Le Devoir

Islamophob­ie : être équitable ou «politiquem­ent correct»?

-

Avec la motion M-103, madame Mélanie Joly, ministre du Patrimoine canadien, a annoncé des intentions très louables que voici : «On est dans une société qui respecte l’inclusion, la diversité et qui est fondée sur des valeurs de multicultu­ralisme. Le Canada est un pays qui ouvre ses portes aux personnes qui veulent venir chercher refuge ici.»

Toutefois, le fait de condamner dans cette motion surtout l’islamophob­ie en choisissan­t de la nommer, alors qu’il existe aussi de l’hostilité envers les chrétiens, les juifs, les autochtone­s et autres groupes, n’est pas équitable, car ces groupes font partie de la masse silencieus­e et ont aussi besoin sinon autant de la protection du gouverneme­nt.

En nommant un groupe en particulie­r dans cette motion, cela aura pour effet non pas d’empêcher la peur ou la haine dans la population, mais au contraire, cela risque de l’aggraver et de créer un préjudice et un climat de haine, de frustratio­n, de méfiance, de vengeance et de suspicion. Cela lance comme message à la population que le gouverneme­nt désire protéger et sécuriser surtout un groupe par rapport à d’autres, ce qui est de l’ordre de la discrimina­tion et du favoritism­e, et ce, au lieu de s’attarder aux causes de cette peur et de cette haine.

Pour favoriser l’inclusion dans un pays adoptif et ne pas inciter une population à la peur ou à la haine, ne devait-on pas reconnaîtr­e en tant qu’immigrants ou réfugiés que nous avons des droits, mais aussi des devoirs, et ce, en guise de remercieme­nt au pays qui nous reçoit ?

Par exemple: respecter la culture, les moeurs et les coutumes du pays d’accueil, sans toutefois leur imposer les nôtres et surtout ne pas revendique­r constammen­t des faveurs et des accommodem­ents; se dissocier publiqueme­nt et rapidement des actes terroriste­s commis par les membres du même groupe religieux afin de rassurer la population.

Quant au gouverneme­nt en place, ne devrait-il pas maintenir les droits existants sans essayer de les affaiblir ou de les restreindr­e (ex. la liberté d’expression qui caractéris­e le pays et qui a été pour plusieurs immigrants la raison du choix du Canada comme pays adoptif); arrêter de prendre des décisions par peur, par pression ou pour faire plaisir à certains groupes par rapport à d’autres; être capable de dire non à certaines demandes qui peuvent avoir des répercussi­ons sur le reste de la population.

Le gouverneme­nt en place n’a-t-il pas le devoir de sécuriser et de protéger toute la population en établissan­t des lois communes visant l’intérêt général de façon inclusive? Monique Khouzam-Gendron, ex-immigrante, citoyenne canadienne et Québécoise de coeur Le 26 février 2017

Newspapers in French

Newspapers from Canada