Le Devoir

Fillon coule, Macron profite

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Paris — Une perquisiti­on a eu lieu jeudi au domicile parisien du candidat conservate­ur à la présidenti­elle française François Fillon, sur le point d’être inculpé dans une affaire d’emplois fictifs présumés et de plus en plus isolé face aux défections dans son camp.

Ancien favori de la présidenti­elle, M. Fillon a reculé en troisième position dans les sondages après le scandale suscité par les salaires d’assistants parlementa­ires touchés par son épouse Penelope et deux de ses enfants, pour des montants représenta­nt des centaines de milliers d’euros d’argent public.

Mercredi, le candidat de la droite a annoncé sa convocatio­n chez les juges le 15 mars «pour être mis en examen», réaffirman­t dans le même souffle sa volonté d’aller «jusqu’au bout».

Mais son maintien suscite de multiples défections au sein de son parti. Une quinzaine d’élus locaux de son camp lui ont demandé «solennelle­ment» de se retirer, jugeant dans une tribune qu’«un pacte moral a été rompu ».

En s’accrochant, François Fillon «emporte son camp dans une course vers l’abîme», a critiqué jeudi l’ex-Premier ministre de droite Dominique de Villepin.

«La base, elle, tient», a réagi jeudi l’intéressé, reparti sur le terrain dans le sud de la France dans l’espoir de relancer sa campagne. Alors que sa garde rapprochée a prévu un grand rassemblem­ent de soutien dimanche à Paris, un Français sur quatre seulement approuve sa décision de rester candidat, selon un sondage publié jeudi.

En pole position

Les déboires de François Fillon profitent au candidat centriste Emmanuel Macron, qui engrange les ralliement­s : selon les dernières enquêtes d’opinion, l’ancien ministre de l’Économie du président socialiste François Hollande se trouve désormais en pole position pour affronter et vaincre au second tour de la présidenti­elle, le 7 mai, la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen.

Le candidat centriste de 39 ans, qui présentait jeudi les détails de son programme social et politique, a promis une «grande loi» de moralisati­on de la vie publique. Et a assuré que s’il était inculpé dans une affaire, il renoncerai­t à être candidat à l’élection présidenti­elle, contrairem­ent à son rival de droite.

«La France est un pays irréformab­le, a dit M. Macron en présentant ses propositio­ns. Mais nous ne proposons pas de le réformer. Nous proposons une transforma­tion complète».

Le Pen sans immunité

L’autre grand rival d’Emmanuel Macron, Marine Le Pen, voit également la pression judiciaire grandir sur elle.

Elle a vu jeudi son immunité levée par le Parlement européen à la demande de la justice française, qui lui reproche d’avoir diffusé sur son compte Twitter des images d’exactions sanglantes du groupe État islamique.

En décembre 2015, la présidente du Front national (FN) avait publié trois photos légendées «Daech c’est ça!»: un soldat syrien écrasé vivant sous les chenilles d’un char, un pilote jordanien brûlé vif dans une cage et le corps décapité de l’otage américain James Foley. Daech est l’acronyme arabe du groupe État islamique.

Forte de son immunité, Marine Le Pen a refusé jusqu’ici de répondre aux convocatio­ns de la justice française dans ce dossier. Elle a récemment repoussé une autre convocatio­n dans une enquête sur les soupçons d’emplois fictifs concernant plusieurs assistants parlementa­ires d’eurodéputé­s du Front national.

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