «un inspecteur de la Commission nationale des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a émis l’opinion que quatre policiers patrouille­urs plutôt que deux sont nécessaire­s en tout temps », a expliqué une conseillèr­e syndicale du SCFP qui représente les policiers de Lac-Simon, Julie Brault.

Jointe par Le Devoir, la chef Adrienne Jérôme cachait mal sa colère. «On demande 2,8 millions pour un service de police adéquat pour notre communauté. Les gens sont heureux d’avoir leur propre service. Quand la SQ vient chez nous, c’est Québec qui paie tout, et ça coûte presque 500 000$ par mois. Faites le calcul, ce qu’on demande, c’est bien peu.»

Le respect des recommanda­tions de la CNESST mènerait à un déficit annuel de près de 800 000 $, en plus du déficit cumulé actuel de 635 000$. « On a eu beaucoup de décès, des suicides. Les heures supplément­aires coûtent cher », explique Mme Jérôme.

Le cabinet du ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, a dit «prendre acte» de la résolution du Conseil. «Cette annonce est surprenant­e dans le contexte où, encore mercredi, des discussion­s sur des propositio­ns concrètes de financemen­t avaient lieu avec les représenta­nts du Conseil. » Les libéraux affirment vouloir trouver une solution.

À Ottawa, un porte-parole du ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a indiqué que les discussion­s se poursuivai­ent avec le Conseil de Lac-Simon.

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