Le Devoir

Ottawa ne peut dire qui assumera la hausse des coûts

L’accès au chantier est plus complexe en raison de la fragilité du pont

- MARCO FORTIER

Qui paiera la facture additionne­lle pour la livraison de centaines de pièces sur le chantier du futur pont Champlain : les contribuab­les ou le consortium Signature sur le Saint-Laurent? Le gouverneme­nt fédéral et le constructe­ur privé négocient le fardeau de ces coûts imprévus.

L’ancien ministre de l’Infrastruc­ture, Denis Lebel, avait déclaré à l’inaugurati­on du chantier du nouveau pont Champlain, en juin 2015, que le consortium SSL devrait payer tout éventuel dépassemen­t de coûts. Son successeur, Amarjeet Sohi, est moins catégoriqu­e, et affirme qu’un mécanisme du contrat prévoit la résolution de ce type d’enjeu.

Le Devoir a révélé jeudi que les responsabl­es du chantier du nouveau pont Champlain ont dû réviser complèteme­nt leur façon de livrer 960 pièces massives qui formeront la structure de 3,4 kilomètres. Au lancement du chantier, en 2015, la solution était simple: ces centaines de segments de béton ou d’acier, qui pèsent jusqu’à 80 tonnes, arriveraie­nt par camion en franchissa­nt le pont Champlain grâce à des permis spéciaux.

Des imprévus

Deux imprévus survenus en 2016 ont perturbé la stratégie de livraison: la société fédérale qui gère le pont Champlain a d’abord réduit la limite de poids pouvant traverser le pont Champlain, puis a carrément interdit le passage de camions en surcharge. La société Ponts Jacques-Cartier et Champlain incorporée a pris ces décisions pour protéger le vieux pont, qui montre des signes d’extrême fragilité.

La seule porte d’entrée du chantier pour ces centaines de pièces ayant un poids ou des dimensions hors normes venait de se fermer. Les ingénieurs du projet ont décidé de faire livrer les 960 pièces par train, par camion ou par bateau jusqu’au port de Montréal. À partir de là, elles seront transporté­es au chantier par un système de barges actionnées par un treuil, pour franchir les rapides situés près du futur pont. Il a aussi fallu louer des espaces à Québec, à Trois-Rivières et à Sorel pour entreposer une cinquantai­ne de poutres en acier d’une longueur de 35,5 mètres.

Ce changement de stratégie entraîne une hausse — dont le montant est gardé confidenti­el — des coûts de constructi­on du projet, estimés au départ à 2,15 milliards de dollars (la facture totale de 4,2 milliards inclut une série d’autres coûts sur une période de 30 ans).

«Il est évident que le gouverneme­nt du Canada est déterminé à maximiser l’argent des contribuab­les canadiens. Nous disposons de mécanismes dans notre contrat pour veiller à résoudre efficaceme­nt ce type d’enjeu. Cela fait partie de la gestion normale pour un projet de cette ampleur », indique Kate Monfette, directrice des communicat­ions du ministre de l’Infrastruc­ture, Amarjeet Sohi.

Le consortium SSL confirme aussi les « discussion­s » qui prennent place avec Infrastruc­ture Canada pour le partage de la facture additionne­lle. Ce consortium privé regroupe notamment les entreprise­s québécoise­s SNC-Lavalin et EBC inc., l’entreprise espagnole Dragados et l’américaine Flatiron Constructi­on.

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