Le Devoir

Le Sénat donne son premier appui

- HÉLÈNE BUZZETTI Correspond­ante parlementa­ire à Ottawa

Le Sénat a donné son premier appui jeudi au projet de loi C-16 interdisan­t la discrimina­tion envers les transgenre­s. Même le conservate­ur Don Plett, pourtant faroucheme­nt opposé à l’initiative, a cru bon donner son feu vert pour que se poursuive la réflexion. M. Plett espère démontrer les risques d’ériger en loi le constructi­visme social en citant le cas d’un Torontois cinquanten­aire qui se présente maintenant comme une fillette de six ans aimant jouer à la poupée avec les petits-enfants de ses parents adoptifs.

Le C-16 allonge la liste des motifs de discrimina­tion interdits de la Loi canadienne sur les droits de la personne en y ajoutant l’identité de genre. Le sénateur Plett fait valoir que « les transgenre­s sont déjà protégés» par la Charte des droits et libertés, qui interdit toute forme de discrimina­tion.

Selon lui, l’adoption de C-16 est dangereuse car elle met «prématurém­ent un terme à un débat sur les genres qui n’est pas réglé et qui repose sur une théorie sociale fautive», à savoir qu’il existe «un spectre infini de genres». Il estime que le C-16, loin de servir à protéger une minorité, sert surtout à promouvoir un programme social qui obligera les gens à accepter toutes les identités qu’une personne choisira d’endosser.

« Pente glissante »

Il a alors donné l’exemple de Stefonknee Wolscht, un homme qui a quitté sa femme et ses sept enfants pour assumer sa véritable identité : celle d’une fillette de six ans. À 54 ans, il s’habille en enfant, avec suce et lulus en prime.

« Avec ce projet de loi, nous légitimons et protégeons son faux sentiment d’être une femme, mais pas celui d’être un enfant. Qui sommes-nous pour dire que l’un est plus légitime que l’autre?» a demandé M. Plett.

Le sénateur se demande si le Parlement ne s’aventure pas sur une «pente glissante», rappelant l’existence des transracia­ux et des transhandi­capés, ces gens qui ne trouvent pas normal que leur corps fonctionne normalemen­t et qui vont jusqu’à le mutiler pour qu’il correspond­e à leur identité.

M. Plett craint que le projet de loi serve à museler les gens qui contestent ces perception­s. Il a rappelé que le professeur Ken Zucker, spécialisé en identité de genres, a été renvoyé l’an dernier du Toronto Centre for Addiction and Mental Health parce que ses thérapies n’étaient « pas au diapason des idées les plus récentes ».

Estimant que changer de sexe a des conséquenc­es importante­s sur la biologie, M. Zucker encouragea­it les enfants se disant de l’autre sexe à plutôt accepter leur homosexual­ité. M. Plett a aussi cité le cas du professeur Jordan Peterson, qui est attaqué de toutes parts parce qu’il refuse d’utiliser des pronoms inventés, tels que «zir» ou «zim» pour désigner des étudiants rejetant la binarité sexuelle.

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